Publié
« Profitez de vos nuits tant que vous pouvez encore ! ». C’est sans doute l’une des choses qu’on nous a le plus dit lorsque j’attendais mon premier enfant. Moi qui aime tant dormir, j’avoue que j’appréhendais un peu les nuits hachées. A quoi ressemblera le sommeil de bébé ?
Et puis, notre fils est né, et, honnêtement, ce n’était pas si terrible. Tous les autres parents, quand ils nous voyaient avec notre petit bout, nous regardaient d’un air de pitié en nous demandant : « Et le sommeil de bébé ça va ? Pas trop dur ? » Et nous de leur répondre, un peu gênés : « Ben oui, il fait déjà ses nuits ». À peine un mois de vie et notre fils dormait bien, dans son lit, du soir au matin. On ignore vraiment pourquoi, mais c’était comme ça ! À cela souvent on nous disait : « Oh ben profitez parce que ça ne va peut-être pas durer ! »
Et puis si, cela a duré. Aujourd’hui notre fils a deux ans et demi, et il dort toujours aussi bien. Oh il nous arrive d’avoir des nuits avec quelques réveils : les dents, une fièvre qui monte, un cauchemar, ou une petite crise au coucher de temps en temps. Mais globalement, il dort bien. À priori, les enfants qui dorment, ça existe !
On m’avait dit de dire adieu à mes nuits, et je m’apprêtais, comme toutes les jeunes mamans, à vivre des mois de galères, et puis la vie en décidé autrement. Mon fils a trouvé facilement son rythme, et voilà ! Cependant, je ne prétends pas avoir le secret d’un enfant qui dort. Je ne me vante pas d’avoir trouvé LA solution, en proclamant toutes les mamans devraient faire la même chose que moi avec leur enfant. Car je sais qu’un enfant est unique, et qu’il y autant de façons d’être mère qu’il y a d’enfants sur terre ! Il n’y a pas de recette miracle pour bien faire dormir son enfant, il y a juste des mamans qui font ce qu’elles peuvent.
Mon fils dort bien, et j’ai presque honte de l’avouer. Oui, presque honte de le dire aux autres parents, ceux qui de leur côté rament pour faire dormir leurs enfants, et se lèvent dix fois par nuit depuis trois ans. J’ai honte de dire qu’avec mon mari, nous avons toutes nos soirées tranquilles, et que nos nuits se font généralement d’une traite. Pourquoi ai-je si honte d’avoir cette chance ? Principalement parce que je me sens vraiment mal face à ces parents épuisés pour qui tout cela est un beau rêve. Et je sais qu’ils doivent certainement me jalouser, ce qui est tout à fait légitime !
J’ai honte, parce que, face à ces champions du don de soi, j’ai l’impression pas mon titre de maman, parce que je n’ai pas une énorme carence en sommeil et des cernes jusqu’au menton ! C’est vrai qu’être maman, c’est renoncer à son confort, c’est savoir se sacrifier, se lever la nuit, faire passer son enfant avant soi. Avec un enfant qui dort et qui me laisse tranquille le soir, je ne suis pas une mère digne de ce nom. Je ne connais pas la VRAIE vie de mère, la VRAIE galère. Et j’en suis désolée.
Pourtant, je suis mère, qu’on le veuille ou non, et je crois pouvoir dire que j’en suis une bonne ! J’ai désiré mon fils de tout mon coeur. Je l’ai porté, mis au monde, nourri, bercer, aimer plus que tout, comme les autres mamans. Je fais des sacrifices pour lui, et il m’arrive même d’en avoir marre certains jours, parce que des nuits complètes ne protègent pas forcément du manque de patience face à un tout-petit !
Bien sûr, je suis de tout cœur avec toutes ces mamans épuisées, car leurs enfants ne dorment pas. Ce sont de véritables héroïnes et je les admire. Et peut-être que mon deuxième enfant ne sera pas un aussi bon dormeur que son frère, que je vais enfin connaître les nuits hachées, et ce sera bien fait pour moi !
La vie de maman ne se résume pas aux nombres de galères que l’on rencontre. Elles en font partie parfois, et c’est sûr que ce n’est pas toujours facile à vivre. Mais heureusement, il y a aussi de bons côtés, des bonnes surprises, des périodes plus douces, et des petits bonheurs. Il faut savoir en profiter et rendre grâce tant que cela s’offre à nous.