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Témoignages – "Se remarier quand on est veuve : le bonheur retrouvé"

 
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La perte d’un être cher est une épreuve que nous redoutons toutes. Nous sommes d’ailleurs nombreuses à nous poser cette question : « Que se passerait-il si mon mari mourait ? Serais-je capable d’aimer un autre homme et de refaire ma vie ? Le bonheur serait-il encore possible ? ».

Sans tabou, trois jeunes femmes dont nous tairons l’identité par discrétion, ayant toutes perdu leur mari de manière brutale et inattendue, ont accepté de répondre à nos questions. Elles nous dévoilent leur intimité, leur immense chagrin et leur combat. Elles nous montrent que la vie et l’amour restent plus fort que la mort, malgré tout.

Une fois votre mari décédé, pourriez-vous nous décrire les étapes par lesquelles on passe ?

A : Au décès de mon mari, nous étions parents de 3 jeunes enfants et attendions notre petit 4ème. À l’annonce de l’accident, ce fut un choc intérieur, un monde qui s’écroule, un cri de douleur, et malgré la chaleur de juin, un corps entier qui frissonne et un sang qui se glace. Ce soir-là, en quelques heures, notre vie bascule, l’incompréhension s’installe doucement pour durer quelques années.

Pendant ces mêmes heures, c’est tout un système d’entraide, de soutien, de prière, d’amour et d’affection qui se met en place autour de nous, alors que mes mots ne sortent qu’à peine. Je dois pourtant trouver le courage de parler à chacun de mes enfants et leur expliquer que « papa ne reviendra pas ». Leur force est impressionnante, chacun restant digne et trouvant eux-mêmes les mots pour réconforter leur maman en larmes.

Une situation injuste mais édifiante

La brutalité de ce drame nous permet, à l’inverse d’une longue maladie, de garder l’image magnifique d’un mari et père en pleine jeunesse, toujours souriant et heureux de vivre. Mais la finalité, si elle reste la même, ne mérite pas que l’on assiste à la lente souffrance de ses proches.

J’ai fait le choix de ne pas emmener les enfants à l’hôpital, ni même sur son lit de mort. Son visage n’était plus tout à fait le sien, l’accident et les réparations médicales l’avaient changé. Il n’était plus vraiment le même homme. Je ne regrette pas d’avoir préservé mes enfants. Ils ne garderont en mémoire que son beau visage.

Veuve : la question du pourquoi est double : Pourquoi est-il parti si jeune ? Pourquoi dois-je mettre au monde un enfant qui ne verra jamais son père ?

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B : Au début c’est très étrange. On avance dans le brouillard. J’étais capable de pleurer et de rire dans la même minute. À 28 ans, on a une force de vie incroyable qui nous pousse malgré nous à aller de l’avant. On ne réalise pas tout de suite. Je me suis jetée dans la vie, comme pour éviter de penser. La colère est une phase que j’ai longtemps connue mais un peu plus tard. J’étais en colère contre mon mari. Je lui en ai voulu de m’avoir   « laissée tomber » après une seule année de mariage et 7 ans en couple.

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C : Quand la nouvelle tombe par téléphone , au lever, je suis dans un état de véritable sidération. Je reçois la nouvelle sans presque aucune émotion. Il n’y a pas de larmes, pas de voix, pas de réaction. Je me recouche et ferme les yeux pour essayer de me rendormir. Je suis comme sonnée, sans raison, sans pensées, sans sentiments. Puis je me relève, je commence à trembler et décide d’appeler mon père au téléphone et lui annonce la nouvelle avec une voix quasi robotique.

Mon père arrive très rapidement et même en le voyant pleurer, les larmes ne montent pas. Il a dû m’habiller car je suis comme paralysée. Puis on part chercher ma mère à son travail et c’est au moment, où je suis avec mes deux parents, que tout se déclenche. Je balance mon corps, et j’ai cette impression d’un cœur arraché ; une impression de mourir. Mon corps me semble démembré ; tout est mort, paralysé. Je sais que cet état a duré longtemps et a été pour mes proches très impressionnant : ma maman a cru à cette expression « on peut mourir de tristesse ».

Une souffrance qui dure

Les jours suivants, les cris continuent encore. Je sens que ça n’est pas ma voix qui hurle mais mes entrailles. L’appétit est inexistant et le sommeil impossible. A ce moment-là, je suis encore en état de choc. Cet état durera jusqu’à ce que je vois le corps de mon mari. Avant cette « rencontre », je m’évanouis, je hurle de peur et me cache le visage. Mais quand je le touche enfin tout se calme, tout s’apaise. Le prêtre qui m’accompagne et que je connais bien, me dit :  « 2 corps se retrouvent ». Je caresse le visage de mon mari et ne lui lâche pas la main. Je lui dis des mots doux. Quand il faut partir, le départ est aussi violent que l’arrivée. Je veux rester avec lui dans ses bras car j’ai l’impression de l’avoir retrouvé et il a l’air si apaisé que j’espère qu’il se réveille.

L’enterrement est une nouvelle étape dans mon deuil. Je suis comme transportée par l’affection de mes proches et par les grâces célestes. Je ne vois personne et ne suis qu’avec mon mari.

Et après l’enterrement…

La vraie dépression commence à partir de ce moment-là. Tout me met en colère, je n’ai envie de rien sauf de mourir. Je n’ai ni appétit, ni envies. J’ai une peur bleue de me retrouver seule. Je passe par des crises de grande colère contre la vie, contre le bonheur des autres, contre mon mari et son abandon. Plus rien ne m’anime et je ne me reconnais plus, ne sais plus me définir.

Je passe par des états de grande fatigue, de douleur, d’amaigrissements, de colère, d’avancées, de retombées, de cris et d’apparition de petites joies. Période où chaque personne de mon entourage ne cesse de m’aimer et de me porter. J’apprends à ne vivre que dans le présent, au jour le jour « à chaque jour suffit sa peine », à profiter des mini joies. J’apprends à m’abandonner car que faire d’autre ? J’ai le choix de mourir ou de vivre. Alors je choisis la vie.

J’apprends aussi le fait qu’il ne reviendra pas et donc à me détacher physiquement d’un corps que j’ai tant aimé. J’oublie petit à petit son odeur, sa voix, son humour…

Le temps fait son œuvre mais aussi panse cette plaie. Deux sentiments s’affrontent avec le temps : la fierté d’avoir réussi à tenir mais la tristesse de laisser partir l’être aimé. Le souvenir s’évade et se décharge. Je me raccroche aux souvenirs heureux que j’ai eus avec mon mari, de tout mon cœur.

Le chemin de l’apaisement et du bonheur est tortueux, long et semé d’embûches mais possible. J’ai été suivie par une psychiatre pendant 3 ans. Sans elle, sans le Bon Dieu, sans la tendresse de mon entourage et sans ma pulsion de vie, je ne serais pas debout.

Veuve : avez-vous la Foi ? Si oui, quelle a été votre réaction vis à vis de Dieu ?

A : Nous sommes catholiques et jamais je n’ai reproché à Dieu ce départ. Pendant plusieurs mois, les messes restaient un moment douloureux, où souvenirs et tristesse étaient trop forts. Ces heures de prière me permettaient d’être en communion avec mon mari. Aujourd’hui encore, je le sens près de moi à l’église. A l’inverse de ces heures spirituelles, le quotidien d’une famille nombreuse s’installait tranquillement. Mes enfants restaient mon meilleur soutien, leurs petites joies, leurs sourires et leur force m’impressionnaient.

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B : Je suis très croyante. Mon mari l’était aussi. Cela m’a beaucoup aidé à traverser cette épreuve et je crois profondément que mon mari veille sur moi, encore aujourd’hui. J’ai reçu des signes de sa part, des clins d’œil de l’au-delà ou je ne sais comment appeler cet endroit où l’on va tous. Savoir qu’il est présent d’une manière ou d’une autre est une source inépuisable de force quand je suis malheureuse.

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La nuit spirituelle face à la souffrance

C : J’ai la foi et cette foi a, elle aussi, été touchée et ébranlée dans ce drame. Avec le deuil, j’ai connu une grande colère contre le bon Dieu car je me sens, à ce moment-là, abandonnée de Lui. Je ne crois plus en son Amour et une vraie nuit spirituelle s’installe. Le prêtre qui nous a mariés et qui a toujours été proche de nos deux familles est très présent et cette présence me rassure. Petit à petit, ma colère se calme et j’accorde mon pardon au bon Dieu.

J’arrive à un point de tristesse telle que je m’accroche de plus en plus à l’Amour du bon Dieu auquel je finis par re-croire. Je ne peux pas m’écarter du Bon Dieu puisque je crois en la vie éternelle et que je crois et espère que mon mari est avec Lui. En me séparant du bon Dieu, je me sépare de mon mari. Donc, ma réconciliation avec les 2 se fait de concert. Je ne crois pas avoir pu me relever aussi vite et aussi bien, sans l’aide de ma foi.

Pensez-vous que pour les femmes qui sont mamans, les enfants deviennent un soutien ou un poids ?

A :  Quand mon mari est mort, c’est l’enfant que j’attendais qui m’a redonné le courage, forcé à reprendre le dessus, avec ses sourires, ses premiers pas. Il était notre petit « enfant du ciel », dernier cadeau de mon mari.

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B : Mon mari est décédé alors que nous essayions d’avoir un bébé. Pendant les semaines qui ont suivi sa mort, je n’avais plus de règles. Chaque jour, je changeais d’avis sur la question. Parfois je priais pour être enceinte, pour garder mon mari avec moi à travers son enfant et parfois je me sentais terrifiée d’élever un bébé qui ne connaîtrait pas son père. Aujourd’hui je me dis qu’à 28 ans j’étais trop jeune pour assumer un enfant en plus de mon deuil et que le destin a voulu que je refasse ma vie.

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C : Quand l’annonce tombe, je suis très triste de ne pas avoir eu le temps d’attendre un enfant de mon mari. J’ai l’impression que notre amour n’aura pas eu de fruits et ô combien j’aurais voulu garder une partie de notre amour sur terre. Aujourd’hui, je pense que ma reconstruction a été plus simple que si j’avais eu des enfants. Mais, encore une fois, je ne pense pas qu’il y ait de situation idéale ; il m’est très difficile de répondre à cette question.

Quand vous êtes devenue veuve, la question du don d’organe s’est-elle posée ?

B : Oui. Je m’en souviens très bien car je me demande encore maintenant si j’ai pris la bonne décision. Quand les médecins m’ont posé la question, mes beaux-parents m’ont laissé libre de choisir et j’ai répondu « viscéralement non ». Ce sont les termes que j’ai utilisé avec un drôle de sens de l’humour certes mais voilà, je ne pouvais pas imaginer qu’on touche à son corps. Je n’étais pas préparée à devoir prendre une telle décision à seulement 28 ans.

Quelle a été la place de votre famille et votre belle-famille dans cette épreuve ?

A : L’aide particulièrement précieuse de ma famille et ma belle-famille m’a permis de ne pas sombrer, ne pas m’écrouler, ne pas me laisser aller, même si parfois nous avions besoin de nous retrouver simplement les enfants et moi, plus au calme. De ce fait, je n’ai pas eu besoin de me confier à un « professionnel ». Le simple contact avec mes sœurs ou belles-sœurs suffisait à me « rebooster ». Aujourd’hui, nous restons très proches de ma belle-famille, et y passons plusieurs semaines de vacances dans l’année.
Je reste attentive au lien entre mes enfants et mes beaux-parents, pour lesquels la déchirure a été toute aussi difficile. Ils ont besoin de retrouver leur fils à travers leurs petits-enfants.

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B : Ma famille est mon socle, ma force. Je suis retournée vivre quelques temps chez mes parents. Ma soeur était également très présente. Je n’étais jamais seule. Ils m’ont beaucoup soutenu, guidé, consolé.

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Un rôle essentiel pour traverser le drame

C : Ma famille, comme ma belle-famille, ont eu un rôle extrêmement important dans ma reconstruction. Je suis issue d’une famille nombreuse et soudée. Mes parents, chez qui j’ai vécu après le drame, ont été pour moi un appui vital. Chacun, à leur manière, m’ont fait renaître. La fille à qui ils avaient dit au revoir et qu’ils avaient marié dans la joie il y a quelques mois, cette fille qui les avait quittés pour son mari, est revenue chez eux morte de tristesse, dans un état infantile et sans défense.

Ils m’ont donc donné tout leur amour, leur sécurité, leur bienveillance et m’ont remise debout ; mon père a été d’un secours incroyable dans tout ce qui est administratif. Il m’a sécurisée. Ma mère m’a aimée de tout son amour maternel. Cette épreuve nous a énormément rapprochés et soudés. Mes 4 sœurs, mariées ou non, ont-elles aussi été un véritable appui pour moi.

J’ai toujours gardé avec ma belle-famille une relation équilibrée et adaptée. Au moment du deuil, j’avais plus besoin de l’affection de ma belle- mère que de ma mère. Je cherchais, à travers elle, mon mari. Nous avions besoin de nous voir, de nous prendre dans nos bras et de parler de celui qui nous manquait tant. Ils sont tout ce qui me reste de mon mari. Je suis tout ce qui leur reste de leur fils. Aujourd’hui, une affection indéfectible et fidèle nous lie.

Quel soutien vous ont apporté vos amis face à votre situation de veuve ?

A : Indépendamment de la famille, nous n’avons pas été délaissés de nos amis. Ils ont été d’une fidélité irréprochable et leur présence nous a permis d’avancer très entourés et sereinement.
Je ne peux que remercier tout ceux qui se sont manifestés, de près ou de loin. Cinq années se sont écoulées, dans un cercle bienveillant et d’une grande générosité de cœur.

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De vrais anges gardiens

B : Mes amis ont été absolument extraordinaires. Nous avions un groupe d’amis déjà très soudé mais après la mort de mon mari, nous avons été plus proches encore. Beaucoup m’ont surprise dans le bon sens. Nous avons fait corps ensemble. Ils sont venus lui dire au revoir à l’hôpital et m’ont soutenue à chaque moment. Je m’en rends compte aujourd’hui, j’étais surveillée de près par mes anges gardiens.

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C : Mes amis ont été fidèles et héroïques dans ce drame. Ils m’ont accompagnée pas à pas. On partageait, avec mon mari, le même groupe de copains. Cela m’a beaucoup aidé de pleurer avec eux son absence et de partager nos souvenirs. A côté, j’ai aussi d’autres amis moins proches de mon mari donc moins affectés par sa mort ; ce qui a été aussi, d’une certaine manière, très agréable car les moments avec eux semblaient plus légers. Une magnifique armée d’anges s’est créée autour de moi et je ne pourrais jamais exprimer assez ma gratitude et ma reconnaissance… C’est un trésor !

Veuve : quand envisage-t-on un « après », la possibilité de rencontrer un autre homme ?

A : Au cours de des années de « reconstruction », un couple de très fidèles amis a souhaité me présenter à quelqu’un, un homme célibataire, du même métier que mon mari, et qui, de ce fait, avait déjà compris notre douleur et nos difficultés dans cette épreuve.

De mon côté, la réflexion était engagée, un peu poussée, j’avoue, par mes garçons, très désireux d’avoir un « nouveau père ». Sans doute le besoin de nouveaux bras pour chahuter ou jouer au foot… besoin aussi d’une voix solide et la sécurité d’un homme à la maison. Ou tout simplement besoin de petits câlins du soir. Sans oublier l’envie de ne plus être des « enfants atypiques ». Donc, lorsque ce nouvel homme est entré à la maison pour faire leur connaissance, les garçons ont rapidement manifesté leur attachement à lui et ce fut tout aussi réciproque.

Ma réflexion devenait finalement plus simple, convaincue moi aussi qu’il est possible d’aimer deux hommes dans une vie. Bien sûr, leurs caractères sont différents et il faut apprendre à apprivoiser ce nouvel homme, accepter ses habitudes et ses choix, lui laisser toute sa place dans notre univers très marqué et respecter cette nouvelle personnalité. Il devait pouvoir lui aussi marquer notre maison de son emprunte.

Je pense indispensable d’éviter les comparaisons, du moins de ne jamais les évoquer. Ce qui permet de garder le souvenir encore plus intact et unique du 1er mari. La grande force de ce nouveau mari est d’aimer mes 4 enfants et de tout faire pour eux : les aider à grandir, partager leurs passions, trouver un moment pour chacun, vivre pleinement ce rôle de père de famille nombreuse.
Quant à moi, je mesure ma chance d’avoir pu retrouver en lui la joie d’attendre quelqu’un le soir, sortir à nouveau à deux, faire de nouveaux projets, et pouvoir compter sur lui.

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Une façon de traverser le deuil

B : A son décès, je me suis jetée dans la vie. Je sortais beaucoup, pas pour faire les 400 coups mais pour être entourée, me changer les idées. Très vite, j’ai fait une rencontre et très vite, je suis tombée amoureuse. Cette histoire n’a pas tenu dans le temps, bien entendu. Je ne m’étais pas laissée le temps ni l’espace de faire mon deuil. Aujourd’hui, je ne regrette rien, car même si cela ne s’est pas terminé comme je l’aurais voulu, cela m’a donné envie de vivre, de rire, d’être heureuse. Ce n’est qu’après cette rupture que je me suis écroulée. Là seulement, j’ai décidé de faire une thérapie. Deux semaines après la fin de celle-ci, j’ai rencontré mon mari actuel.

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C : Au départ, je ne pouvais pas envisager de me remarier car mon premier mari sera toujours en moi et mon amour pour lui ne pourra jamais s’arrêter. Ce que je peux dire, c’est que le temps panse les plaies et qu’il y a beaucoup d’étapes à traverser pour qu’un avenir autre se profile. Un avenir heureux avec un autre homme est impensable et inhumain au début. Puis, il y a un temps où l’être qui est parti nous échappe (sa voix, son odeur, ses réactions.). Son souvenir nous échappe. Mais jamais je n’ai pu l’oublier pour autant.

Après la colère, le manque, la douleur, l’amour refait surface. Petit à petit, j’ai réussi à me détacher matériellement et physiquement de mon mari et donc à lui dire au revoir. C’est aussi un effort de volonté et un acte de confiance à faire de refaire le pari du bonheur. Le bonheur, on le re-veut à un moment donné car on ne peut pas vivre malheureux et seul.

Pourriez-vous nous raconter comment vous avez rencontré votre 2ème mari ?

B : Aujourd’hui, j’ai retrouvé le bonheur. Il y a 3 ans, j’ai rencontré un homme merveilleux qui m’a donné le plus beau des cadeaux, un bébé aujourd’hui âgé de 10 mois. La naissance de mon fils a été un tournant dans ma vie, un bouleversement incroyable, une porte ouverte vers une nouvelle vie, loin des fantômes du passé. Je sais que mon premier mari a veillé sur ma grossesse et désormais, ma priorité numéro 1 c’est le bonheur de mon petit garçon. Il me donne une grande force. Je ne peux pas effacer ce que j’ai vécu. J’y pense encore très souvent mais d’une manière beaucoup plus sereine.

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De l’amitié à l’amour

C : Mon deuxième mari est un ami de toujours et aussi un des grands amis de mon premier mari. Il m’a donc connue jeune, mariée et veuve. Il a toujours été proche de moi dans mes différents états de vie et a vécu, de son côté, ce tsunami puisqu’il a enterré un de ses meilleurs amis. Nous avons été de grands amis avant de s’aimer et notre amour s’est construit petit à petit. C’est une histoire d’amour aussi belle que particulière.

Après un long chemin rempli d’ajustements, de guérison, de cicatrisation, de maturité, de bonheur et de pardon, nous nous sommes lancés dans l’aventure du mariage.
C’est le cœur prêt, guéri et en paix que j’ai dit OUI à ce nouveau chemin de vie qui s’est ouvert à moi et à nous. Quel chemin pour en arriver là ! La vie est belle et surprenante… Mon premier mari est toujours dans mon cœur et je pense que si j’en suis arrivée là, c’est qu’il veille merveilleusement sur sa femme. Je pense qu’il se réjouit de tout ça !

Quelle a été la réaction de votre entourage quand vous leur avez annoncé que veuve, vous aviez rencontré un autre homme ?

A : Nos deux familles ont parfaitement bien accepté l’arrivée de ce nouvel homme. Il garde sa place et nous suit bien volontiers chez mes beaux-parents. Nous réalisons combien cette belle-famille est généreuse et accueillante.

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B : Tout le monde est très heureux pour moi, pour nous. Son arrivée a permis aussi à ma famille de tourner la page, d’aller de l’avant, de retrouver de la légèreté. On partage un grand bonheur qui ressurgit sur chacun de nous.

Votre mari a-t-il l’impression de devoir vous partager avec un « fantôme » ? Quelle place a-t-il désormais dans votre vie ?

A : Nous n’effaçons pas le souvenir du défunt, au contraire, il vit toujours auprès de nous. Nous parlons de lui très régulièrement, évoquons nos souvenirs… et ses photos, plus ou moins discrètes, sont présentes dans chacune des pièces de la maison. Voilà six ans que nous sommes mariés, nous avons eu un petit 5ème, âgé de 4 ans aujourd’hui. Bien entendu, les enfants grandissants, et surtout à l’adolescence, quelques tensions apparaissent parfois et c’est mon rôle d’apaiser les choses, pour le bien-être de tous.

Curieusement, mes enfants se sont entourés d’amis « à leur image », ayant connu une situation identique. Sans systématiquement en parler, ils sont « rassurés » de constater qu’ils ne sont pas seuls à affronter cette épreuve. Ils ont su trouver leur équilibre dans les écoles et au sein du scoutisme, toujours écoutés et respectés dans leur tristesse.

Il reste évident que toutes les femmes n’ont pas l’envie de refaire leur vie. A chacune revient la réflexion et le choix. Les situations sont inégales : l’âge des femmes, l’âge des enfants, l’approbation des enfants… On ne peut que respecter leurs choix et leur deuil. Sachant qu’il n’est pas si évident de retrouver la bonne personne. Pour ma part, je ne peux que les encourager à partager de nouveau leur vie, sous le regard bienveillant de leur mari, monté au Ciel.

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Un dialogue nécessaire

B : Mon second mari n’a jamais eu l’impression de me partager avec un fantôme. Il comprend mes moments de tristesse à certaines périodes de l’année pour des dates anniversaire par exemple. Il m’écoute, me soutient et ne m’empêche jamais d’évoquer mon premier mari. Je pense que ces deux-là se seraient bien entendus. Un jour, je raconterai mon histoire à mon fils de la manière la plus simple et sincère possible pour qu’il n’y ait pas de sujet tabou entre nous.

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C : Mon mari est stable, courageux, optimiste et extrêmement adapté à la situation. Il m’a prise comme j’étais, avec mes blessures, ma force, ma tristesse et mes joies passées. Je suis admirative de sa capacité à essuyer mes larmes quand le souvenir de mon premier mari revient et à m’aimer entièrement. Mon premier mari a une place toute singulière dans notre couple. C’est un ange qui veille au-dessus de nous. Nous en parlons ensemble très naturellement et facilement. Ça n’a jamais été un sujet tabou.

L’équilibre et la volonté d’aimer et de se faire aimer sont difficiles à trouver au début mais, pas à pas, la confiance en soi retrouvée, le cœur peut repartir et être capable de se laisser aimer et aimer.
Le passé de beaucoup de personnes est rempli de fragilités et de faiblesses. Nous avons tous une part de notre passé qui nous a fragilisés mais qui nous a fait grandir.

Le futur appartient à la Providence. On ne sait jamais ce qui peut se passer alors je crois qu’il est bon d’apprendre à s’abandonner. C’est pourquoi j’aime tant cette phrase de Mère Teresa : « Le passé appartient à la Miséricorde, l’avenir à la Providence, le présent nous appartient ! ».

Lire également : Peut-on emmener ses enfants au cimetière ?

Perrine de Robien

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