Publié
Etre père au foyer. J’ai pris la décision d’être père au foyer entre deux jobs. Cela nous est apparu comme une évidence. Ma femme venait d’être mutée, avec le déménagement, l’installation, et les enfants en bas âges, il y avait toute une logistique à gérer. Et puis financièrement, il fallait que nous fassions des concessions. C’est ce que je croyais au début. Ça a duré trois ans, le temps que le plus jeune ne rentre en maternelle.
Etre père au foyer, je voyais cela effectivement comme une concession. Et puis très vite, j’ai pris mes marques. Faire les accompagnements à l’école, faire les courses, m’occuper de nos deux enfants plus jeunes à la maison, changer des couches, enfiler des bodys, donner des biberons, vider des machines, en faire tourner d’autres, aller chez le pédiatre… Je ne me suis pas senti diminué dans mon rôle d’époux ni d’homme. Bien au contraire, j’ai épaulé ma femme, j’ai pris soin de ma famille à un moment où nous en avions besoin. J’ai créé une relation plus proche avec mes enfants que je n’avais jusque-là. J’ai aimé être à la sortie des classes, discuter avec les maîtresses, les emmener au parc, donner les bains, préparer les repas. J’ai aimé voir grandir mes enfants. Au quotidien.
Etre au foyer. Comme dans n’importe quel quotidien, il y a bien évidemment des jours avec et des jours sans. Mais en regardant en arrière, je suis heureux et fier d’avoir pu être là, tout simplement. De mieux comprendre mes enfants, de mieux les aider, de mieux les accompagner pour qu’ils s’épanouissent.
Etre père.Je ne pense pas être meilleur qu’une mère au foyer. Nous avons chacun nos manières de faire, une approche différente de la parentalité, et c’est une richesse. J’aime cette différence, cette richesse, cette complémentarité. L’un ne peut remplacer l’autre. Mais ils ont la chance d’exister.
Etre un homme. Ce n’est pas parce que je suis un père au foyer que je ne remplis pas mon rôle de chef de famille. Je l’ai fait par un autre biais. Qui ne se mesure pas financièrement – on n’est pas payé pour s’occuper de ses enfants (les députés devraient d’ailleurs se pencher sur cette question, mais c’est un autre débat) – mais qui est inestimable d’un point de vue affectif et éducatif. Comme dirait une célèbre publicité pour une marque de carte bleue, « ça n’a pas de prix ».
Heureux. Oui, j’ai aimé cette période de ma vie. Et je conseille à tous les pères de prendre cette chance qui leur est offerte. Comme n’importe quel job, au début, on est un peu gauche, on oublie pas mal de choses, mais avec l’expérience, on s’améliore, on apprend et on se dépasse. J’ai rencontré d’autres pères (peu, mais il y en a) qui ont trouvé cela vraiment horrible.
Debout. Mais encore une fois, que ce soit pour une mère ou pour un père, quand on subit une situation, on est rarement bon. En faire un choix, une chance change tout. Votre image de vous-même, celle que vous renvoyez aux autres – votre épouse, vos enfants, vos proches. Cela pourrait finalement être un mantra de toute une vie. Parfois la vie décide pour nous de prendre tel ou tel chemin, à nous d’en faire quelque chose de positif, d’exceptionnel.
Credit photo ©Philippine Chauvin pour MAMAN VOGUE