Publié
Lundi 23 Mars, on entame notre deuxième semaine de confinement. Mon mari étant agriculteur-maraîcher, une période de travail important commence tout juste. Je suis donc seule à la maison avec mes trois aînés (presque 7 ans à 28 mois). C’est aussi la semaine où le quatrième de la fratrie devrait nous rejoindre. Le terme est prévu pour le lendemain, 24 mars (j’ai « gagné » un jour grâce au 29 février !). J’appelle donc la maternité vers 9h30 afin de prendre rendez-vous pour le lendemain… J’avais espoir que l’accouchement se lance seul, ma gynécologue ayant vérifié il y a dix jours : le col était ouvert ! La sage-femme qui me répond semble un peu perdue… J’entends qu’elle demande à ses collègues ce qu’elle doit me répondre (« Mais je lui dis d’aller directement en salle de naissance ? Elle va au rez de chaussée ? »). Ok, c’est noté, on me demande de venir pour 8h30 ! Une heure après, une autre sage-femme me rappelle et me dit de surtout venir à jeûn…
Je fais beaucoup de lessives ce jour-là, histoire d’être à jour. On se met au point sur l’organisation avec mon mari en envisageant toutes les possibilités ! Le coucher des trois grands est difficile… Ils se relèvent plus que d’habitude, la tension est palpable. C’est difficile de leur dire chaque soir « Bonne nuit et à demain… Enfin, si on n’est pas là demain matin, votre Grand-Mère sera là ! » (mes Beaux-Parents sont nos voisins… Il est convenu que ma Belle-Mère assurerait le temps qu’il faudra… Mais elle travaille dans la boutique de la ferme, nous préférons tous limiter au maximum le temps qu’elle passera à la maison où les enfants passent 24h/24 depuis deux semaines !).
8h15, je pars, seule vers la maternité… Premier choc : la porte d’entrée principale est fermée. Il faut faire le tour, sonner, attendre.. A l’interphone, on me dit d’aller au rez-de-chaussée… Les couloirs sont vides. Je croise une infirmière (enfin, quelqu’un avec une blouse et un masque) qui me dit que « non, non, vous devez aller au premier ». Arrivée devant l’entrée des salles de naissance, la sage-femme m’envoie ailleurs… Je fonds en larmes, je n’en peux plus, je lui dis que je suis complètement perdue (alors que j’ai déjà accouché trois fois dans cette maternité, j’y suis venue pour quelques rendez-vous médicaux), les panneaux ne sont plus les mêmes. Gentiment, elle m’accompagne et me laisse avec la sage-femme à qui je ne laisse pas le choix « vous me gardez ! ». Après auscultation, monitoring, l’accord du médecin : l’accouchement sera déclenché, le col est favorable, je vais directement en salle de naissance ! Je retrouve alors la première sage-femme qui sera celle qui va, patiemment, accueillir notre tout-petit aujourd’hui.
Avec l’auxiliaire puéricultrice, elles sont inquiètes que mon mari ne soit pas là. Je leur dis qu’on l’appellera au moment opportun… Je préfère qu’il soit avec les grands. Il a tout à fait le droit d’être là mais une fois qu’il sera en salle de naissance, il ne pourra plus sortir tant que le bébé n’est pas né. Il arrive vers 12h30. La péridurale fait effet (quelles différences avec la naissance des trois grands où il a fallu poser la péridurale entre deux contractions… voire pas du tout pour la dernière qui est arrivée très vite !). Tout est calme et serein. On a chacun notre masque. Le travail se fait rapidement, mon corps connaît (je passe de 7 à 10 en… 1 minute !). Félix nait à 15h28… Nous appelons les grands pour les prévenir, la radio familiale se met en route ! Nous passons un peu de temps tous les trois, entamons notre aventure de l’allaitement ! Les premiers visages qu’il aura vus seront masqués… On tente quelques timides photos sans, le remettant dare-dare dès que quelqu’un entre dans la pièce. Et nous montons ensuite en chambre. Tout est très calme. Le Papa file retrouver les grands vers 19h, nous ne sommes plus que tous les deux… Le temps est suspendu, nous pouvons faire connaissance. Félix semble un peu sonné par cette naissance….
Le lendemain, on me propose une sortie à J2 (soit jeudi à partir de 15h30) si tout va bien. Je profite de cette journée seule, j’arrive à faire une sieste en même temps que Félix. Finalement, nous ne sortirons que le vendredi… Ils privilégient les sorties précoces (48 heures après la naissance) si tous les voyants sont au vert pour le bébé et sa Maman. Cela me laisse le temps de discuter, en laissant le couloir entre nous, avec une amie dont la puce est née le lendemain ! Par chance, nos chambres sont situées en vis-à-vis ! Le Papa aurait eu le droit de venir, une seule entrée autorisée mais autant de temps qu’il veut. Nous faisons le choix qu’il reste avec les aînés afin de ne pas multiplier les intervenants auprès d’eux ! Il découvre ainsi les joies de passer deux jours non-stop avec ses enfants tout en gérant la maison ;-). Et moi, je profite de ce temps offert pour faire connaissance avec ce petit dernier. Il ne rencontrera ses Grands-Parents, oncles et tantes, cousins et cousines qu’à la fin du confinement (même si ce sont nos voisins… Ils travaillent beaucoup, sont en contact avec du monde). Ceux de mon côté habitent plus loin, ils devront également se contenter de photos d’ici à ce qu’on puisse se voir.
Vendredi midi, les enfants peuvent enfin faire connaissance avec leur petit frère… Quelle joie !! Le grand est très fier d’avoir enfin le petit frère tant attendu… Les filles sont soulagées de nous voir rentrer. Nous découvrons à présent la vie à 6, sans avoir d’horaires d’école/d’activité/de rendez-vous à gérer ! On prend notre rythme.
©monetnicolebirths
Accouchement – "Mon mari m'a accouchée en urgence !"
Témoignage – Comment les papas vivent-ils la naissance de bébé ?
Témoignage accouchement : Quand mon placenta s'est décroché
Nos livres préférés pour se préparer à l'accouchement