A l’image de Raphaël et Jeanne-Marie, Anne-Claire et Antoine, Emilie et Etienne, de plus en plus de couples inversent la balance traditionnelle et choisissent de laisser une large place à la carrière de la femme. Ils ont accepté de témoigner pour Maman Vogue.
« Je suis journaliste indépendant, ma femme est avocate » confie Raphaël. Ce quarantenaire travaille depuis son domicile depuis 7 ans ans et la naissance de leur fils ainé : « J’adore ce mode de vie, c’est un luxe aujourd’hui, je me considère comme très chanceux de profiter autant de mes enfants. J’organise plus mon planning autour de nos trois enfants, Paul, puis les jumelles qui ont 4 ans. J’aurais pu rejoindre un grand groupe de presse en 2015, juste après la naissance de notre ainé, mais, après réflexion et souhaitant plusieurs enfants, nous avons privilégié la carrière de ma femme. Du fait de nos professions respectives, son évolution était plus prometteuse que la mienne.
Je n’ai jamais cherché à gagner plus qu’elle. « Nous discutons peu d’argent et il n’y a aucune notion de comptabilité entre nous, explique t-il. D’ailleurs, nous n’avons qu’un seul compte commun. Je ne suis pas dépensier, c’est elle qui me force à me racheter une chemise tous les 10 ans ! », s’amuse t-il.
Pas peu fier de la réussite professionnelle de sa femme, il en parle sans gêne. « Une avocate peut difficilement travailler depuis chez elle ! Elle a de gros horaires et adore ce qu’elle fait. J’aime la voir s’apprêter le matin pour partir à son cabinet. Je suis fier d’elle. » Si Raphaël assume son statut, il doit encore le défendre en certaines occasions: « Ma mère m’envoie des offres d’emploi très régulièrement, comme si il était évident que je souhaite changer de situation professionnelle. Mais mon statut d’indépendant, avec tous ses avantages me convient tout à fait ! Je peux voir mes enfants grandir, être présent pendant leurs vacances scolaires, les emmener à leurs cours de tennis… Et je vois ma femme heureuse. Que demander de plus ? »
« Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’on priorise ma carrière mais disons qu’on fait un peu un poste sur deux. En ce moment c’est moi qui ait un gros poste au ministère de la Culture, extrêmement intéressant, et qui rentre tard. Alors je gère au mieux, je prépare les repas à l’avance, les goûters dans les sacs la veille, mais Antoine gère le reste. Il est à temps plein mais il est depuis plusieurs années sur son poste d’optimiseur qu’il maîtrise bien. Donc c’est lui qui, habituellement, va chercher les enfants en fin de journée. Je fais plus facilement l’accompagnement du matin comme je ne sais jamais à quelle heure vont finir les journées ! Cela s’est organisé comme ça depuis quelques temps. »
Anne-Claire part du principe que l’équilibre est essentiel: quels sont mes besoins, quels sont les besoins de mes enfants ? A partir de là, quand les choix sont bien pensés, la culpabilité envers les enfants disparaît. « Une fois j’avais fait l’effort de venir chercher mes enfants plus tôt le soir à la garderie de l’école: je me suis presque fait disputer ! Ils n’avaient pas fini leur jeu ! » s’amuse la jeune maman. «
Actuellement, dans le couple qu’elle forme avec Antoine, la priorité est donnée à sa carrière à elle. Mais, comme elle l’explique, l’alternance est de mise pour eux: « Actuellement je suis à fond dans mon boulot à jongler entre les marchés publics et les réunions interministérielles. J’adore ! Mais je sens que je vais bientôt avoir envie de lever doucement le pied et de prendre un poste moins exposé et moins intense. Antoine cherche à changer d’employeur et va sans doute avoir un temps de prise de poste… pendant lequel je prendrais le relais ! » Cette douce alternance bien que pas toujours réalisable permet visiblement un épanouissement de chaque membre de la famille.
Anne-Claire est ravie de voir son mari capable de sortir à 17 heures pour aller chercher les enfants ! Elle est amusée de voir qu’il culpabilise d’ailleurs bien moins [qu’elle] »!
Emilie et Etienne, parents de trois enfants de 5, 3 et 2 ans ont récemment choisi un quotidien atypique. En effet, Etienne est père au foyer, seul avec ses enfants 5 jours sur 7, sa femme ne revenant que le week-end.
« J’ai été sous officier de gendarmerie à la Garde républicaine pendant 6 ans, explique la jeune femme. Puis j’ai décidé de présenter le concours d’officier. J’ai incorporé l’EOGN à Melun en août dernier pour deux ans de scolarité pour être officier du corps technique et administratif. L’idée étant de ne plus faire d’horaires atypiques et d’être plus heureuse dans mon travail. »
C’est non sans reconnaissance qu’Emilie témoigne: « Etienne gère donc absolument tout, la maison, les enfants, son job… » Cette décision prise évidemment en couple, et assumée des deux côtés, ne manque pas d’étonner. « Oui, tout le monde est très surpris quand on en parle, surtout que nous n’avons pas d’aide de nos familles. La plupart des remarques sont positives, comme quoi nous sommes courageux. Les mamans autour de moi semblent saluer notre choix mais ne se verraient pas du tout le faire. »
Mais mon mari a toujours été hyper favorable à l’idée, m’a toujours soutenue. Il m’a même aidé à préparer le concours en m’entraînant et en préparant une liste de sujets à réviser. Il a toujours beaucoup aimé les enfants, même s’il était un peu gauche au début. Comme nous n’avons que des garçons c’est peut être plus facile pour lui. » Le jeune père assume en tous cas pleinement son rôle actuel. « Il rigole même souvent en disant que nous sommes un couple avant-gardiste ! » s’amuse son épouse.
Emilie reconnaît que cette décision n’est pas évidente à gérer: « C’est très difficile à vivre le célibat géographique. Nous sommes une famille très fusionnelle et j’ai parfois du mal à supporter cette situation. Heureusement qu’il existe de nombreux moyens de communication aujourd’hui. »
Les fins de week-end sont difficiles, Emilie préfère donc repartir le lundi matin « quand tout le monde dort encore, c’est plus facile. » Aussi, la situation est quelquefois compliquée à gérer pour les enfants: « Mon aîné a des paroles dures parfois « Je ne veux pas que tu retournes à l’école d’officiers, je veux que tu restes. Pourquoi tu ne viens jamais aux sorties scolaires ? » C’est dur à entendre. Heureusement, les week-ends, on profite vraiment les uns des autres ! », souligne la jeune femme.
Quand on lui parle des prochaines années, la jeune maman avoue qu’elle n’exclut pas « soit de prendre un congé parental, soit une dispo et travailler à mi temps à côté ! ». En effet, les militaires ne peuvent pas se mettre en temps partiel, elle n’y songe donc pas. Son mari n’est pas en reste: « Une fois que j’aurais mon premier poste, mon mari reprendra l’ascendant sur son job, et ensuite peut-être le concours de l’école de guerre ! »