Une vocation à être mère ? Ne serait-ce pas un terme réservé aux grands artistes et aux pieux hommes et femmes d’église ? Après tout, des milliards de femmes ont été mères avant nous, rien d’exceptionnel à cela quand on y pense ? Ne vous méprenez pas: au sens étymologique, la vocation est un appel (latin vocare, appeler). Appel à une mission, que chacun est libre d’accepter ou non, en en acceptant toutes les responsabilités qui en découlent. Selon le Larousse, une vocation est une « inclination, un penchant particulier pour un certain genre de vie, un type d’activité« .
Là, tout de suite, après m’être arrachée les cheveux à expliquer les multiplications à virgule à ma fille jusqu’à 20h45, j’ai un doute. Je ne suis pas parfaitement certaine de mon penchant particulier pour ce type d’activités ! Mais si je prends du recul, alors, c’est lumineux ! Une vocation précoce, entre babysittings, BAFA et joie de garder mes neveux. Si la mission maternelle n’a rien d’extraordinaire à l’échelle de l’humanité, elle reste exceptionnelle au regard de ma propre vie !
…Et heureusement, sinon j’aurais rendu mon tablier depuis longtemps !
Etre destinée à devenir mère ne signifie pas être, de facto, une mère idéale et sans reproches. Si j’ai toujours su au plus profond de mon être que j’étais destinée à avoir des enfants, cela ne fait pas de moi une maman parfaite au sens absolu. A l’image d’une vocation religieuse ou artistique, la vocation à la maternité est un espace dans lequel le cœur et l’âme grandissent, mués par le sentiment d’être au bon endroit, à la bonne place. Pas tous les jours, pas à toute heure. Rien de grave, on est toutes pareilles !
Si la vocation est un envoi, sa réception n’est pas une contrainte. Si le mariage ou encore la maternité sont choisis par devoir et non par choix libre et consenti, alors il y a nullité du « oui ». Une vocation se reçoit puis on y consent. Certaines femmes ne ressentent pas « d’instinct maternel », ni d’attirance particulière envers les jeunes enfants. D’autres se mettent des obligations morales en tête sans forcément répondre à une vraie question libre. Cela peut se révéler destructeur à terme, la personne ayant le sentiment de ne pas avoir consenti au fil de son existence. Si bien sûr nous ne maitrisons pas tout dans nos vies, et Dieu merci ! Il est néanmoins des choix qui dirigent nos vies. Notre choix de profession, de conjoint, de lieu d’habitation… Cette liberté de choix semble être une condition importante pour répondre au mieux à la mission qui nous incombe.
La vocation maternelle peut survenir dès l’adolescence, au début de l’âge adulte, après le mariage, ou plus tard encore. Cela ne change rien à son essence. Aussi, certaines femmes deviennent mères sans en avoir ressenti l’envie en amont. L’arrivée d’un enfant leur fait donc spécialement peur: « Vais-je y arriver ? Je ne suis pas sûre d’être faite pour cela ». Une bonne nouvelle demeure: la vocation peut naître dans un deuxième temps et être tout aussi lumineuse qu’une vocation précoce si ce n’est davantage encore.
Dans la foi chrétienne, la vocation est un appel envoyé par Dieu au croyant. Celui-ci peut faire le choix de se conformer à cet appel ou non. Un couple qui se marie à l’église est tenu de se déclarer ouvert à la vie. Cela ne veut pas dire qu’un enfant naitra forcément de l’union. Mais la vocation, le souhait demeure. Bien sûr, au cœur de cette vocation, peuvent survenir des obstacles. L’infertilité ne rend pas moins femme pour autant, ni moins épouse.
« Mais je ne veux pas être QUE leur maman ! ». Quelle mère n’a jamais pensé très fort ou même assumé cette angoisse, devant l’ampleur de la mission parentale ? En effet, la vocation de mère ne vient pas effacer, ombrager les vocations précédentes. Une femme peut, dans son existence, avoir différentes vocations. Une vocation de musicienne peut-être, une vocation d’épouse aussi. Ou même une vocation d’aide aux personnes âgées ou aux enfants maltraités.
Ces appels ressentis tout au long d’une vie, ces inclinations, nous mènent vers « là où on doit être ». Une femme n’est pas appelée à ne vivre qu’à travers sa maternité. Au contraire, aujourd’hui la femme s’autorise des week-ends « entre amies », « en amoureux » ou encore des « déplacements professionnels ». Ces obligations annexes, indépendantes du rôle de mère, ne viennent en rien interférer la vocation maternelle. Les vocations peuvent être plurielles sans que cela ne vienne enlever de leur beauté !
Quand une personne ressent au fond d’elle-même qu’elle est au bon endroit, elle touche certainement du doigt une vocation très précieuse. Depuis le premier jour où j’ai tenu mes enfants dans mes bras, j’ai su qu’ils allaient me combler. Les années qui ont suivi n’ont jamais démenti cette prémonition qui venait du plus profond de mon être. Cependant, des appréhensions, des peurs de mal faire, de mal m’y prendre, obscurcissaient la clarté de ma nouvelle vocation.
La vocation grandit avec la personne et grandit en puissance et en actes. Il a fallu plusieurs années pour que je puisse me trouver légitime dans mon « rôle » de mère de famille. Avant cela, j’étais comblée mais vivais comme un syndrome d’ « imposteur »: je suis trop jeune, je ne vais pas y arriver, je n’ai pas les bons gestes, et si je me trompe, et si je n’y arrivais pas, et si on avait vu trop grand, avec ces quatre tous petits enfants arrivés si vite…
Mais non. Comme des millions de femmes avant moi, c’était ma vocation. J’ose aujourd’hui le prétendre au regard de l’immense plénitude que j’éprouve. J’ai confiance et je suis pleinement heureuse d’avoir charge d’âme de ces quatre beaux enfants. Je n’ai plus envie, comme à mes 20 ans, de réussir dans ma vie, juste de réussir ma vie. De répondre au mieux à cet appel maternel. Heureuse de trouver du sens et tant de beauté à nos existences. D’avoir une si riche et si belle raison de me lever le matin. Bon, et à ce sujet, il est temps de clore cet article pour répondre à l’appel… de mon réveil demain matin !