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Accoucher, une épreuve de lâcher-prise

 
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L’accouchement est une des terreurs les plus répandues des femmes. La douleur, la position, la présence du mari, les complications, les conséquences,…Je repense souvent au sketch de Florence Foresti qui aborde avec humour cette grande omerta féminine ou à ma maman qui me disait un réconfortant « oh on oublie très vite. Le corps n’a pas de mémoire ». En même temps, de plus en plus de familles font des projets de naissance à destination du personnel médical : pas de péridurale, accouchement à domicile, pas d’instruments, accoucher sous hypnose, dans l’eau,…Aujourd’hui, avec le recul de 3 accouchements, j’ai appris que le corps fait ce qu’il veut et qu’accoucher est avant tout une épreuve de lâcher prise.

Pour le premier, j’ai eu des contractions toute la nuit avant de partir à la maternité. Au bout de 6 heures de travail sans problème, le bébé montre des signes de détresse. Son cœur s’arrête régulièrement de battre. Sans que l’on m’explique vraiment quoi que ce soit, je suis conduite au bloc opératoire sans mon mari, sans anesthésie suffisante. La douleur est telle qu’on m’administre une anesthésie générale. Je me réveille sans savoir comment va mon enfant, ni si j’ai eu un garçon ou une fille, ni il ou elle est. Il va super bien, il est avec son père. Plusieurs heures plus tard, je les rejoins sur un brancard. La cicatrice extérieure est énorme et les douleurs abdominales très difficiles à supporter. Pendant deux jours, je ne peux me redresser sans souffrir. J’ai avec l’impression très forte de ne pas avoir été au bout du job, d’avoir échoué sur la dernière marche. Quelques semaines plus tard, on m’expliquera que les nerfs vont mettre 6 mois à se régénérer et que c’est pour ça que je ne sens pas une partie de mon bas ventre. On nous recommandera aussi de différer un nouveau projet de grossesse, on nous expliquera que dorénavant mon utérus cicatriciel rend un accouchement futur par voie basse beaucoup plus risqué et que de multiples scénarios mèneront à une nouvelle césarienne. Qu’après 2 césariennes, on n’accepte plus que le troisième accouchement soit par voie basse et qu’il est très dangereux pour une maman de subir plus de 3 césariennes dans sa vie…

Je retombe enceinte un an pile poil après. Avec des relents des mauvais souvenirs de mon premier accouchement, j’essaie de me projeter vers cette nouvelle délivrance. Je me répands auprès de tout le personnel médical que je croise « laissez-moi accoucher par voie basse ». Chacun y va de son avis et de ses conseils. Je navigue entre deux extrêmes, de « Ah non madame, votre bassin est trop étroit » à « Enfin madame il n’y a aucun problème, pourquoi nous posez-vous cette question ? » en passant par « vous savez, ça dépendra du médecin »…J’exprime mes souhaits, je montre ma détermination et je fais ce que je peux pour mettre toutes les chances de mon côté, pour avoir un bébé moins gros qui pourrait mieux se faire un chemin hors de mon corps, pour déclencher naturellement l’accouchement,… Le travail commence naturellement, je marche des heures pour faire avancer les choses et retarder la pose de la péridurale. La péridurale est peu dosée pour que je puisse savoir quoi faire le moment venu et que les contractions soient efficaces. Tellement peu dosée que je m’évanouis presque de douleur à la fin du travail. Une ventouse plus tard, mon bébé est là, dans mes bras. J’ai tout vécu et ça valait vraiment le coup ! Je ne peux pas encore me lever dans les heures qui suivent. La pesanteur dans le bas de mon abdomen me suivra 3 semaines au cours desquelles j’ai vraiment mal lorsque je m’assois (j’ai deux hématomes). Sur le coup, je doute que toutes les douleurs s’amenuisent avec le temps, j’ai souvent l’impression que mon corps ne va pas se rétablir. Je marche à tous petits pas, mais je peux porter ce bébé que j’ai poussé hors de moi. Je me remets complètement au bout de plusieurs semaines mais j’aurai toujours une sensibilité à l’intérieur, là où ils ont fait certains points, au moment des unions.

Deux fausses couches plus tard, j’attends un troisième. Mon projet est toujours le même et il n’y a plus aucune contre-indication a priori. Mais je sais maintenant que si tous les voyants sont au vert, il y a toujours des scénarios qui requièrent de pratiquer une césarienne. Au moins, maintenant, je suis préparée aux deux. J’ai le sentiment que j’ai tout vu, qu’il n’y aura plus de mauvaise surprise. On me dit juste que tout est en place pour accoucher par voie basse. Est-ce que je souhaite une péridurale ? Oh que oui, mon expérience précédente m’a fait comprendre que ma tolérance à la douleur est limitée « Alors n’attendez pas trop pour venir à la maternité ». Le travail commence tout seul, naturellement. Comme pour ma précédente grossesse, j’ai pris tous les remèdes naturels possibles pour que mon col s’ouvre et se rétrécisse. Le jour J, on me permet de marcher quelques heures avant de revenir. A mon retour, j’ai mal mais on me dit que je ne suis qu’à 4 alors j’attends. Je sillonne la salle de long en large et 1h30 plus tard, je sens une grande décharge et perd les eaux. Je ne l’avais jamais vécu, ça y est c’est fait ! Vite, en salle de naissance. On appelle l’anesthésiste car je commence à vraiment souffrir. Oui mais voilà, 15 minutes plus tard, ravagée par des vagues de douleur inhumaine (mais finalement gérables), je sens que « ça pousse »…Pas le temps pour une péridurale. Il a fallu faire sans ! Aujourd’hui, je confirme que la douleur jusqu’à la poussée est vraiment difficile à supporter mais que pousser est vraiment un immense soulagement. Cette partie ne fait plus mal, on obéit juste aux instincts de son corps, comme un animal. J’ai eu des points, sous anesthésie locale, ça fait beaucoup plus mal que le moment de la déchirure. Mais 2h plus tard, je suis en pleine forme. Je peux marcher, me doucher ; je me sens extraordinairement bien si ce n’est un peu de fatigue. Et je n’ai pas eu le sentiment d’avoir besoin de récupérer. Il y a eu les points et la nécessité de me reposer pour qu’ils cicatrisent mais à part ça, cet accouchement a physiquement été un non-événement.

Aujourd’hui, je retiens de ces 3 accouchements que quel que soit le plan, la nature nous rappelle que c’est elle qui décide. Quelle que soit l’image que l’on projette de son accouchement, sa préparation physique et mentale, les conditions dans lesquelles on est, le corps fait comme il peut et comme il veut. Accoucher est naturel, c’est-à-dire que le corps sait quoi faire quand il le peut. Et le cas échéant, il faut apprendre à s’en remettre au personnel médical pour savoir comment gérer la situation. Accoucher est un acte hors norme et hors de notre maîtrise, c’est la première épreuve de lâcher-prise d’une longue série…

 

Photo : @thewombbox

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