Ce mois-ci, chez Maman Vogue, on creuse le sujet de la féminité. Ce mot évoque pour certaines une femme hyper glamour, sensuelle et pleine de charme. Pour d’autres, il fera d’avantage résonner l’image de la mère féconde, celle qui porte la vie puis qui câline et console. Souvent, j’entends des phrases du style: « ce week-end, j’enlève ma casquette de mère et je prends ma casquette de femme et d’amante ». On dirait qu’aujourd’hui ces fonctions s’opposent. Ce conflit existe-il? Est-ce que plusieurs réalités cohabitent ? Ou bien sont-elles intrinsèquement liées et indissociables?
Bon, parlons vrai. Dans une époque où chacun semble redéfinir ce qui fait qu’on est femme, réfléchissons à la façon dont on définit vraiment la femme et ce que représente la féminité.
Pour ma part je me sens femme depuis toujours. Enfant, j’étais une petite fille qui savait qu’un jour je serai une femme. Ado, mon cycle menstruel est arrivé, ma poitrine aussi, mais ils n’ont fait que confirmer ma féminité, ils ne l’ont pas créée.
A 20 ans, je me sentais femme bien avant d’être en couple avec un homme. Ce n’est pas mon homme qui me rend femme, mais pourtant il participe à me faire exister dans cette position. J’ai l’impression que dans une belle relation amoureuse, dans le regard de son chéri, on se sent extraordinairement femme, non ?
Mais le jour où le regard amoureux n’est plus là, est-ce qu’on est moins femme ? Certainement pas.
Par conséquent, je suis femme quelque soit mon statut marital ou maternel.
Allez, ma belle, tu es TOUJOURS femme.
Bon, maintenant je réfléchis à mon rôle de mère. Pas simplement un rôle d’ailleurs ! Ce sont toutes nos entrailles, nos tripes qui font de nous des mères. Une fois mon bébé né, je suis mère. Même avant en fait ! Dès que son petit cœur bat dans mon ventre, je suis mère.
Et après, jusqu’à quand resterai-je mère? J’ai déjà posé la question à ma grand-mère et si j’ai bien compris, on est mère pour toujours. Même quand ton enfant grandit, même quand il part ou pire même s’il ne veut plus te voir, tu restes mère.
Certaines arrivent à retirer leur casquette de mère. Personnellement je me sens mère tout le temps. J’ai essayé: « 1, 2, 3 retire ta casquette de mère ! » mais je n’y arrive pas. Je me sens toujours mère. Même mon sommeil est en état d’éveil j’ai l’impression. Vous savez comme l’écran de veille d’un ordi qui est au taquet pour redémarrer au moindre frôlement.
Allez, ma belle, tu es TOUJOURS mère.
Et mon statut d’amante/épouse (oui je les mets ensemble car selon moi ils vont de paire) ? Je sais pas si vous êtes de ces femmes amantes exceptionnelles constamment sensuelles mais ce n’est pas mon cas. Je me lève la tête en vrac, le mascara étalé sous les yeux parce que j’ai oublié de me démaquiller la veille. Mon petit bidon est bien plus flasque qu’il y a 10 ans. D’ailleurs, à cette époque il n’existait pas, je ne savais même pas ce que c’était un petit bidou !!!
Allez, on continue, mes seins qui tenaient tous seuls on commencé à rejoindre la gravité en l’absence de soutif. Bref, est ce que je me sens amante tout le temps ? Non, pas tellement. En tout cas pas selon les critères que la société me propose (m’impose plutôt!) Mais est ce qu’il faut se sentir amante pour l’être ? Est-ce que amante c’est uniquement le moment où on fait l’amour ? Ou est-ce que ça inclut aussi tous les autres temps de la semaine ? Quand on se regarde, quand on dîne ensemble, quand on plie le linge, quand on se raconte nos journées, n’est-ce pas là les prémices de l’intimité ? Et ça voudrait dire que je suis amante quelque soit mon ressenti.
A partir du moment où on est dans une relation amoureuse installée sur la durée, même quand on n’est pas en plein ébats amoureux, on est amants.
Allez, ma belle, tu es TOUJOURS amante.
Bravo Priscille ! Tu viens de te prouver à toi même que tu es femme, mère et amante tout le temps. Mais au secours !!! Quelle pression ! Je pense que ce serait beaucoup plus simple ce système de casquettes finalement.
Cela m’aiderait tellement de pouvoir tout compartimenter. La vie serait plus simple. Mais est-ce possible ? Est-ce l’objectif ? Suis-je censée découper ma vie en plusieurs morceaux ?
Jamais il ne me viendrait à l’esprit de faire compartimenter mon corps ! Et pourtant chaque organe a sa fonction bien spécifique. Imaginez ! Je laisse mon foie au salon parce que j’ai juste besoin de ma vessie pour aller aux toilettes. (C’est une analogie d’infirmière, désolée!). Non, tout vit en harmonie et tout est dépendant. Et si c’était pareil pour le reste ? Je suis femme et mère et amante et peut-être que je peux apprendre à composer avec toutes ces facettes sans être obligée d’en laisser une sur une étagère.
Ce serait peut-être plus simple de m’accepter dans ma complexité. Je suis toutes ces facettes, et basta ! Et puis c’est la vraie vie ! Parfois je ne serai pas en mode histoire du soir parce que j’ai RDV calînou avec mon chéri. Et parfois je devrai interrompre mon calînou parce qu’il y a une petite peur post-cauchemar à aller rassurer. Je compose. Je tricote. Un tricot bien tressé, bien solide. Pas parfait mais intègre. Un joli équilibre de mailles de toutes les couleurs.
La plus belle des tapisseries, si vous regardez derrière vous verrez qu’elle est remplie de milliers de petits nœuds qui tiennent le tout ensemble. Sur le moment ça ressemble à rien, mais une fois terminée, elle est tout simplement fabuleuse et unique. Si on accepte notre entièreté sans chercher à tout segmenter, je crois qu’un jour on pourra s’émerveiller. Tout simplement.
Priscille, encourageuse sur maman dépassée mais heureuse