Publié
De nombreuses familles sont confrontées à l’absence de l’un ou des parents pour raisons professionnelles. Qu’ils durent quelques jours, semaines ou mois, ces temps de séparation viennent remuer l’équilibre familial.
Les enjeux de ces absences varient selon l’âge de l’enfant, la durée des départs et leur caractère répétitif. Dans tous les cas, il est fondamental d’expliquer au petit, dès le plus jeune âge ce qui va se passer. Sans comprendre le sens des mots, un nourrisson se montrera néanmoins sensible au ton de la voix du parent et à sa réassurance dans cette prévision.
Un peu plus tard, le jeune enfant doit construire une représentation intériorisée du parent. C’est à dire qu’il doit intégrer que l’autre existe toujours même s’il ne peut le voir. La parole de celui qui « reste » est alors indispensable. C’est par elle que l’enfant comprend que l’autre existe toujours, qu’il ne l’a pas abandonné et qu’il est toujours aimé de lui.
Des outils comme un livre de photos, un ouvrage qui parle des papas ou des mamans permettent de transmettre à l‘enfant qu’il est toujours dans les pensées et dans le cœur du parent parti. Et que ceux qui restent font de même. Le maintien des rythmes et rituels familiaux pendant ces temps de séparation, particulièrement au moment du coucher, permettent également de sécuriser le petit.
Vers 6-7 ans, l’enfant acquiert la capacité de se représenter et d’anticiper l’événement. Cette compétence lui est utile pour appréhender et s’adapter aux absences.
On veillera alors à proposer des supports pour que l’enfant visualise le temps, comme un calendrier que l’on adapte en fonction de l’âge et des capacités de l’enfant. La lecture d’ouvrages spécialisés auxquels l’enfant peut s’identifier, comme Alfred et Helmut, est également une aide précieuse pour lui.
L’intérêt de ces divers supports qui font appel à la créativité des familles est de maintenir un dialogue entre parents et enfant. Cela demande parfois de pouvoir décoder certaines manifestations comportementales ou émotionnelles allant du simple refus de parler au parent via Skype jusqu’au trouble du sommeil, au refus de s’alimenter.
Exprimer simplement, soi-même, ses propres sentiments, positifs ou négatifs, permet à l’enfant de s’autoriser à exprimer les siens et d’appréhender leur ambivalence.
Grands-parents, oncles et tantes, amis, s’avèreront une ressource supplémentaire et précieuse pour apporter à l’enfant une attention individualisée et alimenter ce dialogue.
Enfin, le moment des retrouvailles tant espérées ne doit pas à être oublié dans le processus de séparation. Elles sont toujours différentes des rêves que l’on a pu en faire et demandent à chacun un peu de temps pour retrouver une place dans un équilibre familial qui se réorganise. Raconter ce qu’on a fait ou ressenti pendant le temps de séparation permet à chacun de s’ajuster à l’autre.
© Crédits photos Annaclick
Mathilde Tiberghien, Psychologue clinicienne
Thérapeute familiale et conjugale
Comment devenir meilleur négociateur que ses enfants ?
Trois questions magiques qu'il faut poser à ses enfants tous les jours
LIVRE – "Florette coquinette" ou comment parler de la trisomie 21 aux jeunes enfants ?
Comment gérer les frayeurs de nos enfants ?