Le pardon : un cadeau à offrir, à recevoir… et à s’offrir à soi-même

Dans nos vies de mères, on fait souvent côtoyer larmes et passion, don de soi et épuisement. Cette vie est une vie pleine d’amour… et parfois de fatigue, de maladresses, de conflits, de mots qu’on regrette ou de silences trop lourds. Dans tout ce tumulte, dans ce tourbillon qui nous dépasse et nous fait devenir petit à petit une meilleure version de nous-mêmes, il y a un mot qui peut tout changer : le pardon.

Un mot simple en apparence, mais qui porte une puissance incroyable. Certaines d’entre nous ont déjà expérimenté cette force ahurissante de pardonner et se savoir pardonnée. Pardonner, ce n’est pas seulement une action envers l’autre : c’est aussi (et surtout) un chemin intérieur. C’est une posture de cœur. Dans cet article, nous allons parler des différentes dimensions du pardon : dans le couple, avec nos enfants, mais aussi envers nous-mêmes — parce que oui, les mamans aussi méritent leur part de douceur.

Le pardon : qu’est-ce que c’est, et pourquoi est-ce si important ?

On a tendance à croire que, lorsqu’on pardonne, c’est pour oublier. Pourtant, le pardon n’est pas synonyme d’oubli, ni de déni. Il ne s’agit pas de faire semblant que tout va bien et de passer définitivement à autre chose. C’est plutôt une décision consciente de ne plus laisser la blessure dicter nos pensées, nos émotions, nos réactions. C’est un acte de liberté. On ne pardonne pas pour excuser, on pardonne pour avancer.

Que les blessures soient petites ou plus lourdes à porter, chaque caillou dans nos vies fini par devenir un poids que l’on traîne. Petit à petit, notre dos se courbe et on porte avec difficulté ces blessures qu’on nous a assénées ou que l’on a provoqué. En devenant adulte, ce poids se diffuse partout. Il fini par modifier le ton de notre voix, notre patience, notre capacité à aimer pleinement.

Plutôt que d’accumuler, si nous apprenions à choisir la paix plutôt que la rancune ? La guérison plutôt que le ressentiment ? Pour vraiment changer le monde, commençons dans notre entourage proche, dans notre couple, avec nos enfants, nos amis, nos frères et sœurs.

On a tendance à croire que le pardon est un aveu de faiblesse. Qui a déjà pardonné ou a déjà été pardonné d’une offense lourde sait qu’il n’en n’est rien. Le pardon est une arme puissante pour la paix. En tant que parents, nous avons le devoir de montrer l’exemple à nos enfants pour leur apprendre à pardonner, eux-aussi.

Le pardon dans le couple : un acte d’amour quotidien

Si vous êtes en couple depuis plus de six mois, vous savez que la vie à deux n’est pas un conte de fées. Elle est faite de compromis, d’ajustements… et parfois, de blessures. Les petits agacements du quotidien peuvent s’accumuler. Les conflits non résolus deviennent des silences pesants. Il y a aussi ces moments où l’un ou l’autre dérape : une parole trop dure, un oubli, une attitude blessante.

Dans ces moments-là, on a deux choix : entretenir la rancune… ou faire un pas vers l’autre. Le pardon en couple, ce n’est pas « perdre » dans un conflit, c’est choisir de préserver le lien plus que d’avoir raison pour soi. C’est mettre en premier la relation plutôt que notre personne. C’est rester fidèle à l’engagement qu’on a pris de prendre soin l’un de l’autre.

Bien sûr, cela ne veut pas dire tout tolérer. Pardonner n’efface pas le besoin de poser des limites ou de redéfinir certaines attentes. Mais c’est refuser de laisser une erreur isoler deux personnes qui s’aiment. Parfois, les erreurs sont lourdes, difficiles à accepter et encore plus à pardonner. N’ayons pas peur d’en parler en couple. « J’ai envie de te pardonner mais pour le moment, je n’y arrive pas…. » Soyons dans la vérité plus que dans la rapidité. Mieux vaut un vrai beau pardon donné plus tard qu’une parole en l’air « je te pardonne » alors que le vrai chemin du pardon n’est qu’à moitié fait.

Soyez bien convaincus que dans les yeux de nos enfants, ce pardon-là est un véritable modèle. Ils voient deux adultes qui, au lieu de se figer dans la fierté, choisissent le dialogue et l’amour. Ils comprennent que les relations ne sont pas parfaites, mais qu’elles peuvent se réparer. Armer ses enfants avec la force du pardon, c’est l’assurance qu’ils auront en eux la capacité d’aller plus haut et plus loin une fois adultes.

Apprendre à nos enfants à demander pardon (et à pardonner à leur tour)

Chez les enfants, le pardon n’est pas inné. Ce n’est pas quelque chose qu’on impose comme une leçon de politesse (« dis pardon et va dans ta chambre ! »), mais une valeur qu’on transmet avec patience.

On a souvent tendance à obliger les enfants à demander pardon en 3 secondes: « allez, faites-vous un baiser et on oublie ». Non seulement pardonner ce n’est pas oublier, mais en plus, nous savons, nous adultes, qu’il n’est pas facile de réellement pardonner en quelques secondes. Si l’on enseigne à nos enfants que le pardon est quelque chose de rapide, bâclé, que l’on fait sans y penser, quelle leçon leur donnons nous ?

Quand un enfant fait mal, il a souvent des difficultés à prendre conscience de l’impact de son geste. Notre rôle, c’est de l’aider à mettre des mots sur ce qui s’est passé, et surtout sur ce que l’autre a ressenti. C’est là que l’empathie entre en jeu.

👉 Plutôt que de forcer un “pardon” à la va-vite, qui finalement sera stérile, on peut lui dire :

• “Tu vois le visage de ta sœur ? Elle a l’air triste. Tu sais pourquoi ?”
• “Comment tu te sentirais si quelqu’un faisait ça avec toi ?”

De cette manière, l’enfant apprend à observer les conséquences de ses actes, à respecter que celui qu’il a blessé à besoin de prendre un peu de temps pour le pardonner réellement… Une bonne préparation aux futures relations d’adultes.

Et puis, soyons honnêtes… Nos enfants apprennent bien plus par l’exemple que par les consignes. Quand ils nous voient nous excuser sincèrement après une réaction disproportionnée (« je suis désolée, maman était fatiguée, j’ai crié trop fort »), ils comprennent que demander pardon, ce n’est pas perdre la face. C’est être responsable de ses actes.

Le pardon, est le socle de relations saines dès le plus jeune âge. Et c’est aussi une belle leçon de courage.

Se pardonner à soi-même : le défi des mamans (et l’acte le plus libérateur)

C’est sans doute la partie la plus délicate. Car les mamans sont souvent les plus dures… avec elles-mêmes. Pour tous ceux qui nous entourent, nous arrivons le plus souvent à faire preuve de bienveillance. Pourquoi c’est plus dur pour nous-mêmes ? Pourquoi nous jugeons-nous si durement dans nos manquements ? Un peu de douceur pour les mamans !

On veut tout bien faire. Être présentes, douces, organisées, patientes, aimantes, créatives, toujours disponibles. Mais la vérité, c’est que nous sommes humaines. Que nous avons des limites. Que nous faisons des erreurs. Et parfois, nous sommes tellement obnubilées par nos manquements que l’on fini par s’oublier. Attention, je ne parle pas ici de tout lâcher ! Il y a une nuance entre finalement tout laisser en chantier, ne faire aucun effort sur soi-même pour améliorer son tempérament et le fait de se regarder avec douceur, comme on regarderait sa meilleure amie ou sa sœur chérie.

Se pardonner, c’est arrêter de ruminer. C’est se dire : “J’ai fait ce que j’ai pu, avec ce que j’étais, à ce moment-là.” C’est aussi reconnaître les circonstances : la fatigue, la charge mentale, les émotions refoulées. C’est finalement faire preuve de bienveillance avec soi-même. Et c’est cette bienveillance (différente de la faiblesse) qui nous permettra de faire différemment la prochaine fois !

Tu as crié ? Tu t’es trompée ? Tu as oublié quelque chose d’important ? Oui, ça arrive. Respire. Excuse-toi si besoin, répare si tu peux, mais ne t’acharne pas sur toi-même. L’acharnement est totalement stérile et tellement énergivore ! Concentre-toi plutôt sur ce qui est beau et bien ! Chaque jour est une nouvelle chance de faire mieux. Pas parfaite. Juste mieux.

En conclusion…

Le pardon est un cadeau précieux. Il répare, il libère, il guérit. Dans le couple, il restaure le lien. Avec nos enfants, il enseigne le respect et l’empathie. Et envers soi, il nous rend un peu plus légères, un peu plus tendres.

Alors aujourd’hui, prenez le temps de vous poser cette question, simple et puissante:

À qui as-tu besoin de pardonner ? Et quel pardon as-tu besoin de t’offrir à toi-même ?

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