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Voici le témoignage de ces mères, elles nous racontent les émotions qu’elles ont ressenties pendant l’accouchement et après. Et leurs sentiments face à leur vie qui a changé pour toujours.
J’ai accouché le 31décembre 2018 d’une petite Léonore, mon premier enfant attendu depuis 1 an et demi par conception naturelle.
C’était un accouchement par voie basse. J’ai rompu la poche des eaux le 30/12 à 20h, premières contractions vers 2h le 31/12, j’ai été montée en salle de travail à 5h30, pose de la péridurale à 7h par une interne. Mon conjoint était rentré dormir, il a du attendre qu’on me pose la péridurale pour pouvoir me rejoindre. La sage femme a été super, elle m’a bien aidé à gérer les contractions et les douleurs. L’interne a dû poser la péridurale plus haut que prévu car j’avais des douleurs à la première pose. J’ai été soulagée assez rapidement : le bonheur.
On a ensuite changé d’équipe pour celle de jour. Mon conjoint était avec moi. La nouvelle équipe était tout aussi gentille et prévenante que celle de la nuit.
A 11h du matin mon col était dilaté mais Léonore ne descendait pas. À 13h, on m’a laissé entendre que comme je fatiguais on allait sûrement avoir recours à l’obstétricien et donc aux instruments. Léonore est née à 14h18 le 31 décembre avec l’aide d’une ventouse.
On me disait que mon bassin était trop étroit pour sa tête car on voyait ses cheveux mais elle remontait à chaque fois. Il s’est avéré qu’elle avait le cordon autour du cou. Ils nous ont donc annoncé que le papa ne pourrait pas couper le cordon. On me l’a posé sur le ventre, elle ne pleurait pas. Nous avons senti un léger moment de panique et ils sont sortis de la salle, ce que nous savions ne pas être « normal ».
On nous a ensuite dit qu’elle était à 3 pour son test d’apgar puis à 9, 3 minutes plus tard. Nous avons su cela quelques heures après quand nous sommes remontés de la salle d’accouchement.
Quand ils nous l’on ramené, ils l’ont mis en peau à peau avec le papa car mon placenta ne descendait pas. On m’a annoncé qu’on devait aller le chercher manuellement avec des premiers gestes à l’extérieur, puis intra-utérin.
L’interne était seul avec les sages femmes car le médecin était parti pour faire une césarienne à une autre maman. Bien que la sage femme ait proposé d’aller chercher le placenta avec ses mains plus petites, l’interne a préféré le faire.
Après de très longues minutes, il a finalement abandonné pour laisser la sage femme essayer. Elle a réussi à l’enlever beaucoup plus rapidement ! Mon utérus a été déchiré pendant ces procédures, on a dû me faire des points intra-utérin. Au bout de 45 minutes l’interne a arrêté car il faisait un point et mon utérus se déchirait à un autre endroit. La sage femme qui est venue chez nous dans le cadre du PRADO m’a annoncé que nous allions devoir retirer ces points car le fils utilisé ne partira pas avant plusieurs semaines et non 3 comme il me l’a annoncé.
J’ai été assez choquée de voir qu’on pouvait rentrer un bras dans mon utérus, comme mon conjoint.
A ce moment là on m’a déposé ma fille pour le peau à peau et j’avoue que pendant les points cela m’a permis de penser à autre chose. J’ai ensuite pu faire la tétée d’accueil vers 15h30. Et nous avons dû attendre 17h30 pour partir de la salle et aller vers une chambre.
Les sages femmes de la salle d’accouchement m’ont conseillé d’accepter qu’on prenne ma fille pour la nuit pour dormir, mais cela n’a pas été proposé quand nous étions dans la chambre.
La première nuit a été mêlée d’émotions, de gratitude de nous savoir en bonne santé, en vie, de fatigue et de peur. Mon conjoint étant rentré dormir à la maison pensant qu’on nous garderait notre fille pour la nuit afin de me laisser récupérer.
Je n’ai pas eu la sensation de faire le deuil de mon ancienne vie car je l’avais déjà fait au moment de l’annonce de ma grossesse. Il s’agissait « simplement » de la suite logique de ce désir de maternité, puis de ma grossesse.
Le papa a été formidable et attentionné avec moi et sa fille. Il est resté le plus possible à mes côtés en m’encourageant, juste en me caressant la main, il a fait du peau à peau avec Léonore. Des moments pleins d’émotions.
Les sages femmes m’ont beaucoup aidé notamment en me disant que je poussais bien car au moment où il a fallu appelé le médecin et son interne j’ai pleuré en me disant que je n’étais pas capable de pousser correctement, de faire naitre ma fille naturellement, que j’étais une mauvaise mère.
Et non, elle avait son cordon autour du cou.
Tout au long du séjour les sages femmes ont été prévenantes, me donnant des conseils pour allaiter, la changer, la baigner, la cajoler, se basant sur leurs expériences personnelles et professionnelles.
Nous avions décidé de ne pas accueillir ni les amis ni la famille à la maternité car nos familles habitent dans une autre région et cela implique de les accueillir plusieurs jours.
Une décision que nous ne regrettons pas. Cela nous a permis de nous appréhender tous les 3, de prendre le temps et surtout de me concentrer sur Léonore et d’être moins fatiguée.
Le retour à la maison a été très facile, nous sommes sorti le vendredi 4 janvier matin, nous avons profité de notre cocon à 3 pendant le week-end.
Nous sommes même sortis le samedi avec l’intention de rejoindre un ami pour boire un verre mais les gilets jaunes nous ont arrêtés rapidement dans cette démarche, nous sommes donc rentrés chez nous.
Mes parents sont arrivés le lundi car mon conjoint reprenait le travail, puis nous avons enchainé avec les beaux parents pour le week-end.
J’avoue que cela a été plus compliqué que tout le reste avec les conseils que l’on ne veut pas, tout le monde rivé sur Léonore, une sensation d’agitation et de surveillance, voir de jugement permanent car les recommandations depuis nos naissances ont changé ! notamment sur allaitement à la demande, le fait de ne jamais la laisser pleurer, d’être extrêmement réactif.
Mon seul conseil serait de s’écouter et surtout d’oser dire quand cela est trop agaçant ou fatigant. De ne pas avoir peur de s’exprimer et surtout de garder le cap si on décide que personne ne viendra à la maternité. C’est notre fille, nos règles.
Nous sommes à 15 jours de sa naissance, et à par la fatigue des courtes nuits, sans arriver à faire des siestes en journées, tout se passe très bien.
Clémentine
Je m’appelle Constance, j’ai 33 ans. Antoine et moi avons décidé de nous marier et d’avoir un enfant. On ne fixe pas une date pour avoir un enfant mais on sait si on est prêt, on a envie, et on laisse la nature faire le boulot – et nous aussi un peu :). Il a fallut 8 mois pour que ça fonctionne. Rien d’atroce mais nous étions content que cela arrive ! Je tombais enceinte le 22 janvier. J’abordais cette période avec confiance: je suis sportive, je connais mon corps, je suis prête à le voir changer. Coté responsabilité, je ne prenais pas encore conscience totalement de ce qui nous arrivait. À ce stade, mon objectif était de donner à ce petit être en construction toutes les bonnes choses pour grandir.
Quand le bébé a commencé à bouger, que doucement s’installaient les questionnements, les doutes, les peurs, les envies. Doucement on rentre dans un nouvel univers; le rôle de mère à apprendre, le rôle de femme à faire évoluer. Les astuces, les trucs de femmes enceintes, les conseils qui débordent partout, le monde hallucinant de la puériculture (de tout le matériel … à tous les types d’éducation). Il va falloir faire des choix car tous les avis divergent, il va falloir prendre entière responsabilité. En fait c’est ça, il faut prendre des décisions que personne ne peut prendre pour nous, pour moi.
Je me disais que des milliards de femmes avaient réussi avant moi. Que je n’étais pas moins bête, moins flippée, moins organisée qu’une autre. Que je devais me faire confiance et qu’au pire j’aurai pleins de copines à qui demander. L’avenir était assez flou, mais je pense que j’imaginais les pires scénarios pour ne pas être déçue, pour me préparer. Pas tout le temps; mais j’avais besoin d’imaginer tous les types de situations différentes.
Le papa ne comprenait pas trop. Il tentait de me rassurer avec ses mots mais il n’avait pas forcement les même angoisses. Pour lui le plus flippant c’était de ne plus avoir de siestes ou de grasses mat ! Mais nous n’avions pas le même niveau d’informations, donc je ne pouvais pas lui en vouloir de pas piger la situation au global : moi c’était la grossesse, le taf, l’annonce au bureau, les achats, la préparation à l’accouchement, les rdv gynéco, les sensations du bébé, l’accouchement, épisio, périnée, achats matériel etc ..
Bizarrement celles de mon mari. Même si il était un peu à l’ouest, je savais que quoi qu’il arrive je pourrai compter sur lui.
Qu’il ne faut pas chercher à combattre ses angoisses, elles sont là elles existent et elles sont légitimes pour avancer vers le rôle de maman. En revanche, il ne faut pas hésiter à en parler à des amis de confiance.
Woulalaaaaa …. si on m’avait dit ! J’étais furax et je le suis encore qu’on ne m’ait rien dit. C’est quoi ce tabou bidon ?
J’ai trouvé le premier mois horrible. Déjà j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en sortant de la maternité. Il fallait quitter ce cocon, où on est entouré de gens bienveillants, répondants à toutes nos questions, ou on te nourrit et nettoie ta chambre ! Dehors c’était la jungle !
Et puis arrivée à la maison, mon bébé ne pouvait pas dormir ailleurs que dans mes bras, il paniquait et pleurait dès qu’il n’était pas collé à moi. L’enfer. Je l’aimais si fort et pourtant je supportais pas cette aliénation. J’avais décidé d’allaiter car je suis fascinée par la nature et ce qu’elle sait faire, donc c’était une évidence de ne pas bousculer cet ordre établi. Mais c’est vrai que c’est aliénant. On est seule. Parfois j’ai eu envie de rendre l’enfant … mais à qui ? C’est dur à dire mais j’aurai aimé qu’on me dise car je me suis sentie nulle mais nulle a un point ! Mais j’ai adoré allaiter. J’étais submergée de sentiments contradictoires.
J’ai appelé ma mère ! Et elle m’a rassuré. Je suis partie en Bretagne chez elle, j’ai vu un pédiatre qui m’a rassuré. Il fallait du temps, point. Pas besoin de médicaments pour les coliques, de lits spéciaux à 1000 balles pour les faire dormir comme dans le ventre … non rien de tout ça, juste du temps. Et c’est vrai. Il faut de la patience, de la résilience. Et se dire qu’ils ont besoin de nous, car c’est leur unique raison de vivre. Donc on donne tout, point. Et ça va pas durer.
Il était parfois désemparé comme moi ( enfant qui s’endormait pas ailleurs que dans nos bras par exemple !) mais pas dans le coup du tout. Il n’a pas compris que je l’appelle un soir à 22h en pleure pour lui demander de rentrer de son apéro de copains, ou que je lui fasse une scène parce qu’il m’avait prévenu à 20h qu’il allait faire un tennis . Il n’avait pas compris ce que c’était une journée avec un nourrisson (on avait prévu qu’il prendrait son congé paternité plus tard) . La nuit il dormait. Et je l’ai même fait dormir sur le canapé pour me réveiller tranquille la nuit sans avoir peur de faire du bruit. Un jour j’ai pété un plomb et je lui ai expliqué. J’aurai du le faire avant, j’ai voulu être « forte » . La maison était rangée, je faisais le dîner, j’avais les cheveux propres.
Le pédiatre et ma maman : il m’ont beaucoup aidé !
J’ai demandé plus d’aide à mon mari, j’ai lâché prise sur des taches ménagères, je suis sortie de chez moi: musée, ballade, bus (!), copines …
Aujourd’hui, que voudrais-vous dire aux mamans qui ont vécu cette même situation ? Si vous aviez un conseil à donner ce serait ?
Se faire aider ! Résilience et patience et beaucoup d’amour. Après on oublie, j’y croyais pas une seconde mais oui on oublie … jusqu’au prochain 😉
Constance
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