Publié
Attention, cet article se penche sur un des tabous de la maternité : les émotions contrastées des premiers jours avec son bébé.
Chacune l’a beaucoup rêvé ce retour à la maison, loin des mains médicalisées des docteurs, des gestes étudiés analytiques des professionnels de la naissance. On a toutes nourri de nombreux fantasmes sur le retour à la maison en fanfare, façon famille Cyrillus avec un petit ange drapé de blanc qui dort paisiblement dans un berceau immaculé avec une ravissante boîte à musique qui suffit à l’endormir pendant que Maman se repose dans un plaid avec une tisane confectionnée par Papa. Tout le monde sourit, tout le monde est émerveillé…Bien sûr, il y a beaucoup de vrai. Mais il faut aussi mettre un peu à mal cette image d’épinal pour éviter de la culpabilité ou de la déception aux jeunes mamans.
Ce bébé qui a intégré votre foyer est évidemment merveilleux, mais il est aussi exigeant. Et bien sur vous aurez peut-être l’instant canapé – tisane. Mais vous aurez aussi le quotidien à gérer seuls sans l’aide des infirmières, sage-femmes, puéricultrices. Et cela veut dire beaucoup de pleurs inexpliqués, stridents, qui risquent de mettre vos nerfs à rude épreuve surtout dans les premiers temps où l’on est fatiguée et où l’on a un peu le blues. Je me souviens très bien m’être dite après deux jours à la maison avec notre bébé « J’ai besoin d’air. C’est bien plus sport que ce à quoi je m’attendais ». Les premiers temps, je vivais dans une angoisse permanente qu’elle se mette à pleurer lorsque j’essayais d’avaler un repas (3 minutes top chrono), lorsque je la posais le plus délicatement possible dans son berceau, lorsque j’essayais de m’habiller et de me maquiller,…
Il faut le savoir, les premiers jours, vous découvrez tout et vous vivez au rythme du bébé ce qui rentre totalement en conflit avec votre rythme et votre vie à vous. Et c’est un sentiment de fierté inégalable de réaliser qu’elle ne s’endort que sur vous. Mais c’est aussi par moment angoissant et fatiguant. Et comme toutes les mamans, les pleurs des nourrissons vous feront un peu vriller et interrompre n’importe quoi séance tenante.
Les visites sont une source d’émerveillement supplémentaire : le jeu des ressemblances, les multiples félicitations, les cadeaux de naissance. Tous ces gens qui passent juste pour admirer votre progéniture et vous embrasser pour partager votre bonheur. Mais il y a aussi la fatigue de devoir tenir une conversation avec 3h de sommeil dans les jambes, l’angoisse que vos amis tombent pendant le blues du nourrisson en fin de journée, la difficulté d’assumer un corps post-partum pas encore totalement remis en état,…Tout le monde est heureux pour vous, tout le monde trouve votre bébé ravissant…Mais à la fin tout le monde quitte l’appartement. Et c’est à vous d’assurer. Ce petit être qui fascine les foules, aucun de vos visiteurs ne le rapporterait à la maison. Ce n’est pas le leur et il est des sacrifices qu’on n’accepte que pour la chair de sa chair.
Je me souviens que parfois, tout le monde s’extasiait et me félicitait mais moi j’avais aussi envie de pleurer, de crier que j’étais fatiguée, malmenée par mon accouchement et que j’avais envie qu’on me rassure et qu’on me dise que ça allait passer. Bien sûr plus tard, je l’ai compris mais je me souviens qu’en raccompagnant certains amis, je me sentais un peu déboussolée et anxieuse « et maintenant, que va donner la soirée… ? »
Enfin, ne vous sentez pas coupables de stresser. Même au 6ème, je crois qu’on est toujours novice les premiers jours, on se sent éternellement toute petite face à l’immensité du défi que représente : nourrir, aimer, accompagner le développement d’un enfant et qui plus est d’un nourrisson.
C’est très difficile pour une jeune maman d’admettre que certes, elle ressent l’amour le plus grand qui existe mais qu’en même temps, cette période apporte aussi sa dose de souffrances et de nervosité. Alors vous avez le droit d’assumer que c’est difficile et vous avez le droit de le dire. On le sait que ça ne veut pas dire que vous n’aimez pas votre enfant mais juste que vous aimeriez un tout petit peu d’aide et de soutien.
Des astuces
N’oubliez surtout pas que ça passe ! et même bien plus vite qu’on ne le pense et qu’on le souhaiterait
Paola Marceau
© Clarisse de Lauriston