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S’écouter et se chercher, deux expressions particulièrement mal vues aujourd’hui. On s’écoute et on se cherche forcément trop. Quelqu’un qui s’écoute est forcément nombriliste, tergiverse trop. Quelqu’un qui se cherche est louche, bizarre, troublé. Un parent est censé être un adulte accompli, cadré, droit dans ses bottes. Nous avons souvent reçu l’image du parent qui incarne essentiellement une autorité, une personne qui sait très bien qui elle est, se conditionne pour offrir un cadre clair et solide à ses enfants. Un parent se doit d’être un rempart sécuritaire alors comment pourrait-il s’écouter et se chercher ?
Et pourtant, dans un monde aux multiples injonctions, aux diverses casquettes, aux réseaux sociaux de masse et qui tourne à une vitesse effrénée, s’écouter est salvateur. S’écouter pour se connecter à soi-même et ensuite aux autres. Pour définir ses priorités et être le parent que l’on veut être – non celui que les autres veulent qu’on soit. S’écouter ce n’est pas forcément se poser 10 000 questions existentielles qui ne mènent à rien mais c’est aussi se donner la chance de remettre en question ce que l’on reçoit (qu’elle qu’en soit la source) et de rester attentif à notre petite voix intérieure. S’écouter pour décider que l’allaitement ne nous convient pas, s’écouter pour accepter que la tétine c’est ok si ça sauve nos nuits et que ça soulage un enfant. S’écouter aussi pour se lire un peu mieux, voir clair dans les signaux de notre corps ou de notre mental pour savoir dire stop. S’écouter c’est une façon de replacer l’église au centre du village, de se reconnecter à ses priorités. Un parent qui s’écoute multiplie ses chances d’aligner ses actes avec ses souhaits intimes, personnels et uniques. S’écouter c’est aussi pour se rappeler qu’avant la nourriture bio, les 15 activités périscolaires et les dernières baskets à la mode, incarner un adulte cohérent, c’est le premier beau cadeau à faire à son enfant.
Se chercher pour expérimenter. Une famille n’est pas une entité figée, réglée par des fils invisibles qui guident les relations et les gestes entre les uns et les autres. Elle est une matière mouvante qui se renouvelle à l’arrivée de chaque enfant, aux passages de la vie, à ses saisons. Au sein de cet ensemble éternellement imparfait et pourtant si fertile, la parentalité n’est pas linéaire. Elle est le fruit de la rencontre entre plusieurs personnes qui elles-mêmes sont en constante révolution et elle se dessine selon les contours de chacun. Une maman vit les phases de sa propre vie en accompagnant le développement de ses propres enfants. Une maman passe aussi par des hauts et des bas, elle tâtonne, essaie et se réinvente. Se chercher est un exercice sain qui trouve sa source dans sa confrontation aux autres et à soi-même. Avec mon ado qui ne me parle plus, quel nouveau chemin de communication inventer ? Avec toute cette marmaille en bas âge se consume mon énergie et ma patience, comment ne pas me perdre dans la gestion de mon quotidien ?
Se chercher c’est faire confiance à ses enfants pour essayer des choses avec nous et ne pas les tenir pour immuables. J’entends souvent mes amies confier combien elles se sentent prisonnières des consignes ou du cadre qu’elles ont établis avec leurs enfants et combien elles craignent de l’envoyer valser de peur de bouleverser tout le monde ou de créer les conditions du chaos. Pour ma part, j’ai observé que mes enfants font très bien la part des choses entre l’exceptionnel et le régulier, entre les vacances et le temps scolaire. J’ai aussi remarqué qu’ils sont souvent prolixes quand il s’agit de réinventer le cadre de la vie de famille et que toutes leurs idées ne sont pas à jeter.
S’écouter et se chercher : dans cette belle expression, se cache un adulte qui cherche à s’accepter et un parent qui souhaite faire du mieux qu’il peut.
Crédit photo : @emoi-emoi.com
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