Publié
Comment faire durer son couple quand on est jeunes parents ? La famille que nous créons s’appuie sur la relation entre deux membres de cet ensemble. La vie quotidienne met souvent le couple à l’épreuve. La fatigue, la disponibilité aux enfants, le temps qui manque sont autant de nouvelles réalités avec lesquelles nous devons composer. Ajoutez à cela que souvent famille et carrière se construisent durant la même période de la vie. La boussole d’un couple peut-être mise à mal. Deux principes me semblent importants pour maintenir le cap : respecter la liberté de l’autre et cultiver la solidarité.
Nous voudrions avoir les mêmes idées, les mêmes priorités et la même gestion du temps que l’autre. Appliquer tous les principes de la discipline positive ensemble, prendre de l’avance sur les petites galères de la logistique du quotidien (que sont les repas, entre autres), accorder la priorité à la famille sur le travail. Nous voudrions être sur le même tempo, à l’unisson pour tout. Et pourtant, les choses ne se passent pas comme prévu et même évoluent dans le temps. Un poste un peu plus exigeant peut déséquilibrer un couple et une famille, comme un parent en souffrance, en manque d’espace pour lui-même. Nous n’accordons pas la même importance à certaines choses ; surtout si nous sentons que l’espace est déjà occupé.
Par ailleurs, dans les premières années de la vie de couple, nous avons tendance à remettre à l’autre les clefs de notre baromètre intérieur. « Dorénavant, tu es responsable de mon bonheur». Cet écueil provient souvent d’une conception galvaudée du couple. Les deux époux auraient pour mission de se rendre mutuellement heureux. Le genre d’idée qui ressort des films romantiques (que nous adorons) quand le gentil Monsieur Darcy susurre à Bridget combien il voudrait la combler. Oui…mais non.
Comment faire durer son couple ? La liberté et la solidarité sont deux piliers à prendre en compte.
Comme nous aimons à le rappeler, un couple c’est une personne + une personne + une relation. Chaque conjoint est un membre bien distinct, une personnalité à part avec son histoire, ses forces, ses faiblesses et ses souhaits. Nous nous retrouvons dans la relation que nous tissons. Mais il reste toujours un espace de liberté pour chacun. Pas seulement une chambre à soi, comme le suggère Virginia Woolf, mais aussi un espace pour exister dans son unicité.
Un espace pour reconnaître que moi, je me moque totalement que nos enfants soient couchés après 21h et que si ça te dérange, c’est à toi de m’en parler. A toi de comprendre que le respect des horaires n’est pas quelque chose auquel j’accorde de l’importance mais que je serais heureuse d’en discuter pour trouver une solution ensemble. Un espace pour exister, lire ou faire du sport, sans que cela apporte un bénéfice à quelqu’un d’autre qu’à moi-même. Un espace dans lequel mon attention est tournée vers moi-même et non vers notre couple ou notre famille.
Cela requiert de se réapproprier le regard que nous posons sur notre conjoint. Qui n’est pas que notre époux ou le père de nos enfants ou le principal revenu du foyer, il est avant tout autrui. Réapprécier notre conjoint pour ce qu’il est de parfaitement unique et d’universel. Le laisser libre d’être lui-même, celui que nous avons choisi.
Cela nécessite peut-être quelques menus ajustements familiaux, certes. Un maitre mot : la solidarité. Si nous faisons un petit détour par le concept : la solidarité n’est pas affaire de donnant/donnant, elle ne cherche pas un équilibre parfait entre ses membres. Elle s’appuie sur les forces de chacun pour se soutenir mutuellement dans un progrès commun. Concrètement, solidarité ne veut pas dire partage rigoureux à 50/50 de la charge mentale et des RDVs chez le pédiatre.
La solidarité passe par le fait de demander à l’autre de nous rendre service (même si c’est un service qui est indirectement rendu à toute la famille), par le fait de se montrer vulnérable, d’accepter que nous ne sommes pas tout puissant, que notre énergie/notre temps/notre patience sont fluctuants et que tout simplement, nous sommes plus forts ensemble. Elle s’appuie sur une relation vraie, dans laquelle chacun se montre tel qu’il est. La solidarité est un cadeau immense pour le couple car elle permet à chacun de s’appuyer sur la relation pour accueillir ses besoins, ses doutes et ses émotions, les traverser ensemble et les surmonter.
Notre conjoint n’est pas un acquis et son aide n’est pas un dû. Après quelques années de mariage et le chaos parfois intense de la petite enfance, multiplié par le nombre d’enfants, il me semble que ces deux principes nous permettent de garder le cap.
Photo : Nathalie Coster pour Maman Vogue