19 décembre 2017 | Rédaction Maman Vogue
« Dis, comment on fait les bébés ? » Qui n’a pas déjà entendu cette question dans la bouche de son bambin ? Nos enfants s’interrogent et veulent comprendre. Et nous, parents parfois gênés, cherchons les bons mots pour aborder ce sujet intime…
Bien souvent cette réflexion intervient au moment on l’on s’y attend le moins. En pleine file d’attente au supermarché à une heure d’affluence ou au beau milieu d’un repas de famille… Car si les parents choisissent plutôt des moments calmes pour en parler, les enfants eux posent la plupart du temps leurs questions de manière tout à fait imprévue ! Mieux vaut donc se préparer à y faire face et avec sérénité !
Généralement vers l’âge de trois ans, l’enfant commence à distinguer le monde des hommes et celui des femmes, à s’interroger sur ce qui les différencie, à découvrir que son corps et celui du grand frère ou de la petite sœur sont différents. Le petit garçon découvre qu’il a un « zizi » et que la petite fille n’en a pas !
La curiosité peut démarrer à partir de cette période mais elle aussi peut survenir à l’occasion d’une nouvelle grossesse dans la famille : Tatie est enceinte, le ventre de maman s’arrondit et votre enfant s’interroge « Par où il est rentré le bébé ?… Et comment il va sortir ? » « Moi aussi j’en aurais des enfants ? »
La vie quotidienne fournit aussi beaucoup d’occasions d’aborder les choses : Le changement de couche de la petite sœur ou le bain peuvent être des moments pour parler des différences anatomiques. Le baiser échangé par papa et maman peut être l’occasion d’aborder la relation privilégiée qui existe entre deux personnes qui s’aiment.
Expliquer le mystère de la naissance à un enfant, même à partir de la venue d’un petit frère ou d’une petite cousine, c’est d’abord lui parler de lui et de l’événement qui l’intéresse plus que tout : sa propre naissance. D’une façon générale, en levant le mystère sur ces choses de la vie, on permet à l’enfant de réaliser qu’il pourra aussi avoir des enfants plus tard, quand il sera grand, avec l’homme ou la femme qu’il aimera…
Oui évidemment ! Soyez à son écoute et faites preuve de sensibilité. Vous créerez ainsi un climat de confiance et d’échange.
Évitez de lui demander : « Où as-tu entendu parler de ça ? », car il pourrait alors croire qu’il vous a choqué. Si l’une de ses questions vous surprend, dites-lui simplement que vous ne savez pas quoi lui répondre et que vous en reparlerez. Par la suite, renseignez-vous et revenez-lui avec une réponse.
De cette façon, il apprend qu’il peut vous faire confiance. Certains ne posent spontanément pas de questions s’ils ont senti une gêne chez les adultes à y répondre ou s’ils se sont heurtés à une attitude qui leur a fait préférer le silence. Eluder une question n’est pas du tout sain car l’enfant cherchera toujours à satisfaire sa curiosité ailleurs. Mieux vaut donc répondre simplement plutôt que de laisser la télévision, un adulte peu scrupuleux ou la cour de récréation s’en charger.
Le premier élément important est de rappeler à votre enfant qu’il a été désiré. N’oubliez pas cette notion ! « Les enfants naissent d’un désir, insiste le Dr Catherine Dolto. Ils doivent savoir qu’ils sont là grâce au désir de leurs parents et à leur propre désir de naître ».
L’autre point essentiel est d’expliquer qu’il faut être deux pour concevoir un enfant. Il est important de leur dire car c’est la réalité et parce qu’il est plus facile pour l’enfant d’être « au croisement » de deux parents. En expliquant qu’il est issu de deux personnes, l’enfant est un « troisième ». Il n’est ni uniquement issu du père, ni uniquement issu de la mère. Cela lui permet alors de mieux se construire. Même si vous êtes seul(e) pour élever votre enfant, expliquez-lui toujours que vous ne l’avez pas conçu(e) seul(e).
Et bien, la vérité ! Non les garçons ne naissent pas dans les choux, ni les petites filles dans les roses… Tout comme les cigognes n’apportent pas de bébés emmaillotés. Evitez ces fables ! Si votre enfant se rend compte que vous ne lui avez pas dit la vérité sur ce sujet, il risque par la suite d’être méfiant face aux informations que vous lui donnerez. Il pourrait donc ne plus venir vous poser de questions et aller chercher l’information ailleurs, là où elle n’est pas forcément la meilleure… De plus ces mensonges ne font que retarder le moment où vous devrez vraiment expliquer à votre enfant « comment on fait des bébés » et ces histoires ont pour inconvénient d’intégrer la notion de hasard : l’enfant semble être arrivé de nulle part un beau jour, sans avoir été désiré ou attendu. Or, toute explication doit véhiculer les notions de désir et d’amour !
Inutile également de parler de termes techniques ou de vous lancer dans une leçon d’anatomie face à un tout-petit, parlez lui d’amour et de tendresse. L’enfant retient seulement ce que sa capacité de compréhension lui permet d’assimiler, il n’attend pas un cours détaillé sur la reproduction. Ce qu’il veut savoir c’est quel est son sexe, à quel adulte il ressemblera, ce qui l’attend plus tard et s’il a été conçu dans l’amour. A cet âge, c’est l’origine de leur existence, plus que le rapport sexuel, qui intrigue votre enfant ! L’essentiel est que votre enfant sente que sa curiosité n’est pas dérangeante ni malsaine.
Evidemment le niveau de détails dépend de l’âge de l’enfant : les plus jeunes attendent des réponses très simples et courtes. Si c’est trop peu ne vous inquiétez pas, il reviendra à la charge ! Si c’est trop en revanche, vous l’ennuierez. Le plus important est vraiment que l’enfant sente l’adulte réceptif. Il va poser des questions jusqu’à ce que sa curiosité soit satisfaite puis cessera d’écouter. L’image de la petite graine n’est pas inintéressante car elle met aussi en évidence le rôle du papa, ce qui est très important. Certains adultes trouvent parfois plus pratique de parler uniquement de la grossesse et d’omettre volontairement de souligner le rôle du papa dans la conception du bébé. Or il est très important, aussi bien pour les petites filles que pour les petits garçons, de savoir qu’il faut être deux pour concevoir un bébé.
Donnez-lui de l’information vraie et adaptée à son âge. Lorsque votre enfant vous interroge, tenez-vous-en à ses questions pour éviter d’en dire plus que ce qu’il est prêt à entendre. Faites-le d’abord parler un peu avant de répondre, demandez-lui par exemple « Qu’en penses-tu, toi ? Que sais-tu à ce sujet ? » Ainsi, vous obtiendrez ainsi des informations sur ce qu’il sait déjà et, surtout, du vocabulaire qu’il comprend puis ajuster l’information à lui donner en partant de ce qu’il sait déjà (et de ce qu’il semble vouloir savoir). Assurez-vous que vos réponses sont aussi simples et courtes que ses questions. S’il veut en savoir davantage, il vous posera une autre question ! S’il vous répond qu’il n’en sait rien, commencez avec l’explication la plus simple.
Chaque parent trouvera son style, avec son propre vocabulaire, mais dans les grandes lignes, on évoquera tout ceci : les cellules de vie et la poche à fabriquer les bébés dans le ventre de la femme. Le moment venu, on parlera de ce petit couloir spécial qui mène à la poche à bébés, ce même petit couloir élastique par lequel le bébé sortira quand il sera prêt…
Il se peut que votre enfant vous pose de nouveau une même question, alors que vous venez tout juste, il y a quelques jours, de lui répondre. L’enfant n’a donc pas compris ce que vous avez tenté de lui expliquer. C’est notamment ce qui arrive lorsque vous utilisez des mots qu’il ne connaît pas ou que vous lui enseignez des notions trop complexes pour son âge. Reprenez votre explication de façon plus simple ! Essayez d’éclaircir la situation : « Tu n’as pas compris quelque chose ? ».
… ne vous alarmez pas! C’est peut-être simplement que pour le moment, il n’est pas intéressé par ces informations. Il ne demande pas de détails ? N’allez pas plus loin.
Attendez simplement que les questions lui viennent. « Accompagnez-le dans son développement mais ne le précédez pas », explique Anne Bacus. Et si vous souhaitez malgré tout aborder le sujet avec lui, il existe de nombreux livres bien écrits pour les touts-petits. Un bon moyen d’en parler ensemble avec délicatesse si vous pensez que votre enfant n’ose pas poser de questions par gêne.
L’enfant ne fait que demander une explication à quelque chose de beau et naturel : la reproduction humaine. Si la gêne s’empare de vous, soyez honnête et dites à l’enfant que sa question vous embarrasse et que vous y répondrez plus tard.
Accordez vous du temps mais n’oubliez pas de faire un retour par la suite car l’enfant pourrait interpréter votre malaise et l’absence de réponse comme le signe que sa question sous-entendait quelque chose de mal dont il ne faut pas parler, et faire de ce sujet un tabou. De petits livres joliment illustrés avec des mots simples permettent d’aborder le sujet de façon ludique et bienveillante, et de nouer le dialogue.
Quoiqu’il en soit, tâchez d’y répondre avec ce que vous êtes, avec ce que vous pensez juste de dire. Et restez sereins. Ne rien dire, ne pas répondre ou répondre volontairement à côté, revient à établir un malaise qui peut faire obstacle plus tard à une vie sexuelle épanouie. Une image saine de la sexualité passe avant tout par un dialogue ouvert et simple sur tout ce qui s’y rapporte.
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Charline JOUINT-LESASSIER
© photo Annaclick