Depuis plusieurs jours, des jeunes de tous les mouvements scouts de France sillonnent notre pays pour partir camper, à la dure. A l’heure du tout numérique, des téléphones greffés dans les mains de tous les ados, ce sont prêt de 80 000 jeunes de 8 à 19 ans encadrés par environ 15 000 chefs bénévoles qui vont vivre l’aventure d’un camp d’été. Mouvement de jeunesse centenaire, le scoutisme continue de former des adultes engagés, compétents et équilibrés. L’enquête IFOP menée pour le RASSO en mai 2024, confirme son impact durable sur ses anciens. Quand le désespoir nous guette devant cette jeunesse qui n’est « plus bonne à rien« , tournons nos yeux vers ces jeunes filles et ces jeunes hommes qui offrent du temps de vacances, du temps de formation, pour continuer à faire vivre cet esprit scout qui les a façonné. Engagement des chefs, pédagogie scoute, impact sur la vie professionnelle et citoyenne, le jeunes promettants ont-ils conscience de l’aventure humaine dans laquelle ils s’engagent en disant « je promets de faire de mon mieux » ?
Devenir chef est une décision à part entière car pour emmener des jeunes camper, les réglementations sont précises et exigeantes. Pour les trois principaux mouvement scouts en France (SUF, AGSE, SGDF), pas question de lésiner sur la qualité et l’exigence des formations. En accord avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports, les mouvements ont créé leurs parcours de formation interne. Animés par des anciens scouts/guides, devenus formateurs, les CEP préparent les jeunes chefs à emmener des mineurs camper en pleine nature. Depuis quelques années, certains mouvements comme l’AGSE ont ajouté un volet « prévention des abus et harcèlement » aux prérequis. Une initiative indispensable pour créer un lien de confiance entre les chefs et les parents qui confient leurs enfants.
L’exigence de la formation, parfois vue comme contraignante pour les jeunes qui s’engagent, assure en réalité un niveau constant de connaissance et donc, de responsabilité des chefs. Emmener une trentaine de mineurs à l’autre bout de la France (et parfois même à l’étranger) ne s’improvise pas. Le chef, pour partir en camp, doit faire valider son dossier de camp (qu’il aura appris à mettre en place lors de ses formations) dans lequel il détaille avec précision des activités que vivront les enfants qu’il a sous sa responsabilité.
Cet engagement volontaire garantit des encadrants compétents, responsables et dévoués à la sécurité et à l’épanouissement des jeunes. Le tout, dans une relation de confiance avec les parents qui ont, eux aussi, un rôle à jouer dans l’accompagnement des chefs.
En s’engageant, les chefs offrent bien plus que des compétences techniques. Ils ont la responsabilité, de faire grandir chaque jeune dans un cadre bienveillant, exigeant et qui donne le sens des responsabilités. Ce cadre de confiance, se crée tout au long de l’année, au cours d’activités préparées avec soin afin de faire grandir les enfants et leur apprendre le dépassement de soi. Dans une sizaine, comme dans une patrouille, chaque enfant a sa place, est accompagné par un chef d’équipe, lui-même porté par un chef d’unité. Cette hiérarchie savamment élaborée permet à chaque jeune de trouver sa place, de se sentir soutenu par son équipe et encouragé par les plus anciens. Depuis la création des mouvements scouts, innombrables sont ceux qui se souviennent avec nostalgie, de leurs expériences vécues dans la nature dans la fraternité au sens noble du terme.
Pour chaque âge, un niveau d’exigence particulier. L’objectif et d’emmener chaque jeune à une réelle autonomie. La progression se fait année après année et la formation des chefs assure aux jeunes une croissance épanouissante et constructrice. Chaque enfant est encouragé à prendre des responsabilités, à coopérer, à proposer des idées, tout en étant guidé par un adulte attentif et bienveillant. C’est cette présence constante qui permet la maturation personnelle.
Les chefs insufflent les vertus fondamentales du scoutisme : franchise, dévouement, pureté. A chaque âge, ces vertus vont s’appliquer de manière plus ou moins concrète. Le scoutisme est une école de service et de don de soi puisque la priorité est toujours le service des autres. La vie au grand air permet aux jeunes de se retrouver face au concret et à la réalité de la nature. Vivre sans confort matériel, c’est se recentrer vers quelque chose de plus grand de plus beau et de plus transcendant que notre propre petit confort personnel. Cette philosophie du dépassement de soi n’a pas pour vocation à faire des jeunes des surhommes, mais elle leur apprendre à s’engager tout entier au service d’un groupe auquel ils appartiennent pleinement, auprès d’enfants en qui ils ont confiance, afin de grandir en maturité et en débrouillardise.
Enfin, la promesse scoute n’est pas un vœu formel, mais un pacte éducatif, un projet de vie. Ces valeurs ne sont pas seulement enseignées : elles sont vécues. Elles nourrissent la motivation des jeunes à agir, à s’engager pour les autres, tout au long de leur vie. Que ce soit lors des activités scoutes ou plus tard dans leur vie professionnelle ou conjugale, le scoutisme forme des jeunes engagés constants et fidèles à leur promesse : « je promets de faire de mon mieux »
La pédagogie scoute allie trois piliers structurants :
Le concept a été maintes fois éprouvé et est finalement assez basique : le plus fort protège le plus faible. Autrement dit, les plus âgés apprennent aux plus jeunes qui deviendront ensuite chefs puis formateurs. Ce modèle d’enseignement par les pairs crée une boucle vertueuse : les jeunes se sentent valorisés et responsables. Ils deviendront ensuite de bons encadrants car voir leurs chefs s’épanouir dans leur service, leur donnera envie de s’engager à leur tour. Cette pédagogie favorise la cohésion de groupe et cultive le sentiment d’appartenance dès le plus jeune âge. Il existe encore, et même aujourd’hui plus que jamais, des jeunes prêts à offrir une partie de leur année pour transmettre à d’autres ce qu’ils ont reçu enfants. Les mouvements scouts se pérennisent d’ailleurs uniquement parce que des bénévoles offrent de leur temps (familial, scolaire, amical) pour faire vivre cet engagement à travers les années qui passent.
Dans le scoutisme, tout passe par le jeu qui est au cœur de l’apprentissage : il stimule le corps, l’esprit, l’imagination. Veillées et grands jeux permettent d’acquérir des savoir-faire tout en développant la créativité. Dans la branche des 6-11 ans, en fonction des mouvements, l’univers du jeu s’inspire du Livre de la Jungle, de l’enfance de Jeanne d’Arc ou de la Forêt, permettant une multitude d’activités ludiques et pédagogiques. Pour les plus grands, les thèmes s’élargissent avec toujours un soin particulier à créer un univers complet (à grand renfort de déguisements, étendards, décor et chants).
L’intérêt de cette pédagogie par le jeu, outre le fait de s’amuser permet aussi aux enfants et aux ados d’apprendre à… perdre ! Le scoutisme enseigne aussi que l’échec n’est pas une fin, mais une leçon.
Apprendre à monter sa tente, lire une carte, faire un feu, gérer la nourriture et les premiers secours… Ce sont des compétences concrètes que l’on apprend pendant ses années de scoutisme et qui renforcent l’indépendance et la débrouillardise. Chaque réussite technique est une victoire collective mais aussi personnelle et cela améliore en continue la confiance en soi des enfants et des ados qui sont inscrits dans ce genre de mouvement.
Selon l’enquête IFOP de mai 2024 pour le RASSO, 87 % des anciens scouts sont engagés dans une structure associative (contre 33 % chez les Français moyens), et 70 % consacrent bénévolement plusieurs heures chaque semaine ou tout au long de l’année, contre 21 % à l’échelle nationale (lerasso.com). Ils composent ainsi une force sociale majeure, motivée et investie.
Ils font aussi preuve d’une générosité remarquable : 78 % donnent chaque année à des associations (vs 44 %) et 59 % soutiennent des personnes en difficulté (vs 34 %). Le don moyen atteint 901 €, contre 267 € (scouts-unitaires.org).
Ces chiffres traduisent une véritable culture du don, symbole visible d’un engagement civique ancré dans les expériences vécues pendant l’aventure scoute. De belles valeurs qu’en tant que parents, nous sommes heureux de voir éclore chez nos enfants !
Un autre enseignement fort de l’étude est la dimension du bien-être : les anciens scouts se déclarent à 7,9/10 dans leur état psychologique, contre 6,3/10 chez la moyenne des Français (lerasso.com). Est-ce une enfance passée au contact de la nature ? Le fait d’avoir appris à chanter sous la pluie quand tout devient compliqué ? Ou l’habitude d’offrir de son temps et de rendre service autour de soi ? Nul doute que la conjugaison de ces bonnes pratiques de développement personnel n’est pas étrangère à ce score spectaculaire.
Avoir été guide ou scout, c’est avoir exercé régulièrement des compétences particulièrement appréciées sur le marché du travail : leadership, esprit d’équipe, adaptabilité, autonomie, résilience. Ces soft skills sont directement liées à des responsabilités prises très tôt dans la structure : chef de patrouille, organisation de camps, résolution de conflits, coopération, planification, adaptabilité en permanence en fonction des conditions climatique… Il est du coup assez logique de constater que 93 % des personnes qui ont répondu à l’enquête du Rasso déclarent que le scoutisme représente un atout pour leur vie professionnelle (lerasso.com).
Coïncidence ou pas, l’étude révèle également que les anciens scouts ont un taux de chômage inférieur: 40 % ont déjà connu une période de chômage, contre 61 % du grand public (fr.aleteia.org). Enfin, 73 % déclarent avoir mis en valeur leur expérience scoute lors d’un entretien d’embauche (fr.aleteia.org).
Au-delà des compétences techniques et humaines, le scoutisme invite les jeunes à explorer une dimension spirituelle. Issu du mouvement britannique de Baden-Powell crée en 1907, le scoutisme s’inspire généralement des traditions spirituelles, notamment chrétiennes. En France, c’est le Père Sevin qui a donné une dimension catholique au scoutisme en créant les Scouts de France.
La foi, le sens, la quête intérieure sont présents dans la vie scoute. Une journée d’activité ne peut pas ne pas contenir un temps de prière, des chants, des moments de réflexion pour cultiver son intériorité. L’esprit scout encourage chacun à rechercher une « loi » intérieure, à trouver sa place dans le monde.
L’étude IFOP révèle que 75 % des anciens scouts disent que le scoutisme a renforcé leur foi (fr.aleteia.org). Ce chiffre témoigne du rôle du scoutisme dans un réveil ou un approfondissement spirituel, transmis au sein des mouvements souvent affiliés à une tradition religieuse (catholique ou autres).
Le scoutisme incite d’ailleurs au service concret : aider les plus jeunes, participer à des actions collectives, veiller à la cohésion du groupe. « Le scout est fait pour servir et sauver son prochain », dit la loi scoute. Cet appel au don de soi crée un lien profond entre spiritualité et engagement, fondé sur la solidarité et l’altruisme.
L’enquête IFOP pour le RASSO met en évidence un modèle d’éducation complet. Le scoutisme est une véritable école de la vie, nourrissant aussi bien les compétences humaines que spirituelles (scouts-unitaires.org, fr.aleteia.org, management-hebdo.fr). Bien au-delà d’un simple loisir, il forme des citoyens engagés, autonomes et équilibrés. En résumé, des adultes prêts à contribuer activement à la société tout en poursuivant leur développement personnel !
En tant que parents d’enfants inscrits dans ces mouvements, prenons le temps de remercier tous ceux grâce à qui cette aventure humaine est possible pour nos enfants ! Chefs et cheftaines, chefs de groupe, formateurs, encadrants, familles qui ouvrent leurs maisons pour accueillir des camps… Sans tous ces bénévoles, ces engagés, le scoutisme ne pourrait continuer de vivre ! Pensons-y quand, par mégarde, il nous arrive de critiquer un peu trop rapidement une attitude ou une décision que ne nous conviendrait pas.
Vivre un engagement en famille avec Lazare – Témoignage
Scoutisme, aventure, chevalerie, valeurs morales ou chrétiennes… Un beau listing de livres pour les plus jeunes
Livres scoutisme et aventure pour les 6 -14 ans : notre sélection
Le scoutisme : l’engagement au cœur