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On ne compte plus le nombre de débats, de bouquins, d’articles, de comptes sur les réseaux sociaux qui s’attachent à ces maux du siècle que sont la charge mentale dans le couple et sa répartition. Plusieurs clichés s’illustrent : des conjoints absents et presque infantilisés ne sachant plus prendre une décision aussi simple que choisir une brique de lait, des femmes au bout du rouleau submergées par les multiples choses à penser, des hommes parfaits qui assurent les réunions parents – professeurs avec leur porte-bébé, des épouses qui rivalisent de créativité pour établir des plannings familiaux dantesques,… Bref. cela alimente des sentiments très extrêmes : la peur, la jalousie, la fierté, la rancœur,… Alors de notre côté, nous avons réfléchi à quelques principes de bon sens pour se répartir ou s’alléger la charge de la famille et de la maison et retrouver un peu de paix.
Notre société hédoniste a relégué au rang de tâches subalternes tout ce qui concerne la maison. Ça ne fait pas bien d’être au foyer, d’aimer prendre soin de son chez soi ou d’avoir le goût de certaines choses simples comme de cuisiner des coquillettes qui font plaisir à la famille. Organiser les RDVs médicaux, les sorties, les dîners, est-ce que ce n’est pas être un peu la secrétaire de la famille après tout ? Et que vaut de faire la cuisine si le résultat n’est pas digne de Bocuse ? De lire Pat’ patrouille au lieu des histoires recommandées par les pédopsychiatres ? Voilà l’image que nous renvoie parfois la société moderne. Il faut faire beaucoup discrètement et bien.
Mais il y a une grâce à prendre soin de sa famille et de son foyer. Il y a beaucoup de beauté et d’amour dans tous ces petits gestes transparents du quotidien qui ne visent que le bien-être de chacun et l’harmonie entre tous. La paix d’un foyer et d’une famille c’est aussi une infrastructure qui marche, grâce à des petites mains qui s’affairent en silence. La base de l’harmonie ce sont ces attentions banalisées mais tellement nécessaires.
Parmi la liste de tout ce qu’il y a soit disant à faire, vous êtes-vous déjà assis pour vous demander en couple ce qui comptait vraiment ? N’oubliez pas de lister ce qui compte vraiment pour la famille et ce qui compte aussi individuellement pour chacun. Des repas équilibrés ? Un intérieur rangé ? Un suivi régulier chez le médecin ? Des principes de réduction des déchets au quotidien ? Une vie sportive, spirituelle, intellectuelle ? La propreté ? Les vêtements repassés ? Et pour vous : du silence ? Du temps pour un hobby ? Plus d’implication dans votre travail ? Des moments avec vos amis ? Des moments de qualité ensemble ?
Hiérarchisez séparément puis en couple, voire en famille si vos enfants ont l’âge de le faire, ce qui doit constituer une priorité pour votre équilibre familial. De cette liste dépendra la jauge de temps et d’importance que vous accorderez à chaque tâche. Vous serez curieux de constater que certaines choses sortent comme par magie de vos préoccupations quand vous prenez le temps de vous poser simplement la question (par exemple, ai-je absolument besoin ou envie de repasser les vêtements de mes enfants pour l’école et la garderie ?).
Quoi qu’on fasse, même avec le plus grand lâcher prise possible, il restera des incompressibles : les estomacs doivent se remplir et on ne peut pas sortir de chez nous nus. Il faudra donc faire les courses, cuisiner et laver vos vêtements, a minima. Il y a aussi les obligations de rang 2 : les rdv chez le médecin, les conduites, le suivi administratif, les sacs de piscine,… Quelques principes pour vous partager tout ça :
Non, le ménage n’est pas réservé aux femmes et l’administratif aux hommes. Ce n’est pas parce que vous n’avez jamais vu votre père lancer une machine que votre mari en est incapable. Repasser n’est pas moins reluisant que de faire la cuisine. Efforcez-vous de déconstruire vos images mentales pour inventer un modèle qui sera uniquement le vôtre. Accompagnez aussi votre conjoint, vous ne l’émasculerez pas en lui demandant de contribuer. Au contraire, vous valoriserez son apport au bien-être familial. Une bonne façon pour y arriver est d’interroger ses certitudes : est-ce que je refuse le repassage parce que ça m’ennuie terriblement ou parce que j’ai une image mentale négative qui y est associée ? Quelle est le sentiment qu’éveille chez moi une maman au service de son foyer ? Un papa qui change les couches ? …
Pour vous répartir les tâches, utilisez deux critères :
Je pense que nous allons nous attirer les foudres des féministes mais le vrai 50/50 n’existe pas. Cette quête permanente de l’équité parfaite est une des sources principales des conflits de couple ou de famille. Le 50/50, c’est une chimère mouvante. Parfois vous en ferez plus que lui, parfois il assurera mieux que vous. Si vous commencez à compter les points, vous allez tomber dans la comparaison constante ; vous risquez de mettre l’accent sur tout ce qui ne va pas au lieu de valoriser ce qui est fait. Le 50/50 ne se mesure pas, il n’est question que de perceptions, une heure de ménage n’équivaut pas à une heure de cuisine. Donc répartissez-vous les tâches dans un équilibre qui vous semble correct à tous les deux et surtout atteignable !
Cette section sera courte car elle fera l’objet d’un autre article. Mais pour bien vivre sa charge mentale, nous vous conseillons de vous fier au bon vieux principe « Celui qui fait est aussi celui qui décide quand il fait ». En bonne intelligence bien sûr. Un coup d’aspirateur passé quand votre conjoint a enfin réussi à coucher les enfants au bout de 4 histoires, c’est pas vraiment la bonne idée. Mais si vous vous sentez de faire vos courses un soir de semaine lors d’une nocturne pour éviter le monde du week-end, allez-y ; de ne lancer des machines que la semaine pour éviter la vision du linge étendu le week-end, c’est vous qui choisissez.
Il y a un énorme écart de traitement entre les hommes et les femmes dans la gestion des tâches ménagères ou des enfants. L’exemple le plus criant : un papa qui part plus tôt du bureau pour aller chercher un enfant c’est un héros des temps modernes, une maman c’est au mieux normal, au pire la preuve qu’elle ne sait pas gérer. Juste un exemple qui montre que la société nous juge assez durement pour que nous fassions preuve de bienveillance à la maison.
On oublie souvent de valoriser les tâches ou les actions menées par nos conjoint(e)s sous prétexte qu’elles nous semblent aller de soi. Après tout, c’est comme ça qu’on s’est répartis le boulot. Oui mais non, gardons en tête que même si on s’était mis d’accord, chaque tâche est un service qui nous est rendu. Et ça vaut bien un petit merci voire une bonne valorisation. Merci d’avoir repassé mes chemises pour ma semaine de boulot, je peux me sortir ça de la tête et je suis garanti d’être nickel pour aller au bureau. Merci pour ce dîner super simple qui nous permet de papoter autour d’un bon plat. Et merci pour cette maison rangée où il fait bon se reposer le week-end.
Bref, dites-vous mutuellement merci, ayez une reconnaissance sincère pour les services qui vous sont rendus et n’oubliez pas de mettre l’accent sur ce qui est fait et sur les bienfaits que vous en retirez.
Enfin, n’oubliez pas que la charge mentale est une matière changeante, elle est light un jour, énorme un autre. Elle suivra les différentes phases de votre vie. Et vous aussi vous allez changer, vous allez traverser différentes phases. Alors gardez toujours la porte ouverte à la discussion et n’hésitez pas à tirer calmement la sonnette d’alarme si besoin.