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Hélène Gérin, l’auteure de « Dans ces moments-là », a écouté de nombreux parents pour préparer son livre sur le deuil périnatal. Comme certains d’entre eux, peut-être avez-vous l’impression de vivre votre deuil de manière ultra-solitaire. Cet isolement vous pèse peut-être et en même temps, vous n’êtes pas tout à fait seule : il y a toujours des proches dans un deuil. Vos parents, les ami·e·s, la boulangère qui vous demande où en est la grossesse… Cet entourage, qui est là, offre parfois le meilleur et parfois aussi, il faut être honnête, du moins bon. Et quand c’est le moins bon qui se manifeste, certains parents ont raconté à Hélène Gérin qu’ils avaient dû apprendre à se protéger. Dans cet article, elle partagera avec vous ce que cela leur a apporté et surtout comment ils ont fait pour poser des limites saines quand l’attitude de certaines personnes autour d’eux était devenue nocive.
Je me souviens de Camille notamment qui, quand l’un de ses jumeaux est décédé pendant la grossesse, s’est entendu dire par sa belle-mère : « Mais non, ça n’est pas possible ce que tu racontes… Tu n’avais pas de jumeaux. » Pour Camille, ce fut l’une des réactions les plus blessantes qu’elle ait reçues à l’époque. « Ce n’est pas comme si ma belle-mère était incrédule devant ma tristesse. Non, elle était tout à fait sérieuse. En fait, elle niait complètement ma réalité ! Elle effaçait ce que je vivais… » Cela n’était d’aucune aide pour Camille et c’est ce qui lui a donné envie de se protéger : « Je lui ai dit que je ne voulais plus lui parler pendant un moment. »
Si vous aussi, vous êtes dans une situation où votre entourage vous heurte plus qu’il ne vous soutient, vous avez le droit comme Camille de vous protéger. En posant vos limites, cela permettra à vos proches de prendre davantage conscience de leurs attitudes, ils ne se rendent peut-être pas bien compte de la portée de leurs gestes ou de leurs paroles. Et surtout, cela leur donnera l’occasion de rectifier le tir. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé pour Camille. « Plus tard, quand je me suis sentie capable de reparler avec ma belle-mère, je suis revenue sur cet épisode avec elle. Cela m’a fait beaucoup de bien de lui dire combien sa réaction m’avait affectée. Dans un long mail, je lui ai expliqué que je vivais quelque chose de difficile et que nier ce qui m’était arrivé avait été très violent pour moi. Quand elle me disait qu’il n’y avait pas eu deux bébés mais un seul, non seulement cela remettait en cause la perte de l’un de mes jumeaux, mais aussi toutes les émotions que je ressentais par la même occasion. Parce que s’il n’y avait eu qu’un seul bébé, pourquoi étais-je si triste alors ? Cela avait causé une culpabilité inutile à un moment où je n’avais franchement pas besoin de justifier ma douleur. »
En écrivant ce mail, Camille s’est offert, finalement, le cadeau de se débarrasser de cette culpabilité. « Au lieu de garder en moi les émotions de ma belle-mère, je les lui redonnais en somme, et c’était un grand soulagement pour moi. Mon but n’était pas de la blesser, j’avais d’ailleurs beaucoup hésité avant de lui envoyer mon mail. Je voulais juste clarifier les choses. Au final, ça m’a désencombrée et après ça, ma belle-mère m’a répondu en s’excusant. Elle avait compris que sa réaction avait été inadéquate. Cela m’a fait beaucoup de bien de l’entendre me dire ça et c’était tout ce qu’il me fallait pour renouer le lien avec elle. »
Ce n’est pas toujours confortable d’écrire un mail comme celui de Camille, ou de prendre son téléphone pour dire à un proche que son attitude est blessante, voire toxique. Dire « stop » à quelqu’un peut réveiller la peur d’être rejetée ou de ne plus être aimée en retour. Mais si certaines personnes vous manquent de respect, c’est peut-être le moment de vous en offrir pour deux. J’aime d’ailleurs me rappeler cette très belle phrase du psychosociologue et écrivain Jacques Salomé : « S’affirmer, c’est renoncer au besoin d’approbation ».
Pour vous aider à trouver les mots qui sonneront juste pour vous, je vous propose quelques formulations. Inspirez-vous de celles qui vous parlent et adaptez-les à votre style :
Trouvez les mots qui traduisent votre vérité car le but comme le dit Thomas d’Ansembourg, spécialiste de la Communication NonViolente, n’est pas tant d’être gentil avec les autres mais vrai avec soi-même et avec eux.
J’aime aussi me rappeler qu’à chaque fois que je dis « non » à quelque chose, je me donne le droit de dire « oui » à autre chose de plus important. « Non, je ne veux pas qu’on m’appelle quinze fois par jour » pourrait être exprimé de façon positive par « Oui, j’ai besoin de calme, de solitude et de temps pour passer à travers ce deuil ». Dire « stop » ou « non » est une manière d’affirmer vos besoins, d’être votre propre allié€ et de donner plus de chances à vos proches de respecter vos limites.
Si vous sentez qu’il est devenu nécessaire avec certaines personnes de poser des limites, je vous invite à répondre pour vous-même à la question suivante : quelle est l’attitude que j’aimerais que les autres aient envers moi, à la place de celle qu’ils ont aujourd’hui ?
Concentrez-vous sur ce que vous voulez créer demain comme nouvelles interactions avec ces proches (plutôt que ce qui ne vous plaît pas aujourd’hui) et notez sur papier vos idées, à tête reposée. Cela vous permettra de choisir exactement ce que vous voulez transmettre à vos proches, sans crainte d’être interrompu. Cela vous donnera aussi l’occasion de vous relire tranquillement, sans être dans la pression du face-à-face. Vous sentirez ensuite si vous préférez envoyer un mail, passer un coup de fil ou aller boire un verre pour exprimer de vos demandes.
Photo : Nathalie Coster pour Maman Vogue
Pour aller plus loin :
De nombreux autres outils sont disponibles dans le livre « Dans ces moments-là » ainsi que sur le sitewww.danscesmomentsla.com.
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