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Bonjour Azaïs, pouvez-vous vous présenter ?
J’ai bientôt 40 ans et je suis artiste-peintre depuis juillet 2017. Je vis à Rennes avec mon mari et nos cinq enfants.
Avez-vous toujours voulu être peintre ?
Pas du tout ! Je n’aurais jamais imaginé que ma passion puisse devenir un jour mon métier !
J’ai cette passion de la peinture depuis que je suis toute petite ! Ma maman s’en était rendu compte très tôt et m’avait inscrite à 4-5 ans à des cours alors que nous vivions au Gabon. Mes souvenirs sont vagues mais la rencontre d’une prof d’arts plastiques belge a été déterminante.
A notre retour en France, j’ai continué les cours de dessin avec des adultes. Je me rappelle qu’ils se terminaient très tard le soir pour mon âge. Toutes ces années, j’ai crayonné, illustré, participé à des concours, découvert le modelage, la perspective, les modèles vivants… Ma sœur pleine d’idées me passait régulièrement « commande » de tableaux ou de modelages. Dans la maison, je peignais les portes de chambres, des meubles, et même des fresques !
Puis, après le bac, je n’ai plus eu vraiment le temps de continuer à peindre. J’ai suivi des études de chirurgie dentaire qui se sont prolongées jusqu’à l’internat, entrecoupées par deux maternités. Avec cette formation et les premières années d’exercice, j’étais vraiment bien dans mon élément. Être chirurgien-dentiste n’est peut-être pas si éloignée du métier d’artiste ! On a les mains dans le plâtre ou la résine et on modèle des dents pour réparer des sourires !
J’ai pris un congé parental en 2011 : j’ai retrouvé mes pinceaux après toutes ces années. J’ai alors découvert la technique de la peinture à l’huile, notamment auprès d’André Jude, un disciple de l’École d’Étampes et qui est aussi un des héritiers du peintre Mathurin Méheut.
A la fin de mon congé parental, j’ai dû choisir : pinceaux ou fraises dentaires ? … Le goût pour l’aventure de la peinture, des opportunités et un mystérieux appel intérieur l’ont finalement emporté. J’ai quand même toujours une blouse !!
Quel regard portez-vous sur votre parcours professionnel avec le recul ?
Totalement inattendu et finalement inespéré !
Ce que je vis aujourd’hui est bien sûr très éloigné du « plan de carrière » que je m’étais autrefois programmé. Si j’ai abandonné ma profession de chirurgien-dentiste, elle m’a en revanche beaucoup nourrie. J’y ai appris la rigueur, la persévérance, la minutie, le choix des teintes… Je dirais finalement que j’ai été « préparée » au monde artistique par cette formation. En fait, pour moi, les Beaux-Arts, ça aura été la fac dentaire (rires).
Pouvez-vous nous raconter l’histoire d’un tableau (inspiration, heures de travail, réalisation…)
L’inspiration, je la puise surtout dans le monde de l’enfance, celui de mes enfants bien sûr et de tous ceux qui gravitent autour de nous. Je passe beaucoup de temps à les observer. Je suis fascinée par la beauté et la profondeur de leur monde intérieur : leur capacité à s’émerveiller, leur innocence, leur simplicité…
J’essaye de saisir, de trouver cet instant de « flagrant délit d’enfance » pour l’immortaliser.
Je trouve aussi parfois l’inspiration au travers le regard d’autres mères qui acceptent de le me partager. Je les remercie de leur confiance !
Quand j’ai trouvé un sujet, je choisis alors le format, puis la taille de la toile. Et je me lance !
La peinture à l’huile sèche lentement, contrairement à l’aquarelle ou l’acrylique. Cela permet de la travailler sans être dans l’urgence. Cela implique aussi des heures de travail pour que chaque coup de pinceau s’ajuste au précédent, s’y mélange ou pas, et trouve enfin sa place.
C’est un va-et-vient entre le sujet et le tableau : trouver la bonne couleur, respecter la valeur, reproduire les formes… Peu à peu le tableau apparaît, puis c’est le découragement… une « mort », l’envie de tout jeter, convaincue que l’on a aucun talent. Il faut alors persévérer, chercher, retoucher çà et là. Le tableau progressivement va reprendre vie : il peut enfin naître !
Quels sont les 3 mots qui résument le mieux ce que vous cherchez à exprimer dans un tableau ?
VIE, LUMIERE, CONTEMPLATION
Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie familiale ?
Comme j’ai besoin de plages horaires étendues pour travailler, je me consacre à la peinture quand les enfants sont en classe, à l’exception du petit dernier qui a passé des heures sur ma hanche, avec lui aussi des pinceaux à la main. Depuis un mois, il peut maintenant exprimer ses talents et son goût pour la peinture abstraite à la crèche.
Au retour des enfants à la maison, je pose mes pinceaux. Ils débarquent parfois pour goûter dans mon atelier et commenter mon travail du jour !
Mon activité artistique est vraiment tributaire de leur rythme. Pendant les vacances scolaires, je mets ainsi mes pinceaux au repos, mais pas l’inspiration. Ces temps de repos sont en effet pour moi une occasion unique de trouver de nouveaux sujets. Il me suffit juste de les regarder … Je peux aussi profiter de ces temps sans peinture pour régler les tâches administratives, face cachée mais chronophage dans la vie d’un peintre. Enfin je consacre un peu de temps à l’installation des expositions et aux permanences qui ont souvent lieu l’été.
Pour mon plus grand bonheur, ces deux vies (professionnelle et familiale) sont aussi bien compatibles que complémentaires. Je mesure combien c’est précieux !
Vous arrive-t-il de prendre des commandes ?
Oui et de toutes sortes ! Des maris qui souhaitent surprendre leur femme, des amis qui s’associent pour un cadeau d’anniversaire, des enfants pour leur parents ou des parents qui commandent un tableau de chacun de leurs enfants…
Passer une commande permet de personnaliser le tableau, en représentant des visages chéris, des lieux de vacances familiers, des souvenirs… J’ai besoin pour cela de discuter avec la personne qui passe la commande pour connaître précisément ses attentes. Je propose souvent de travailler d’après photos. Nous choisissons ensemble celles qui répondent au mieux à ses désirs.
Quand le sujet est choisi, nous déterminons le format de la toile (carré, marine, panoramique…) et sa grandeur. Celle-ci peut varier entre 50 cm et 150 cm, voire plus …selon les envies et les portefeuilles ! Je peins souvent sur des châssis entoilés, mais cela peut aussi être sur du bois ou du papier, en fonction des demandes.
Je m’adapte aussi selon les impératifs de délai. Le tableau nécessite toutefois au moins 3 semaines de séchage, en plus de sa réalisation, il faut donc un peu anticiper pour Noël par exemple ou les anniversaires !
Une fois que j’ai bien avancé le tableau et que j’approche de la fin, j’envoie un aperçu pour avoir un retour et réaliser d’éventuelles retouches, qui doivent bien sûr rester « cosmétiques ». Quand on s’approche de la fin, impossible par exemple de changer les enfants de place !
Quand le tableau a fini de sécher, vient le temps de l’emballage et de l’expédition pour ceux qui habitent plus loin.
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