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C’est bon de rire !

 
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Pour Charlie Chaplin, l’acteur qui savait nous fait rire sans même ouvrir la bouche, « une journée sans rire est une journée perdue. » Pourquoi le rire aurait-il une telle importance ?

Une journée internationale consacrée au rire ? Laissez-moi rire. Partant du principe qu’on peut mourir de rire, je ris jaune. Il faut savoir qu’avant de crever de rire on se tord et même on éclate ! Alors quand on m’affirme que le rire soulage le stress et permet une détente de nos muscles, je m’esclaffe, je pouffe, je ris dans ma barbe. Pour s’amuser un peu, listons les bienfaits du rire, fou, aux éclats ou tonitruant.

Le rire, à consommer sans modération

Rire réduirait le stress et calmerait la douleur

Le fait de rire permettrait une sécrétion d’endorphines. Ces hormones réduisent l’adrénaline générée par le stress. Le rire nous permet également une détente de nos muscles et une oxygénation du cerveau et du cœur. Toujours grâce aux endorphines, le rire atténue la douleur, d’où la visite de clowns dans les hôpitaux ! Rire réduirait également la tension artérielle.

Un clown qui fait baisser la tension ! Ah non, on ne va pas me faire croire ca ! Quiconque a visionné le film Ça, ne peut croire en cette théorie !

Expérience juste pour rire

C’est dans les années 1960/70 que fut expérimenté pour la première fois le rire thérapeutique. Un certain Norman Cousins, journaliste politique américain, souffrait d’arthrite sévère. Convaincu des bienfaits de la positivité de l’esprit sur le corps, il en fit une clé de voûte pour combattre sa maladie. Dans son livre, Anatomy of an Illness (1979), l’auteur raconte se guérison basée sur une prise de vitamines C mais également des séances quotidiennes de fou rires ! Pour réussir à rire de la sorte, l’homme visionnait des films comiques. Si le rire provoqué était authentique, il lui procurait « deux bonnes heures d’un sommeil sans douleur ».

Cette première expérience du rire comme thérapie ouvrit la voie à de nombreuses recherches scientifiques. Ces dernières ne purent que confirmer les vertus du bon rire sur la santé ! Une raison de plus de ne pas s’en empêcher…

Le rire contribuerait au bonheur.

Il y a certains rires joyeux mais d’autres fous rire incontrôlables. Il y a le rire gêné, le rire embarrassant (lors d’une messe d’enterrement), le rire moqueur, le rire dans la tristesse. Rire, dans tous les cas, suppose une interaction et se nourrit positivement de cette dernière. Le déclin général du moral des populations, bien que multifactoriel, a été flagrant lors de la crise sanitaire du Covid-19.

Rire… à plus forte raison!

Parmi les médecins partisans du rire, c’est le docteur Madan Kataria qui a retenu notre attention. Ce généraliste indien et sa femme professeure de yoga, ont développé une technique thérapeutique. Inspirée par la pratique yogique, elle utilise le rire comme moyen d’accéder au bien-être. Autre particularité de son CV: il est le fondateur du premier Club de rire, implanté à Bombay en 1995.

Depuis, plus de 20 ans se sont écoulés et les Clubs de rire ont pullulé. On en trouve aujourd’hui un peu partout dans le monde. Catherine Boulé, psychologue en pratique privée, a participé à des séances de yoga du rire. «Je faisais alors ma thèse sur la perception de l’humour en thérapie et j’ai vu qu’il y avait un Club de rire à Montréal. J’y suis allée pour tenter l’expérience. On rit pendant un bon 45 minutes en commençant par des rires provoqués. Petit à petit, on fini par rire pour vrai.» Pendant toute la période où elle a participé à ces rassemblements hebdomadaires, Mme Boulé affirme en avoir ressenti les bienfaits au quotidien. «On en vient à rire plus souvent et plus intensément. À force de l’activer, le mécanisme est bien lubrifié et on constate que les gens rient de plus belle et de bon cœur.»

Une tonne de bienfaits

Cela dit, quels sont au juste les bénéfices d’une bonne rigolade sur la santé physique? Le neurologue français Henri Rubinstein, auteur de La psychosomatique du rire 3 est un de ceux qui s’est penché sur le phénomène du rire. Il le décrit comme «une onde qui se manifeste de proche en proche en augmentant d’intensité jusqu’à intéresser la musculature volontaire et involontaire 4.» Visage, larynx, épaules, diaphragme, abdominaux, etc.: ces muscles travaillent et profitent ainsi «d’une gymnastique douce».

Se dilater la rate est donc excellent pour le système musculaire ! En plus cela procure, dans la foulée, un effet relaxant. Mais les muscles ne sont pas les seuls à bénéficier de ce «massage» des organes. Les systèmes cardiovasculaire, respiratoires, digestifs et immunitaires en tirent aussi d’innombrables bienfaits. Selon le Dr Rubinstein, «rire permet d’échanger facilement deux litres d’air, ce qui lui donne une fonction détoxifiante et un rôle d’oxygénation cérébrale très clairs».

De fait, rire de bon cœur accélère la fréquence cardiaque, favorise la dilatation des vaisseaux sanguins et réduit la pression artérielle. L’inspiration devient plus profonde et l’intensité de l’expiration s’apparente à celle que pratiquent les adeptes de yoga. La production de globules blancs dans l’organisme est ainsi augmentée, ce qui renforce le système immunitaire. «Quand on rit, poursuit le neurologue, on fabrique davantage d’endorphines, qui agissent contre la douleur.» Effet analgésique, sensation de bienêtre: les endorphines nous font effectivement voir la vie en rose. Ce n’est pas pour rien que les initiés les surnomment «hormones du bonheur».

Pause bonheur

Et si on parlait justement du bonheur, histoire d’observer comment le rire y contribue? La psychologie positive – qui n’a rien à voir avec la pensée magique – est une discipline récente (fondée en 1998). Elle étudie ce qui va bien chez l’être humain. «Après s’être longtemps intéressés à la psychopathologie, les spécialistes en sont venus à la conclusion qu’il fallait se pencher sur ce qui rend les individus heureux, explique Catherine Boulé. On a donc observé le comportement des personnes qui réussissent bien, par exemple celui des athlètes de haut niveau.»

Une des approches de la psychologie positive définit le concept du bonheur authentique selon trois composantes:
1) avoir une vie plaisante, dans laquelle les expériences positives précèdent les émotions négatives
2) avoir une vie engagée, où on s’investit dans des activités ayant pour effet de nous absorber en nous faisant perdre toute notion du temps
3) avoir une vie significative, c’est-à-dire qui vise à utiliser nos points forts et à nous investir dans des actions en concordance avec nos valeurs.

Et où le rire s’inscrit-il dans tout ça? Pour le psychologue Marc Vachon, auteur et gestionnaire du site oserchanger.com, le rire est «inattendu ». De toute évidence, c’est l’un des outils à avoir dans sa trousse pour être heureux. C’est un phénomène complexe qui provoque des émotions positives, sous forme de joie.» Catherine Boulé abonde dans le même sens. En précisant toutefois qu’il ne faut pas confondre joie et bonheur: «Le rire peut être un indicateur d’un état qui entraîne de la joie, ce qui va contribuer au bonheur, mais l’équation n’est pas directe.»

Du bonbon pour le moral

Un des aspects soulevés par les études sur le bonheur révèle que les gens heureux développent des relations interpersonnelles plus satisfaisantes. Or, rire et faire rire constitue un ciment social extraordinaire. «Avoir le sens de l’humour est un trait de personnalité souvent recherché chez l’autre, confirme Catherine Boulé. Mais il faut qu’il soit bien utilisé: s’il est corrosif ou maladroit, il peut au contraire nuire à nos rapports.»

Pour Paule Desgagnés, conférencière et auteure du livre La rigolothérapie «faire rire est la recette secrète des grands séducteurs. Le problème, c’est que les gens n’osent pas faire de l’humour, de peur de faire rire d’eux.» Mme Desgagnés, philosophe de formation, raconte s’être intéressée aux bienfaits du rire après avoir ouvert un centre antistress à Québec. «Les gens à qui je demandais “Riez-vous encore ?” me répondaient: “La vie est plate, on ne rit plus.”» Le stress, un des grands maux du 21e siècle, expliquerait-il pourquoi les gens rigolent moins qu’avant? Chose certaine, les chiffres à ce propos sont éloquents. De 19 minutes de rire franc par jour en 1939, les Français seraient passés à 6 minutes dans les années 80, et à moins d’une minute à l’aube du nouveau millénaire.

Equilibrer le stress

Pour mieux comprendre les effets du rire et du stress sur l’individu, il suffit de répartir en deux colonnes les bénéfices du premier et les méfaits du second. On se rend vite compte que l’un est l’exact contraire de l’autre! Autrement dit, se tordre les boyaux est l’antistress par excellence. «Le rire permet de diminuer l’impact des expériences stressantes et de lutter contre les émotions négatives comme l’anxiété et la dépression, souligne Catherine Boulé. Biochimiquement parlant, il réduit la sécrétion de cortisol, l’hormone du stress, dans l’organisme.»

Moins de rire, plus de stress… il est à peu près temps de renverser la vapeur, non? Parce que nous, ce à quoi on aspire, c’est rien de moins que le bonheur!

Dis-moi ce qui te déride, je te dirai qui tu es…

Certaines études ont tenté de faire le lien entre le type d’humour qu’on privilégie et ce qu’il révèle au sujet de notre personnalité. Selon la psychologue Catherine Boulé, voici les tendances associées à quatre styles humoristiques différents.

Il y a d’abord l’humour agressif qui se fait au détriment d’autrui. Le sarcasme et le dénigrement en font partie. Il peut dénoter un besoin d’avoir le dessus sur les autres ou de contrôler l’échange. On rabaisse souvent l’autre pour mieux se valoriser; cela peut témoigner d’une faible estime de soi.

Vient ensuite l’humour fait à nos dépens. Dans ce type d’humour, on s’attaque soi-même et on s’infériorise pour faire rire les autres. Il exprime lui aussi une piètre estime de soi.

Puis l’humour associatif, où on rit davantage de situations incongrues et absurdes. Il est parmi les plus sains, parce qu’il protège l’estime de soi et améliore les relations interpersonnelles.

Et enfin, l’humour renforçant pour nous-même ! C’est le genre d’humour où on rit de bon cœur de nos propres travers et de ceux des autres. Il est une façon efficace de gérer l’estime de soi. Tenant plutôt de l’autodérision, il n’est pas de nature défensive.

On peut éclater de rire, se tordre de rire et même mourir de rire !

On peut rire de bon cœur, rire aux anges, rire aux éclats et même rire aux larmes. Rire à gorge déployée ou à ventre déboutonné ! Rire dans sa barbe, ricaner, pouffer ou s’esclaffer. Rire sous cape, rire du bout des lèvres.  Ce qui compte, finalement, c’est de rire (avec les autres de préférence !)

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