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« Ne me quitte pas… il faut oublier…tout peut s’oublier… qui s’enfuit déjà, oublier le temps…des malentendus…et le temps perdu ».
Aux simples abords de bras inconnus ou à la porte de son lieu de travail enfantin, votre trésor et ses petits yeux mouillés semblent vouloir vous rejouer Jacques Brel. La pression de sa main se fait plus forte au creux de la vôtre, il réalise l’échéance pourtant habituelle mais oubliée le temps d’un sommeil : « Papa ou Maman, voire les deux en même temps…s’éloignent » pour un temps, certes, mais ce temps là se dresse comme une éternité dans son petit monde.
En effet, chaque enfant au cours de son développement réalise un travail de séparation psychique.
C’est au cours ce travail interne, qu’il construit peu à peu, brique par brique, son identité : il découvre ses limites corporelles, apprend à sortir de cette fusion « mère-enfant »(au début de sa vie, Bébé considère que Maman fait partie de lui, qu’elle ne peut s’éloigner car elle lui est rattachée), se vit comme un individu distinct de l’autre et matérialise, par ce biais, le lien qui l’unit à ses proches.
Ce premier travail lui demande beaucoup de courage car l’angoisse n’est pas loin, et pour cause.
Vient le temps pour votre petit bout de se confronter à des expériences de séparations réelles, à l’occasion de ses premiers pas à la crèche ou de son entrée à l’école par exemple. Elles viendront alors compléter l’élaboration psychique de la séparation qu’il menait jusqu’alors.
Pourtant, ces séparations interviennent à un moment où votre petit loup n’a à sa disposition que bien peu de moyens pour y faire face : la relation à ses parents n’est pas entièrement ni suffisamment intégrée pour pouvoir vivre tranquillement sans leur présence effective.
D’après Myriam David*, au delà de la séparation en elle-même, c’est « l’absence de moyens mis à [sa] disposition pour faire face à cette séparation et/ou son incapacité à les utiliser ». qui se révèle traumatique pour l’enfant.
C’est pourquoi , pour permettre de passer en douceur ce cap difficile, les structures d’accueil mettent en place des conditions permettant à vos enfants de se rassurer à leur rythme et au vôtre (temps d’adaptation à la crèche, premiers pas à l’école avec les parents, constance des repères à l’école ou à la crèche…).
Pour votre enfant comme pour ses parents, cette préparation passe par :
En liaison avec le professionnel à qui vous confiez votre enfant, la séparation du matin et les retrouvailles du soir gagnent à respecter une continuité au fil des jours, afin de lui offrir des repères stables et fiables.
Citons par exemple un » rituel de l’au revoir » qui passerait toujours par la lecture d’une histoire avant le départ de Papa ou de Maman, ou simplement par un câlin, par le fait de l’accompagner par la main dans sa classe ou d’accrocher son cartable à l’endroit habituel puis se donner rendez-vous « à ce soir »… Autant de repères pour votre petit ou petite courageux(se) lui permettant d’anticiper une journée « qui commence ainsi et qui finira donc, comme hier er de cette façon, par le retour de mes parents ».
Courage et à vos mouchoirs! N’investissez pas, privilégiez la formule jetable car ces séparations difficiles et à chaudes larmes n’ont qu’un temps! (Quoique, lorsque dans quelques années une belle jeune fille viendra vous ravir le cœur de votre tout petit qui avait pourtant reçu l’interdiction de grandir…).
* Myriam David est un pédiatre, psychiatre et psychanalyste français, elle a en particulier fondé ses travaux sur les séparations et leurs répercussions sur l’enfant à l’occasion d’une hospitalisation ou d’un placement.
Source : Mme Navarro, psychologue. Ecole de puéricultrices 2014.
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