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"Mon enfant a été en Toute Petite Section"

 
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L’école à partir de deux ans semble une idée étrange pour ceux qui ont de douloureux souvenirs scolaires. « Pourquoi rallonger la durée des études ? Ils auront bien assez le temps ! ». D’autres, au contraire, sont enthousiastes : « Pourquoi attendre quand l’enfant est prêt ? ». Bref, les avis divergent ! Voici les réflexions de deux mamans qui sont passées par là et n’ont pas eu la même expérience…

Une expérience qui se passe bien

Sixte, le second fils d’Inès, est rentré en toute petite section à deux ans et demi dans une petite école de Bretagne. Il y avait une classe par niveau et faute d’élèves, ils avaient regroupé pour la première année les petits, moyens, grands en deux classes de triple niveau. Inès raconte : « Avec la TPS (trois par classe), ça faisait quand même quatre tranches d’âges différents pour une trentaine d’élèves. J’ai senti poindre l’inquiétude des maîtresses le jour de la rentrée ! Pour elles aussi, c’était nouveau ! Comment allait se passer l’année ? ».

Un souhait de l’enfant

« De mon côté, j’étais plutôt confiante, car mon fils était attiré par l’école pour faire comme son aîné. Il était tellement fier avec son petit cartable ! Comme il avait l’habitude d’aller à la garderie des journées complètes et qu’il connaissait déjà la maternelle pour y avoir accompagné son frère, il n’était pas impressionné. ».

Une maturité nécessaire

Même si Sixte avait un défaut de prononciation (zozotement de bébé) et peu de vocabulaire, ce qui aurait pu être un frein à sa sociabilisation scolaire, il avait beaucoup développé son côté moteur. « Débrouillard, agile, rien ne lui faisait peur ! C’était indispensable pour se retrouver dans la cour des grands… Il était aussi toujours partant pour apprendre et tester de nouvelles activités ! La garderie commençait d’ailleurs à l’ennuyer quand j’ai eu l’idée de l’inscrire en maternelle. J’avais eu le temps de m’occuper tranquillement de la propreté pendant l’été… Le timing était parfait : tout s’était fait en douceur ! ».

Un rythme à part

« La direction avait insisté pour que l’inscription ne se fasse que pour les quatre matinées. En aucun cas, je ne pouvais laisser Sixte à la cantine ou le faire revenir l’après-midi. Même si tout se passait bien ! Je pensais tout d’abord que cette interdiction était essentiellement motivée par la surcharge du triple niveau. Ce n’est qu’avec du recul que j’ai compris qu’elle visait principalement l’intérêt de l’enfant. La semaine était courte pour éviter la fatigue des touts-petits ! Le rythme de la crèche reste très différent du rythme scolaire… Une journée en garderie n’équivaut pas à une journée de maternelle ! ».

Grandir

« Ce ne sont pas forcément les activités qui l’ont finalement le plus marqué. J’ai trouvé qu’elles ressemblaient à ce qu’il avait expérimenté à la garderie, puisqu’il avait déjà peint de magnifiques œuvres sur des sujets donnés, collé des gommettes et écouté des histoires. Ses principales sources d’enrichissement ont été le respect des consignes (les fameuses « règles de la classe ») et l’interaction avec les enfants plus âgés. Dans cette école, ils ont eu la bonne idée d’instaurer un système de parrainage lié au triple niveau. Chaque grand était le « parrain » d’un petit ou tout-petit. Pour ce dernier, avoir quelqu’un sur qui s’appuyer était idéal pour se sentir en confiance ! Le grand progressait aussi en apprenant à reformuler les demandes de la maîtresse pour les expliquer à « son » petit (faisant ainsi un travail d’appropriation des consignes) et en le guidant dans ses premiers pas à l’école (responsabilisation). Finalement, tous les enfants ont beaucoup grandi cette année-là ! ».

Avec du recul

«  A mes yeux, le seul inconvénient est d’avoir quatre années de maternelle pendant lesquelles l’enfant risque de s’ennuyer. Quand il progresse vite et que l’enseignement n’est pas adapté, cela peut lui sembler long ! A cause d’un déménagement, Sixte a ensuite suivi une Petite Section « classique » en région parisienne. Il s’est retrouvé avec des enfants qui pleuraient et ne connaissaient pas les règles de vie. Jusque là, c’était normal. Sauf que tout au long de l’année, la maîtresse, le sachant autonome, l’a quelque peu délaissé pour s’occuper des enfants qui avaient plus de difficultés, oubliant de le « nourrir ». J’ai eu l’impression que cette année de PS avait été « perdue » pour lui, car j’ai vraiment senti qu’il s’y était ennuyé… Le cas aurait été différent s’il était resté dans la même école. ».

Une expérience qui se passe mal

Pour Géraldine, les choses ont été différentes. L’école avait pourtant une solide réputation pour sa classe de TPS en effectif réduit. « J’y ai inscrit ma fille aînée, Lucie, car des amies l’avaient fait pour leurs enfants et en étaient ravies. Elle avait tout juste 2 ans. Il était d’usage de les laisser toute la journée, mais j’ai préféré commencer en douceur par des matinées avec une sieste à la maison l’après-midi. ».

Un manque de maturité

« Je pensais que ma fille était mûre pour y aller, car elle passait déjà des journées complètes à la garderie et qu’elle y était très heureuse. Vive et curieuse de tout, elle en voulait toujours plus ! Une rentrée à l’école lui semblait adaptée… J’avais tout de même forcé la propreté pendant l’été et il lui arrivait encore d’avoir un accident ou deux en septembre. La directrice s’était montrée rassurante en me disant que c’était normal à cet âge-là et avait même insisté pour que je la laisse la journée complète. J’aurais dû sentir que c’était trop tôt. ».

La fatigue

« Un matin sur deux, j’avais droit à des pleurs. Ma fille ne voulait pas me quitter. Il lui arrivait de me réclamer en classe. Malgré tout, sa maîtresse me disait qu’elle participait aux activités avec plaisir. Le soir, je la récupérais fatiguée et irritable. Elle s’assoupissait souvent pendant que je préparais le dîner, puis refusait d’aller se coucher le moment venu ! Son rythme était décousu. ».

Des besoins spécifiques

« Un jour, quand je suis passée dans la rue de son école et que j’ai aperçu ma fille ayant du mal à monter les marches pour rejoindre sa classe, j’ai décidé de tout arrêter. Personne ne l’aidait. Je me suis sentie tellement triste pour elle ! J’ai réalisé qu’elle était encore petite et avait besoin d’être prise en compte individuellement, d’avancer à son rythme. Je n’ai rien à reprocher à l’équipe enseignante, qui a toujours été à l’écoute et bienveillante, mais ma fille n’était tout simplement pas prête ! Et je ne voulais surtout pas qu’elle soit dégoûtée de l’école ! »

Dans nos réflexions sur la toute petite section, n’oublions pas la sécurité affective et la maturité qui sont propres à chaque enfant. Pour certains, décaler la rentrée en janvier est une bonne solution, car quatre mois supplémentaires de garderie aident à bien grandir !

© photo  Anne Claire Colombel

Laetitia d’Herouville

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