Publié
Vous attendez des jumeaux, et vous vous demandez comment sera votre vie après la naissance ? Quel sera le rythme de nuit de vos bébés et le vôtre ?
Soit, vous décidez de vivre au rythme de chaque enfant. Chacun ses horaires de repas, de repos, de câlins … Attention à ne pas craquer au bout d’une semaine parce que vous êtes exténuées ! Voici quelques conseils de nos mamans.
Soit, vous décidez d’essayer de leur faire adopter le même rythme pour le repos et les repas. C’est ce qui s’appelle la synchronisation. Voici la méthode écrite par Aude BECQUART, conseillère en puériculture et parentalité et spécialiste du sommeil de l’enfant : « Il faut, idéalement, qu’ils dorment et mangent à 15 ou 30 minutes d’écart. Quand on remarque que l’un des jumeaux donne signe de fatigue, on propose le lit aux deux à peu près au même moment. Pour les nourrir, on sait que l’allaitement à la demande est compliqué avec des jumeaux. Qu’on leur donne le sein ou le biberon, on s’occupe d’abord de celui qui s’est réveillé pour réclamer. Si le second dort encore, une fois qu’on a terminé, on lui suggère tout doucement de se réveiller – en ouvrant la porte, par exemple, ou en jouant une petite musique. L’idée étant de les rassasier en même temps, pour qu’ils se rendorment tous les deux ensuite. »
Voici quatre témoignages de femmes qui ont eu des jumeaux. Elles nous parlent de ce qu’elles ont fait.
Camille : « A la maternité ils ne m’ont pas vraiment laissé le choix. J’ai accouché de jumeaux prématurés. J’ai été dans une unité mère/enfant ; service entre la néonat et la maternité. Ils ont fait en sorte que mes jumeaux soient calés ensemble pour s’assurer que tous les deux aient une quantité de lait suffisante sur 24h. J’ai donc commencé par suivre cette méthode de synchronisation. En rentrant à la maison, j’avais moins d’inquiétude sur leur prise de poids, et je me suis accordée davantage de liberté. La nuit, j’essayais de les caler ensemble. J’ai donc continué la synchronisation. Parfois quand la fatigue prenait le dessus, je ne prenais le temps de réveiller le deuxième après la tétée du premier, les nuits étaient alors trop éprouvantes pour moi. Une fois décalés ils me réveillaient toutes les heures. En revanche, le jour, je faisais à la demande. La logistique était facile grâce à l’allaitement. J’ai choisi la désynchronisation en journée car il me semble que le sommeil est essentiel pour le bon développement cérébral des tous petits. J’évitais donc autant que possible de les réveiller le jour. Encore aujourd’hui, maintenant qu’ils ont 6 mois, pour les biberons, c’est à la demande de chacun, et pour les petits pots ils les prennent en même temps. »
Anne G : « Pour le contexte, nos jumelles (Mini-bu, « vraies jumelles ») sont nées 16 mois après notre aîné. Il a donc fallu anticiper (et appréhender) notre organisation avant la naissance. Sur les conseils de ma SF de Necker nous avons adhéré au groupe « Jumeaux » qui a un groupe Facebook très actif à Paris et pleins de bons conseils. Très vite, il nous a été conseillé de rythmer les jumelles ensemble si nous voulions s’en sortir. Nous avons fait le choix que je n’allaite pas. Je dis « nous », parce qu’il était important que mon mari soit ok avec ça. Lui me disait que j’étais complètement libre là-dessus. Les filles sont sorties 5 jours après moi de la maternité et là… le rythme s’est effréné !!! L. a pu prendre un mois quand elles sont sorties fin avril et que nous enchaînions sur le mois de mai et ses joyeux ponts. Elles faisaient moins de 3kg à la sortie donc il fallait les réveiller toutes les 3h (une frustration énorme de mettre des réveils). Elles étaient dans des couffins que l’on pouvait facilement transporter d’une pièce à l’autre. Au début je faisais les bibs de 21h, j’allais me coucher dans notre chambre et mon mari restait dans le salon avec les filles pour faire les bibs de 00h et 3h. Après 3h il mettait les couffins devant notre chambre et allait dormir. À 6h quand mon réveil sonnait je prenais les couffins et retournait dans le salon pour les bibs de 6h et 9h. Puis quand Arthur, notre ainé, se levait j’avais les 3 et réveillait L. quand je ne tenais plus. Et en journée on faisait ensemble. C’était toujours : l’un s’occupe d’Arthur, l’autre des jumelles. Pour le concret de la synchronisation nous avions 2 techniques différentes : mon mari faisait l’une après l’autre la nuit (et ça durait… longtemps !!!). Moi je tentais en même temps, calées dans leurs transats. Les moments câlins pour donner le biberon c’était en journée (on n’est ni patients, ni insomniaques, le sommeil c’est beaucoup trop précieux chez nous!!!) Puis au bout de 10/15jours nous avons inversé le rythme et je faisais plus la nuit puis inversion. On disait qu’on était en 3*8, déformation professionnelle de cheminote ! Quand elles ont commencé à se réveiller toutes seules pour boire nous avons gardé ce rythme et réveillions la deuxième après le premier bib donné. Nous nous amusons à dire que nous avons imposé un « rythme militaire » et tout spécialement en journée mais c’était vital pour tout le monde et cela s’est avéré très efficace car elles ont fait leurs nuits quasi en même temps, je dirais autour de 4 mois. Pour nous aider, nous avons en cadeau de naissance de ma belle-famille 2 à 3 gardes de nuits pendant 1,5mois Au début et du coup l’étudiante sage-femme que nous avions faisait la même chose et synchronisait les filles. (C’est même souvent recommandé) »
Bernadette : « A la maternité, on m’avait conseillé de caler mes filles (vraies jumelles) sur le même rythme. Sauf que j’avais à cœur d’allaiter. La seule raison de ce choix était de créer un lien singulier avec chacune de mes filles, de vivre des moments uniques et privilégiés avec chacune d’entre elles. En effet pour moi lors de la tétée, il se passe quelque chose avec son enfant, un lien fort se crée. Donc avec l’allaitement exclusif à un seul bébé, nous ne sommes absolument pas dans la méthode de synchronisation ! Mais étrangement, elles se suivaient de très près dans les demandes. Vive la tétine aussi qui permettait de patienter ! Ce qui est amusant, était de voir qu’elles appréciaient également ce moment de qualité en tête à tête, car il est arrivé qu’elles aient faim en même temps et donc que j’allaitais les deux en même temps et au moment où je mettais Céleste au sein, Faustine arrêtait de boire ! Ensuite, au bout de deux mois, nous sommes passés au biberon. C’est à ce moment-là que nous avons réellement synchroniser les biberons. Quant au sommeil, au début elles étaient dans le même landau et le même lit (très pratique pour les vacances familiales). Actuellement, elles ont 18 mois et elles dorment toujours dans la même chambre avec chacune leur lit. Elles ne se gênent pas. Quand je vois que l’une est fatiguée, je propose à l’autre de dormir et je m’adapte à son réel besoin. Nous avons été à l’écoute du besoin de chacune et il s’est avéré que la synchronisation s’est naturellement faite, car nos filles sont naturellement sur le même rythme. Peut-être est-ce dû au fait qu’elles soient de vraies jumelles ? »
Anne C : « Au début, je réveillais le deuxième quand le premier pleurait. Avec un allaitement souvent simultané en alternance avec un biberon que les bébés avalaient tous seuls calés dans un coussin. Ils dormaient dans la même chambre, voire dans le même lit. J’avais un lit simple où me rendormir avec l’un contre moi si besoin. L’un des jumeaux avait une tétine et se rendormait très bien. L’autre avait besoin d’être beaucoup porté et en contact avec moi. Les tout premiers mois se sont relativement bien passés.
Mais curieusement c’est celui qui avait la tétine qui a le plus peiné à faire ses nuits, au point qu’à 7 mois, nous avons explosé de fatigue et dû nous réfugier chez mes parents pour avoir plus d’espace et la possibilité de les laisser pleurer.
Avec le recul, j’aurais dû les séparer vers 4 mois et profiter des périodes de déplacement professionnel de mon mari pour laisser pleurer plus longtemps celui qui n’arrivait pas faire la nuit continue. Dans la promiscuité, je réagissais au quart de tour, ce qui a dû entretenir les réveils réguliers.
Il y a eu des rechutes de réveils jusqu’à 18 mois, sans doute à cause des pics de croissance ou juste après une période de perte d’appétit liée à un rhume. L’un des jumeaux a moins de réserves que l’autre et son sommeil est davantage lié à son alimentation. »
Anne G : « Clairement, l’ORGANISATION et la SURVIE. Ma pédiatre m’a dit un jour quand j’arrivais à son cabinet « ce que j’aime chez les parents de jumeaux c’est qu’elles sont forcément organisées ». On était bien évidemment fatigués parfois dépassés mais jamais surmenés. Le rythme était intense mais c’était rythmé. Vous allez me dire, après 2 ans ½, on relativise mais quand même. Le jour de leur 1an j’ai dit à mon mari que cette année était passée vite ! Ce à quoi il a répondu qu’il était d’accord mais qu’il se souvenait sacrément bien, malgré cela, des 4 premiers mois ! Par la suite, je n’ai aucune idée si c’est lié, mais elles ont tout fait à quelques jours d’intervalle. Faire leurs nuits, se retourner du dos vers le ventre, Marcher, et même la varicelle, quand l’une se lançait on savait que la deuxième suivrait dans les max 3 ou 4 jours suivants. En ce moment Katell fait des progrès fous pour la propreté, on attend les résultats de Colombe !!! Est-ce la synchronisation ou le fait d’être vraies jumelles ? Elles font aussi la même taille et le même poids. »
Bernadette : « Je dirai que la synchronisation m’a permis d’avoir plus de temps pour me reposer ou passer plus de temps avec notre ainé (18 mois d’écart). »
Anne G : « L’inconvénient principal est pour les enfants bien sûr. Nous leur imposons un rythme et ne suivons pas leur rythme individuel. Pour moi c’est un peu comme pour l’allaitement des jumeaux quand maman me disait que dans un cas c’est mieux pour les enfants mais moins pour la fatigue de la mère et dans l’autre c’est moins bon pour les enfants mais la mère est plus en forme et donc plus à même d’être dispo pour ses enfants. »
Bernadette : « Cette démarche nous empêche de passer des temps de qualité avec chacun des jumeaux : ce n’est pas possible de donner le bib’ dans les bras avec un gros câlin quand il y a 2 bébés ! Personnellement, je profitai du change pour avoir ce temps seul à seul avec chacune de mes jumelles. »
Camille : « Je pense qu’il faut s’écouter en tant que maman. Il faut savoir se faire confiance et faire confiance à ses bébés. »
Anne G : « Je pense que tout dépend de la « personnalité » des parents. Typiquement j’ai besoin de m’organiser, j’ai du mal à supporter d’être dépassée par une situation et je ne peux pas lâcher prise sur les à-côtés comme le ménage etc. Les synchroniser m’a permis de trouver un rythme. Je trouvais ça plus simple aussi pour les confier notamment à la garde de nuit ou nos parents : c’est plus facile de cadrer tant pour nous que pour eux. Quant à mon mari, ce rythme lui a totalement convenu et il dit souvent « dorment bien c’est grâce à Anne et son rythme militaire ». Aujourd’hui elles ont 2 ans ½, se portent comme des charmes, forgent leurs personnalités individuelles et ne semblent pas du tout traumatisées que l’on n’ait pas suivi leurs rythmes biologiques individuels les premiers mois ! Enfin, j’ai un énorme respect pour les mamans de jumeaux qui allaitent et suivent le rythme de chacun, j’en aurais été incapable !!! »
Anne C : « Aujourd’hui, ils ont 2 ans et dorment séparément : l’un est tout seul, l’autre avec sa grande sœur. Les lits ne sont pas interchangeables : ils ont bien chacun leurs habitudes. En revanche j’ai inversé celui dormait seul à la suite de vacances car l’un d’eux était devenu trop agité le soir pour qu’on espère l’endormir avec sa sœur. »
Merci à ces mamans de jumeaux de nous avoir ouvert leur porte pour pouvoir répondre à nos questions. Merci pour leurs beaux témoignages. Etes-vous vous aussi des parents de jumeaux ? Avez-vous utilisé la méthode de synchronisation ? N’hésitez pas à nous laisser vos témoignages. Pour celles qui vont accoucher de jumeaux, nous espérons vous avoir donné une bonne clé !
Florence COURCIER – @laplumedeflo