Qui n’a pas connu ce si profond malaise ; quitter une ville (et une vie) où l’on avait tant d’amis, et se retrouver seule au milieu d’inconnus ?
Nous vous laissons découvrir ce très beau texte de lafemmedetonchef. Il y est question de déménagement, de grossesse, de chaleur, de solitude … mais aussi d’audace, de délicatesse et d’attention. Nous avons tout à y gagner !
Elle était là, à la journée organisée pour les nouveaux arrivants. Je voyais bien qu’on avait l’air de se ressembler, physiquement déjà, et puis j’aime bien son style, sa tenue ! Elle est plus grande que moi, plus jeune aussi (peut-être un ou deux ans de moins). Je note qu’elle a un enfant, qui n’arrête pas d’ailleurs de faire des allers-retours entre ses bras et le sol. Il décide finalement de s’asseoir dans la poussière, et sa maman, qui a renoncé à se battre, reste debout. Elle va, selon toute vraisemblance, donner naissance à un petit bébé dans quelques mois.
Son mari lui a dit il y a un instant, je reviens, je vais nous chercher quelque chose à manger ! Et il s’est éloigné rapidement, et n’est toujours pas revenu. Alors, elle attend. Elle hésite un peu à partir à sa recherche, parce que c’est tout sauf agréable d’être seule, dans un nouvel environnement, avec des inconnus qui se retrouvent après l’été ou après quelques années, et rient sans la voir.
En plus, il fait chaud, et elle a mal au dos.
» Vraiment, soupire-t-elle, j’en étais sûre que ça allait se passer comme ça. J’imagine qu’il a croisé quelqu’un qu’il connaît, et il en oublie que je l’attends avec les enfants ! «
Mais la jeune maman se ravise, après tout, elle lui a dit qu’elle l’attendait là, alors il va bien finir par revenir, avec une ou deux assiettes, et peut-être un ou deux amis.
Et moi, je suis à quelques pas, avec mon mari, mes enfants, et j’hésite. Il y a un an j’étais à sa place, enceinte également, je débarquais et je me sentais si mal à l’aise ! Tout ce dont j’aurais rêvé pendant que je faisais le pied de grue, c’était que quelqu’un vienne me parler et se présenter. Et je peux sans doute le faire maintenant. Je jette un oeil à mon aîné, il joue avec un enfant que je ne connais pas. Ils sont déjà barbouillés d’un mélange de terre humide et d’herbe. Je constate qu’autour, tous les enfants se font de nouveaux amis ; ils se reconnaissent par la taille, l’âge, tu veux jouer avec nous, ça c’est mon frère, ça c’est ma sœur, et c’est parti.
Voilà le petit signe que j’attendais.
« Bonjour ! Je crois que ton mari, c’est D. ? Je m’appelle C., le mien est là-bas, avec les enfants. C’est la première fois que tu viens ici non ? »Oui, son mari s’appelle bien D., et en effet, elle vient tout juste d’arriver, tous les cartons ne sont même pas encore déballés.
Et ça y est, en deux phrases (« Vous venez d’où ? », « Quand accouches-tu ? ») et un rire ! Son mari apparaît comme par enchantement. Il a l’air aussi sympa qu’elle. Je fais un signe au mien qui finit par nous rejoindre ; c’est fait, ce sont nos nouveaux amis.