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Dormir est important pour chacun d’entre nous. C’est même crucial pour notre santé. Le sommeil a un rôle dans de nombreuses fonctions biologiques. Les jeunes adultes, les parents et les bébés dorment. Certains plus et d’autres moins, à des rythmes différents, à des moments différents, mais tous dorment. Avec l’arrivée d’un bébé les rythmes de sommeil des jeunes adultes sont bouleversés, toute l’organisation du sommeil est modifiée.
Avant la naissance, les couples ont une organisation et une structure de leur sommeil de jeunes adultes. Les impératifs sociaux, le travail et les habitudes de vie, modèlent le rythme et les caractéristiques du sommeil en regard des besoins de chacun.
Les caractéristiques du sommeil peuvent se décrire au travers de différentes phases. Elles sont les mêmes tout au long de la vie, c’est leur durée et leur enchainement qui diffèrent au cours d’une même nuit, au cours de la vie et d’une personne à l’autre. Ces dernières décennies, le sommeil est devenu une problématique de santé importante et a fait l’objet de nombreuses études. Ces études permettent de dégager plusieurs points importants comme la description des différentes phases, les besoins des jeunes adultes et l’évolution des habitudes culturelles.
Lent, paradoxal, profond, ces différents stades du sommeil s’enchainent et se répètent au cours de la nuit. Elles ont chacune un rôle précis pour lequel de nombreuses découvertes restent à faire.
Le sommeil lent initie les différentes phases du cycle. Il apparait après une courte période de transition avec l’état de veille. Puis se poursuit par une phase plus profonde de plusieurs dizaines de minutes. Pendant cette phase de sommeil profond, le métabolisme ralentit, les muscles se relâchent. Un réveil brutal pendant cette phase de sommeil profond est difficile et souvent très perturbant.
Apparait ensuite le sommeil paradoxal. Cette phase est marquée par une importante activité cérébrale. C’est à ce moment que l’on fait les rêves les plus intenses. Cette phase marque une remontée vers l’éveil et sera suivie de l’éveil, d’un micro-réveil ou par une nouvelle phase de sommeil de transition. Être réveillé brutalement pendant cette phase de sommeil paradoxal est beaucoup moins perturbant.
Le sommeil va donc s’organiser en 3 à 6 cycles de 60 à 120 minutes. Les besoins de chacun vont être très variables en fonction de son activité mais aussi de son terrain génétique. Ainsi le sommeil va être régulé par l’homéostasie, les rythmes circadiens et l’exposition à la luminosité sous l’influence de différentes hormones. Vous ne pouvez pas choisir d’être du matin ou du soir, d’être un gros ou un petit dormeur … Cela fait partie de votre physiologie et nécessite donc pour chacun de prendre en compte ses besoins physiologiques de sommeil dans l’organisation de son rythme de vie. Enfin ça, c’est facile à dire … Si vous n’êtes pas du matin et que vous devez aller travailler tôt …
L’évolution des habitudes de vie, les changements liés notamment à l’omniprésence des écrans et des réseau sociaux dans notre quotidien ne facilitent pas le respect de ce besoin physiologique de sommeil. Les rythmes de vie effrénés de nombreux jeunes adultes associés aux différents facteurs perturbant le sommeil amènent à penser que les habitudes culturelles actuelles ne favorisent pas un sommeil de qualité et quantité suffisants. Ainsi, 13% des 25-45 le considère comme inutile et 45% pensent dormir moins que ce dont ils ont besoin.
Les futurs parents font partie de ces jeunes adultes. Leurs habitudes de sommeil et leur rythme ne peuvent qu’être perturbés et déstabilisés par l’arrivée d’un bébé. Bébé dont le sommeil est organisé sur des schémas bien différents.
Déjà in-utéro les bébés ont un rythme veille sommeil très différent du sommeil des jeunes adultes. Je ne sais pas vous mais mes enfants pouvaient rester calmes de longs moments lorsque j’étais en activité et s’agiter soudain au moment où je m’allongeais. Etaient-ils bercé par les mouvements ? C’est d’ailleurs un phénomène que l’on retrouve souvent après la naissance, les bébés se calment et s’endorment plus facilement dans le porte bébé, en poussette ou en voiture. Ils ont alors un rythme et des phases bien différents de ceux de leurs parents.
Le sommeil des bébés va progressivement évoluer pour ressembler à celui des adultes dans son organisation des phases vers 2 ans. Avant les cycles sont plus court d’environ 45 minutes et enchainent une phase de sommeil paradoxal, puis du sommeil lent et profond. Ce sommeil profond est à nouveau suivi de sommeil paradoxal puis le nourrisson va avoir une phase d’éveil ou de micro-éveil plus marquée que celle de l’adulte. Avec ce rythme, 50% du sommeil va être du sommeil paradoxal. Des études avec enregistrements du sommeil ont montré que quel que soit le lieu où l’enfant dort des temps d’éveil sont présents. Cependant certains bébés ont besoin d’attention de l’adulte pour se rendormir. Dans ces circonstances la présence du bébé au plus près de ses parents permet de diminuer l’épuisement.
Le rythme des moments de sommeil et d’éveil va lui aussi évoluer avec la croissance de l’enfant. Les nouveaux nés dorment 16 à 20h par jour sans faire de réelles différences entre le jour et la nuit.Le rythme circadien va s’installer progressivement pendant les 6 premiers mois. Principalement grâce à l’alternance jour nuit. C’est pour cette raison que l’on conseielle souvent de rester dans la pénombre la nuit lorsque l’on s’occupe de bébé, de limiter au maximum les sollicitations. Puis au contraire en journée de faire dormir bébé dans les pièces de vie et avec la lumière du jour. Certains enfants auront encore besoin de faire la sieste jusqu’à plus de 6 ans quand d’autres l’abandonneront vers 2 ans.
Les pédiatres s’accordent pour dire que faire ses nuits, c’est dormir 5h de suite. Des études récentes montrent qu’à tout âge, les bébés allaités ou non ont en moyenne la même durée de sommeil et le même nombre d’éveilsl. De plus, dans les sociétés traditionnelles, ou l’allaitement est la norme on constate que les enfants tètent la nuit en moyenne jusqu’à 18 mois.
Il y a sous cette question des nuits, une pression sociale importante, doublée de nombreux tabous. Ainsi la culture actuelle tend à faire penser qu’un « bon bébé » avec de « bons parents » fait rapidement ses nuits (12h de préférence) et qu’il dort bien sagement dans son lit. Mais l’observation de la réalité et les connaissances sur le rythme des bébés et leurs besoins physiologiques permet de dire que cela reste exceptionnel.
C’est une nouvelle approche du sommeil des bébés. Elle se définit par ce nouveau mot « Le dorm’allaitement » traduit du mot anglais « breastsleeping » et inventé par James McKenna spécialiste du sommeil et anthropologue. Ainsi, être tout prêt de sa maman et se réveiller fréquemment est bénéfique pour le bébé allaité. Cela lui permet d’avoir des tétées courtes et fréquentes, d’entretenir la lactation et d’avoir ainsi une croissance optimale. De plus la réponse rapide à ses besoins, la présence régulière et répétée de l’adulte qui prend soin de lui, lui permettent de développer un sentiment de sécurité pérenne pour l’avenir.
Et la bonne nouvelle, c’est que les hormones de l’allaitement favorisent une synchronisation des rythmes du sommeil de bébé et de sa maman. Cette synchronisation a même été observée chez certains pères. Ainsi les mères qui allaitent et dorment à proximité de leur bébé ont une durée de sommeil plus longue que celles qui donnent le biberon avec de plus grande phases de sommeil profond, ce qui leur apporte une meilleure récupération.
L’arrivée de bébé va fortement et durablement déstabiliser et modifier le sommeil de ses parents. Les besoins physiologiques du bébé, pour son alimentation, son développement et sa croissance impliquent des rythmes de sommeil très différents de ceux de l’adulte et rarement explicités dans notre société. Ne pas en tenir compte et ne pas se préparer à ces changements, c’est prendre le risque de s’épuiser, de ressentir de la frustration, de mettre le couple en danger. D’autres parents ont tenté différentes expériences pour vous.
C’est interdit en France, on en parle donc pas ou très peu. Et pourtant nombreux sont les parents qui épuisés finissent par prendre leur bébé dans leur lit. C’est là que la situation devient dangereuse et qu’il existe un réel risque de mort inattendue du nourrisson. En effet d’autres pays comme l’Angleterre appliquent une autre stratégie. Ils expliquent aux parents les conditions de sécurité à mettre en place. Il existe maintenant des lits pour bébé (invention scandinave) appelé lit en side-car qui permettent de pratiquer le co-dodo en toute sécurité. Certaines maternités en sont même équipées.
C’est même une recommandation de l’OMS qui préconise le partage de la chambre, c’est-à-dire l’installation du lit de bébé dans la chambre de ses parents jusqu’à 6 mois au moins. Cette option permet de coucher bébé en toute sécurité tout en le gardant très proche de ses parents. L’idéal reste de pouvoir coller le lit du bébé contre celui de ses parents. Bien sûr, la journée vous pouvez aussi garder votre bébé près de vous et notamment en utilisant beaucoup le portage.
Votre bébé a besoin de soin et de présence 24h sur 24 et 7 jours sur 7. S’occuper de lui, le nourrir, le porter, le bercer être présent à ses cotés de jour comme de nuit représente trop de travail pour une seule personne. Pour cette raison, l’allongement du congé paternité est une très bonne nouvelle, cela va vous permettre de vous organiser au mieux en couple pour être relais l’un de l’autre.
Je suis sûre que vous en avez déjà entendu parler, que cela vous a été suggéré par votre entourage, peut être vous êtes-vous laissé tenter ? Laissez votre bébé pleurer pour qu’il apprenne à s’endormir seul. La plupart de temps ça marche ! Et c’est ce qu’ont vécu de nombreux bébés depuis quelques générations. Mais des études récentes montrent que les bébés sont alors très stressés, ils ne le manifestent plus, mais le stress reste très présent. Ce qui a un impact sur leur développement et leur sentiment de sécurité. Ces méthodes ne sont donc pas une panacée.
IL existe 1001 façons de faire, d’harmoniser les besoins de bébé et ceux de ses parents. Devenir parents c’est renoncer aux grasses matinées et aux longues nuits. C’est découvrir une nouvelle façon de vivre et de dormir. J’ai rencontré un jour une maman de 3 enfants qui m’a dit « J’aime les tétées de nuit, c’est le moment où tout est calme, je savoure ce tête à tête avec ma dernière ». Je vous souhaite à vous aussi d’expérimenter ce bonheur, de vivre les tétées de la nuit, la quiétude de sentir son bébé proche de soi et serein. Je vous souhaite de trouver l’organisation qui vous conviendra. J’attends vos témoignages avec impatience
Sources : https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/sommeil
https://www.lllfrance.org/vous-informer/fonds-documentaire/autres-textes-lll/2023-le-dorm-allaitement-ou-comment-dorment-les-bebes