Je le sens avant de le voir… alors mon coeur s’emballe, mes jambes flageolent, mes yeux s’usent à le localiser, mon cerveau atteint sa capacité maximale de focalisation, je suis pétrifiée, le rouge enflamme mes joues, j’ai envie de disparaitre, je verrouille … Il est bien là, petit ou grand… Non, je ne parle pas de l’amour de ma vie, il travaille à coté de moi. L’objet de ma phobie. Celui qui dope les capacités cérébrales, qui ferait lire à une taupe les lettres qui composent le mot « FUIS »! L’alerte rouge est immédiate, signifiée en silence ou en hurlement.
Qu’est ce que la phobie ?
La phobie se différencie de la peur, qui reste malgré tout, raisonnable, explicable et contrôlable. Contrairement à la peur, elle est irrationnelle et déclenchée par une situation objectivement sans danger. Si cette situation se vit comme un danger, met en danger par l’absence de contrôle et l’évitement immédiat quelque soit l’environnement, elle devient une phobie. Elle peut être courante, particulière, sociale, inexplicable, elle reste un blocage difficile à gérer voire ingérable et source d’angoisse.Une phobie n’est jamais et en aucun cas risible.
Vous pouvez être une maman aimante ou perchée sur des talons aiguilles pour l’entretien de votre vie, sereine… A l’instant où votre instinct exceptionnellement développé sur ce point vous dit « ACHTUNG », vous vous transformez en « Bip Bip coyote », les yeux exorbités, complètement à l’ouest, le contrôle qui file entre les doigts comme la glace du petit dernier en plein soleil.
Adieu dignité, bonjour hystérie !
Personnellement j’en ai choisi une bien, qui change, facile à trouver avec des enfants, bien ridicule: les ballons de baudruche gonflés ! JAMAIS, NEVER, NUNCA à la maison. Face à lui, rien ne compte. NO PASARAN!
Je suis consciente de priver mes enfants d’un symbole festif, de passer pour une mère castratrice et malgré cette culpabilité, je ne parviens passer au dessus, même avec un calmant costaud. Impossible d’en trouver la source. C’était un tabou que j’ai appris difficilement à assumer mais clairement, je n’assure toujours pas! J’ai accepté de partager en diffusion restreinte cette phobie car même si je refuse qu’elle m’identifie, elle me qualifie encore. En faire même sa marque de fabrique, la revendiquer pour l’exorciser.
Comment contrôler la phobie et faire disparaitre les symptômes
Si vous décidez de prendre le problème à bras le corps, il faut compter sur l’autre :
- acceptez d’en parler: la personne ne cherchera pas à savoir si vous exagérez face à votre phobie, elle pourra anticiper et agir, vous mettant à l’abri du danger ressenti et effectif (par votre réaction), chose que vous ne pourrez faire. Insistez franchement sur la notion d’incontrôlable et la sensation de danger (tant pis pour votre crédibilité!). Ne permettez pas qu’on sous-estime votre phobie, imposez qu’elle soit respectée.
- un professionnel: votre meilleur allié avec entre autres deux thérapies jugées efficaces : l’hypnose humaniste et la psychothérapie cognitive-comportementale: kékécéca…: il s’agit de faire disparaitre les symptômes en se confrontant à la situation, par une exposition progressive…Et l’hypnose humaniste ? Contrairement à l’hypnose classique, vous restez actrice du processus, sans perte de conscience. Le thérapeute accompagne sans manipulation sur la conscience et vous décidez de l’avancement. Vous reprenez le contrôle sur l’objet.
Force et honneur à celles qui s’y confrontent au quotidien, occasionnellement, qui luttent pour elles-même, qui accompagnent leurs proches ou leurs enfants, qui savent le poids de la confiance et les ravages d’une terreur dévastatrice causée par une araignée, la foule, le pigeon, le téléphone, l’administratif (hé oui….), un ballon de baudruche, l’avion, l’école….
A 30 ans, le seul ballon translucide que je tolère et que j’accepte même volontiers, c’est mon petit ballon de rosé ! Celui-là je le garde, personne n’ira le proposer à mes enfants, m’assurant le contrôle optimal, la maitrise sereine de la matière et le plaisir des sens, transformant la sournoise phobie éternelle en pétillante folie occasionnelle !
Astrid de Rousiers
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