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Quand on a 4 enfants (9, 7, 2 ans et 3 mois) et un chien (ça compte !!), une telle annonce n’est pas anodine. Papa s’est vu proposer un poste dans la campagne anglaise, nous avons pesé le pour et le « moins pour » et avons finalement décidé de tenter l’aventure.
Avant le départ, il y a la culpabilité: les enfants vont quitter leurs amis, leurs repères, ils ne parlent pas un mot d’anglais et ne connaissent pas cette culture. Il y a l’appréhension de passer à côté d’un événement familial important, heureux ou moins heureux ; il faut alors relativiser la distance (être de l’autre côté de la Manche ou de l’autre côté de la France n’est en fait pas très différent). Il y a toutes les démarches à entreprendre : organiser un déménagement vers l’étranger, trouver un logement, une école primaire et une crèche, comprendre leur fonctionnement, voir pour le suivi médical de la (toute) Petite Dernière, le tout à gérer au téléphone dans la langue de Shakespeare (ouf, je me débrouille!!). Il y a les commentaires des proches allant de « Mais c’est génial!! » à « Vous êtes sûrs que ça ne va pas poser de problème aux enfants dans leur scolarité, surtout au retour ? » (Euh, non, nous ne sommes sûrs de rien…!), ou encore « Ça va être horriiiiiiiible pour eux d’aller à l’école, ils ne vont rien comprendre !! J’espère qu’ils vont y arriver ! » (Merci oui, nous sommes des bourreaux d’enfants…!!), « Et la conduite à gauche?! Vous y avez pensé?!! », en passant par le très rassurant « C’est tentant mais moi je ne me lancerais jamais là dedans !! »…
Il y a à se projeter dans un nouveau quotidien de maman au foyer (je suis professeur des écoles et nous avions décidé que je prendrai un congé parental de 3 ans, ça tombe bien !!) : avec 4 enfants, on apprécie d’avoir ses repères pour le shopping (le plein hebdomadaire, le petit traiteur sympa et qui livre, la boutique où l’on sait qu’on va trouver une bricole pour l’anniversaire de Belle Maman !), les démarches diverses (poste, pharmacie, etc…), les balades pas loin pour les Petits, bref toutes ces choses qui occupent nos journées et les rendent plus simples à gérer !
Mais c’est décidé, nous partons !
Et après presque 2 années sur place, le bilan est bien au-delà de ce dont on aurait pu rêver !! Les enfants ont été accueillis à bras ouverts dans une petite école de campagne extraordinaire, où s’instruire rime avec plaisir, où l’uniforme met tout le monde à la même enseigne pour mieux donner à chacun ses chances de s’épanouir, leurs professeurs les ont accompagnés en douceur dans l’apprentissage de la langue anglaise (ils parlent et écrivent aujourd’hui couramment pour les 2 Grands, et parlent de mieux en mieux pour les 2 Petits), en un mot ils sont très heureux ! Pour faciliter leur retour dans le système scolaire français, nous avons choisi de leur faire suivre depuis cette année les cours par correspondance du CNED (un programme adapté aux enfants suivant une scolarité à l’étranger, focalisé sur le français, les maths et l’histoire géographie) et, même si c’est contraignant, ça fonctionne ! Par ailleurs, à la maison, nous parlons français et ils bouquinent énormément, ce qui leur permet de maintenir leur niveau écrit et oral dans leur langue maternelle. Ils ont des amis ici et correspondent toujours avec leurs amis de France, ce qui est important pour eux (merci Internet !).
Ils font des activités extra scolaires, sont invités aux anniversaires et invitent leurs amis, en un mot une vie « normale » d’enfants de leur âge! Nous avons tous pris nos marques, comme par exemple quelques nouveaux aliments (non, la nourriture anglaise n’est pas abominable comme on le dit!) ou encore de nouveaux horaires puisqu’ici le « tea time » est à 17h30 et qu’il ne s’agit pas de boire un thé mais bien de dîner !
Le fait d’être dans un nouvel environnement nous donne la bougeotte et nous partons régulièrement en vadrouille, de Londres à Belfast en passant par la Chaussée des Géants ou les jardins anglais ! Nous avons aussi eu plusieurs fois l’occasion d’accueillir famille et amis pour leur faire découvrir notre « ailleurs ». Et même le chien s’y est mis et aboie maintenant en anglais !
Cette aventure a demandé à chacun, Petits et Grands, de prendre des risques, d’oser, de se lancer, de se remettre en question parfois. Nous avons redécouvert l’importance du noyau familial, puisque c’est le seul repère connu sur lequel chacun a pu s’appuyer en arrivant. La curiosité et l’ouverture d’esprit sont chaque jour sollicitées, ce qui est au moins aussi important que l’apprentissage d’une nouvelle langue pour les enfants.
Le facteur « chance » joue certes (une belle école, un logement agréable, des personnes sympathiques), mais il ne fait pas tout. Avec un peu de recul je suis intimement persuadée que si on joue vraiment le jeu, en acceptant de vivre « comme eux », sans chercher à trouver une communauté française locale (inexistante ici de toute façon !!), en s’immergeant vraiment (école, amis, activités, commerces) et en entourant pas à pas les enfants pour qu’ils s’adaptent avec confiance et douceur, on met toutes les chances de son côté ! L’Angleterre n’est pas le bout du monde, mais c’est un autre monde, une belle expérience d’expatriation en famille, pour nous c’est certain.
Un grand enrichissement personnel et culturel pour chacun, une belle aventure ensemble, que je vous encourage à tenter si l’occasion se présente !
Jane-Flore
*la photo principale ne correspond pas à la famille qui témoigne.
Credit photo : ©Nathalie Coster pour MAMAN VOGUE