Les écrans… vaste sujet s’il en est qui provoque souvent des sentiments bien mitigés dans nos cœurs de parents. Tout le monde nous dit que ce n’est pas vraiment une bonne idée pour nos enfants que de leur proposer régulièrement d’avoir accès à un ordinateur, une télévision, un téléphone, une console. Pourtant, parfois, reconnaissons que c’est quand même bien pratique de pouvoir les « confier » à la baby-sitter virtuelle. Le moment de calme gagné en vaut-il la peine réellement ?
Les études scientifiques sont nombreuses et unanimes : la surexposition aux écrans a des conséquences réelles sur le développement des enfants. Chez Maman Vogue, nous sommes toutes mamans. Et nous savons bien que parfois, on a le sentiment de ne pas avoir d’autre choix, de ne pas pouvoir nous en sortir sans donner notre téléphone aux enfants pour obtenir la paix. Alors nous avons fait le point sur ce qu’engendre vraiment une exposition aux écrans. Notre objectif ici n’est pas de culpabiliser, mais d’éclairer sur les impacts concrets et documentés de cette problématique.
Plusieurs études ont mis en évidence les effets néfastes d’une exposition excessive aux écrans sur le développement cognitif des enfants. Par exemple, l’étude menée par Jonathan Bernard et son équipe (Inserm) sur 14 000 enfants de la cohorte française Elfe* analyse l’impact de l’exposition précoce aux écrans sur le développement cognitif entre 2 et 5,5 ans. Les résultats montrent une relation négative entre le temps d’écran et certaines capacités cognitives. On parle notamment de la motricité fine, du langage et de l’autonomie. Cependant, cet effet est atténué lorsqu’on prend en compte le cadre de vie familial qui est effectivement l’un des premier facteur du développement de l’enfant. En résumé, dans les familles où l’on parle aux enfants, où les activités manuelles et physiques sont plus nombreuses que le temps d’écran, leurs effets négatifs sont plus limités.
Un facteur particulièrement préoccupant est l’exposition à la télévision pendant les repas familiaux à 2 ans, qui est associée à un retard du développement du langage et à un impact négatif sur la cognition globale à 3,5 ans. L’étude souligne que ce n’est pas seulement le temps d’écran qui compte, mais aussi le contexte d’utilisation.
L’augmentation de l’exposition des jeunes enfants aux écrans, amplifiée par la pandémie de COVID-19, suscite des préoccupations sur leur impact sur le développement cognitif certes mais aussi le développement psychosocial et physique. Une mise à jour des recommandations de la Société canadienne de pédiatrie (SCP) souligne les quatre principes clés pour une utilisation saine des écrans:
Les études montrent que l’exposition précoce aux écrans peut nuire au langage, à l’attention, à la cognition et aux interactions sociales. Sans surprise, les enfants de moins de 5 ans apprennent mieux par des interactions directes avec les adultes que par les médias numériques. Une forte exposition peut entraîner des retards de langage, une diminution de l’attention et une altération des fonctions exécutives. Les écrans en arrière-plan réduisent également la qualité des interactions parent-enfant et les opportunités d’apprentissage.
Cependant, certaines utilisations encadrées des écrans peuvent être bénéfiques. Les contenus éducatifs de qualité, regardés avec un adulte, peuvent favoriser l’apprentissage du langage et des compétences sociales. Le vidéobavardage et les applications interactives adaptées à l’âge sont également des outils positifs.
La SCP recommande de limiter le temps d’écran à une heure par jour pour les 2-5 ans et de l’éviter totalement avant 2 ans, sauf pour le vidéobavardage. Il est aussi conseillé d’éteindre les écrans au moins une heure avant le coucher, d’éviter l’exposition à la publicité et de privilégier des contenus adaptés.
Enfin, et il semblerait que cela soit l’un des points de vigilance les plus forts: les parents doivent montrer l’exemple ! A nous parents de réduire notre propre utilisation des écrans, en favorisant les activités interactives et en instaurant des moments sans écran, comme les repas familiaux et le temps de jeu.
Outre les impacts cognitifs et sociaux, l’usage excessif des écrans chez les enfants (mais aussi leurs parents !) peut avoir plusieurs effets négatifs sur leur santé physique.
Une étude publiée le 21 février 2025 dans la revue Jama Network Open révèle que chaque heure supplémentaire passée devant un écran augmente le risque de myopie chez les enfants et adolescents. Des chercheurs sud-coréens de la Seoul National University College of Medicine ont analysé 45 études regroupant 335 524 jeunes âgés de 2 à 17 ans. Les résultats montrent une corrélation claire entre le temps d’écran et la myopie. Une exposition quotidienne comprise entre 1 et 4 heures augmente significativement le risque, avec une hausse de 5 % pour 1 heure d’écran et de 97 % pour 4 heures. Au-delà de cette durée, le risque continue d’augmenter mais de manière plus progressive. Pour les enfants déjà myopes, 1 heure supplémentaire d’écran quotidien accroît le risque d’aggravation de 54 %.
Cependant, les auteurs soulignent que la myopie est multifactorielle, influencée également par la génétique, l’environnement et les habitudes de vie. Ils recommandent de ne pas considérer l’écran comme l’unique responsable, mais d’adopter une stratégie globale, incluant la réduction du travail de près et l’augmentation du temps passé en extérieur, qui est bénéfique pour la santé visuelle.
Le temps passé devant les écrans réduit les opportunités d’activité physique, essentielle au bon développement des enfants. Avant la pandémie, seulement 15 % des enfants de 3 à 4 ans respectaient les recommandations d’au moins 180 minutes d’activité physique par jour et de moins d’une heure d’écran. Une surconsommation des écrans entraîne une diminution des mouvements actifs et une altération des habiletés motrices fondamentales. Une forte exposition aux écrans dès l’âge de trois ans est associée à des capacités motrices plus faibles, notamment chez les garçons. Les enfants exposés de façon prolongée aux écrans développent moins de coordination et dextérité manuelle, ce qui peut affecter leur autonomie et leurs compétences physiques. (Source)
Les enfants passant beaucoup de temps devant les écrans sont plus enclins à grignoter en raison de l’exposition fréquente aux publicités alimentaires, en particulier celles promouvant des produits riches en sucre et en gras. Une étude a révélé que 24 % des Français déclarent consommer davantage de confiseries, sodas et snacks lors de leurs activités numériques. Ce comportement alimentaire déséquilibré, combiné à une diminution de l’activité physique, peut entraîner une prise de poids et un risque accru d’obésité.
Le temps d’écran excessif, en particulier avant le coucher, perturbe la qualité et la quantité de sommeil. En France, 33 % des enfants de 0 à 4 ans utilisent les écrans dans l’heure précédant le coucher, et 24 % après l’extinction des lumières. Cependant, il n’est de secret pour personne que l’exposition aux écrans en soirée entraîne :
Ce phénomène est en partie dû à la lumière bleue émise par les écrans, qui supprime la mélatonine, l’hormone du sommeil. Un sommeil perturbé affecte le développement cognitif, l’attention et le bien-être général des enfants.
Face à ces constats, des organismes de santé internationaux ont émis des recommandations pour limiter l’exposition des jeunes enfants aux écrans. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) conseille que les enfants âgés de 2 à 5 ans ne passent pas plus d’une heure par jour devant un écran. Elle recommande d’éviter totalement l’exposition aux écrans pour les enfants de moins de 2 ans (Voir les recommandations).
En France, on connaît de plus en plus la règle des 3-6-9-12 à destination des parents, développée par Serge Tisseron**
Nous mettons ici le contenu de cette règle qui vient directement du site drogues.gouv.fr
Les études scientifiques sont unanimes : une exposition excessive aux écrans impacte négativement le développement cognitif, les compétences sociales et la santé physique des enfants. Loin d’être un simple débat d’opinion, ces données doivent nous inciter à une réflexion approfondie sur nos pratiques et celles que nous inculquons à nos enfants.
En tant que parents, éducateurs, professionnels de l’enfance, de l’éducation et de la santé, il est essentiel de prendre en compte ces recherches pour adapter nos modes de vie. Proposer des alternatives enrichissantes aux plus jeunes est possible ! Plutôt que d’interdire totalement et de faire des écrans un sujet tabou, l’objectif est d’encadrer et de limiter leur usage pour préserver un équilibre de vie sain.
*Elfe est la première étude longitudinale française d’envergure nationale consacrée au suivi des enfants de la naissance à l’âge adulte. Plus de 18 000 enfants nés en France métropolitaine en 2011 ont été inclus dans l’étude (soit 1 enfant sur 50 parmi les naissances de 2011). Depuis le premier contact avec les familles à la maternité, les parents participant sont régulièrement interrogés pour mieux comprendre comment l’environnement, l’entourage familial et les conditions de vie influencent le développement, la santé et la socialisation des enfants. L’étude Elfe mobilise environ 150 chercheurs appartenant à diverses disciplines scientifiques. Source: Inserm
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