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Faire de longues études et avoir des enfants, est-ce compatible ?

 
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Se sentir épanouie dans sa vie personnelle autant que dans sa vie professionnelle est un vrai challenge et une recherche continuelle d’équilibre. Pas toujours simple quand on a plein de projets d’un côté comme de l’autre !

Et quand l’envie d’être parents se fait ressentir alors que les études n’en finissent pas, cela devient un vrai casse-tête. « Est ce que c’est vraiment le bon moment ? » « Et est ce qu’on peut assurer financièrement ? » « D’ailleurs, est ce que je vais réussir à valider mes années ? » et tout simplement, « Est ce que je vais réussir à tout gérer ? »

Sans parler qu’on a plus ou moins en tête le modèle véhiculé par la société actuelle : un enfant c’est quand même mieux une fois qu’on est posés, +/- mariés, les études terminées, un CDI en poche et un logement fixe. Sauf que quand les études en question durent 6, 10, 11 ans… Ce n’est pas toujours évident d’attendre. Parce qu’il y a un moment où clairement, toutes ces questions, on ne se les pose plus tellement, on ne pense plus qu’à l’envie de fonder une famille.

Alors finalement, qu’est-ce qu’il se passe quand on décide d’être acteur de sa vie plutôt que se laisser porter par les idées préconçues de devoir attendre « le bon moment » ?

On se lance !

Tous les deux étudiants en médecine, nous voulions avoir un bébé « jeunes », ce qui peut paraître en contradiction avec les voies professionnelles qu’on a choisies. Cependant, on se faisait assez confiance pour savoir qu’avoir un enfant ne signerait pas la fin de la vie qu’on aimait, la fin de nos études, la fin de nos voyages, la fin de nos projets. Par contre, on était assez conscients que cela nécessiterait des aménagements, des adaptations et une bonne organisation. Mais on se sentait prêts à vivre cette grande aventure !

Comme on n’est pas complètement inconscients non plus, on a attendu un moment qui pour nous était « le bon », c’est à dire l’autonomie financière… Parce qu’être indépendants pour avoir un bébé était un principe qui nous tenait à cœur. De plus, à la fin de notre 6ème année de médecine, on passe le concours de l’internat, qu’on travaille pendant 3 ans de façon vraiment acharnée et je n’avais pas envie de passer à côté à cause de désagréments liés à la grossesse.

Donc voilà, quelques mois après le début de notre internat, notre première fille est née, j’avais donc 24 ans. Quand on fait de longues études, ce n’est pas tout à fait la norme d’avoir un bébé si jeune, donc évidemment nous sommes un peu passés pour des dingues (les « c’était vraiment voulu ? » « c’était un accident heureux ? » oui on les a entendus), mais nous étions les dingues les plus heureux !!

Les répercussions directes sur les études

L’internat de médecine comporte plusieurs facettes : journées à l’hôpital toute la semaine, gardes aux urgences plusieurs nuits par mois, cours à la fac, formations extérieures, rédaction de mémoire chaque année et de la thèse en dernière année. Forcément, l’arrivée d’un enfant représente un sacré défi pour mener à bien toutes ces missions !

Par ailleurs, dès la grossesse, il y a des répercussions sur les études, il faut se battre, parfois en vain, pour atteindre nos objectifs et ne pas être victime de discrimination.

Des injustices liées à notre situation

La médecine étant comme de nombreux métiers extrêmement en retard sur le droit des femmes, je n’ai pas échappé à une immense injustice : celle de perdre mon classement durement gagné lors de mon concours de l’internat. C’est à dire que du fait de mon congé maternité, en plus d’invalider mon stage, je suis passée de 3ème de ma promo pour choisir mes stages à dernière, et ce, jusqu’à la fin de mon internat. (Depuis une loi est passée interdisant cette discrimination, OUF et BIM pour ceux qui m’ont dit «mais tu l’as choisi » quand je leur faisais part de mon ahurissement face à cette discrimination !)

Bref. Et du côté de la charge des cours universitaires, elle n’est bien sûr pas modulable si on a un/deux/plus enfants ou aucun, il faut donc assurer la charge de travail universitaire en plus du travail hospitalier la journée, en plus des gardes de nuit aussi… Donc rajouter à notre rôle d’étudiant et d’interne à l’hôpital celui de maman est un challenge au quotidien qui demande pas mal d’énergie et d’organisation…

Ce que je veux dire, c’est que dès la grossesse, il y a des conséquences sur les études et qu’il faut être bien renseignés, réfléchir et être prêts à choisir en toute conscience la voie de la passion plus que celle de la raison… Tout en restant raisonnable bien sûr, le but n’étant pas de se mettre en difficulté ou d’abandonner nos études.

L’organisation au quotidien

L’arrivée de notre fille s’est faite en douceur sans que notre quotidien soit totalement bouleversé.

Nous n’avions pas d’aide de nos familles qui se trouvaient à plus de 400 km de chez nous, mais avec notre première uniquement le rythme était assez simple, on n’en a pas ressenti le besoin. Elle passait ses journées chez la nounou pendant qu’on travaillait à l’hôpital, on la récupérait dès qu’on pouvait pour profiter tous les 3 jusqu’à son coucher, et on travaillait le soir pour le côté « universitaire » en période de révisions, rédaction de mémoires etc.

Le plus dur a été les séparations régulières pour mes formations où je devais aller à plusieurs centaines de kilomètres pour 2 ou 3 jours de cours ou d’examens. Le papa assurait super bien donc j’étais tranquille mais j’ai dû être trèèèèèès motivée pour aller 2 fois par mois passer 3 nuits si loin de mon bébé. Sans parler de tirer son lait dans les chambres d’hôtel qui a été la partie la moins fun de ma vie de maman-étudiante… Mais c’est une réalité aussi.

En étant bien organisés et surtout motivés pour atteindre nos objectifs, concilier grandes études et bébé, c’est possible !

Alors oui, il y a eu moins de verres en terrasse ou de soirées arrosées les week-ends, mais on avait trouvé un équilibre dans lequel on se sentait vraiment super bien !

L’arrivée du 2ème bébé

Lorsque notre fille a eu un peu plus de 2 ans, on a eu envie d’avoir un 2ème bébé. Le rythme était largement rodé, tout suivait son cours tranquillement, les études, l’hôpital, les voyages, les restos, les amis, la belle vie entre deux périodes de travail plus intense. Évidemment, à ce moment-là, nos études n’étaient toujours pas finies, ça aurait été trop simple sinon ! Nous voilà donc lancés dans l’aventure du 2ème enfant l’année de nos 2 thèses, parallèlement à nos 2 jobs d’interne, ainsi que des gardes quasiment tous les week-ends pour le papa. Autant dire que se faciliter la vie ne fait apparemment pas partie de notre façon de voir les choses… Et là, on peut le dire, c’est dur de tout faire comme on aimerait ! Il faut relativiser sans toutefois revoir nos ambitions à la baisse. Un équilibre difficile à trouver ! D’un côté, assurer les examens et la thèse, et de l’autre préserver sa vie de famille.

Lors de ma 2ème grossesse, je me suis retrouvée à devoir rendre un mémoire et passer un oral à 200km de chez moi au début de mon 9ème mois. Puis quand notre 2ème fille a eu 3 semaines j’ai dû passer d’autres examens pour finaliser une formation de 2 ans que j’avais commencée en parallèle de mon internat. J’ai relativisé, je me suis moins mis la pression, j’ai mieux organisé mon travail, perdu moins de temps, travaillé efficacement pendant les siestes avec une forte motivation et je n’ai pas eu de moins bonnes notes que les autres. On travaille différemment mais pas moins bien. On travaille moins mais probablement plus efficacement.

Des temps de pause aussi

Après cette période d’examens concomitante à la naissance de ma 2ème fille, j’ai pris 6 mois de congé maternité qu’on a clôturé par un beau voyage à 4 à Santorin. Se permettre un break de plusieurs mois sans jongler entre université, hôpital et famille était pour nous nécessaire. J’ai retardé la fin de mes études, mais profiter de mes filles était pour moi à ce moment-là une priorité absolue. Puis j’ai repris le rythme fou hôpital/thèse/maman et le reste.

Actuellement, les journées sont rythmées par s’occuper des petites le matin, les déposer à l’école et chez la nounou, aller au boulot la journée, rentrer le plus tôt possible et profiter des filles, jouer, faire le bain, le repas, jouer et câliner encore, les coucher et se mettre alors à la thèse jusqu’à minuit, 1 heure, parfois 2… Avec un papa 100% aidant, dynamique, compréhensif, adorant s’occuper de ses petites, forcément c’est plus simple… Mais ça reste (très) sportif !

Savoir demander de l’aide

Alors avec deux enfants, on a un peu plus sollicité nos familles pour nous aider à la maison et nous permettre de travailler un peu plus la journée et donc de se coucher plus tôt. Ou pour les garder lorsqu’elles ont été malades pendant l’hiver, leur aide a été précieuse.

Une fois l’hiver et ses microbes passés et les nuits complètes retrouvées, on retrouve un quotidien plus serein. On reste bien sûr assez fatigués par ce rythme mais quoi de plus apaisant, ressourçant, inspirant , motivant que sortir de l’hôpital pour aller jouer dans l’herbe avec son bébé qui rit aux éclats pour tout, se faire offrir des bouquets de fleurs par sa grande parce que « je t’aime maman ! » ! On est quand même super-fiers de notre vie si intense et heureux de partager cette partie de notre vie avec nos 2 filles.

En pratique, mes 10 commandements de maman-étudiante :

  • Ne pas réfléchir au moment idéal pour avoir un bébé, (il n’existe pas), mais se demander si pour nous l’envie est telle qu’on est prêts à se lancer dans cette folle aventure, si le moment est propice pour nous à accueillir un enfant et à voir sa vie quelque peu chamboulée ou s’il vaut mieux attendre un peu.
  • Être conscient qu’il y aura toujours des conséquences sur les études car on sera toujours notés comme n’importe quel étudiant (et heureusement) sans avoir les mêmes conditions de travail.
  • Adapter sa façon de travailler : moins mais mieux. Ne pas prévoir des révisions de dernière minute comme on le faisait avant car avec des enfants, on ne sait pas de quoi la dernière minute sera faite ! L’anticipation et l’organisation deviennent notre leitmotiv.
  • Garder contact avec des amis de la fac pour ne pas se sentir déconnectés de la réalité de la vie étudiante ! Car oui évidemment qu’on se sent souvent un peu déconnectés des quotidiens de nos amis étudiants-sans-enfants !
  • Réfléchir à un mode de garde adapté. Pour nous, la crèche n’était pas possible à cause des horaires non modulables et des vacances scolaires, la fermeture en août, ce n’était pas compatible avec nos plannings d’internes. Certaines villes proposent des crèches universitaires.

Et aussi…

  • Ne pas revoir ses ambitions à la baisse. Peut-être qu’on mettra plus de temps que les autres à atteindre nos objectifs, mais en restant motivée et bien organisée, bref, en se donnant les moyens même si c’est dur par moment, on peut aller au bout comme tout le monde.
  • Bien s’entourer. Pour tout mener de front c’est important d’avoir du soutien ! Du Papa, des amies, de la famille. Ça donne du courage ! Et également pour pouvoir passer le relais si besoin de dernières révisions avant les examens, de rédaction de thèse ou parfois juste pour dormir.
  • Pour moi, la priorité est devenue le temps passé avec mes filles, le temps passé tous les 4. Alors dès que je suis avec elles, je ne travaille pas sauf quand elles dorment. Je ne travaille plus les week-end non plus sauf pendant leurs siestes. Je les ai allaitées toutes les 2 presque 1 an, même si je passais du coup plus de temps à les endormir, je souhaitais y passer le temps qu’il fallait plutôt que vite retrouver mes cours ou ma thèse. Ça a parfois été dur de voir le travail s’accumuler, alors on relativise et ça va mieux 😉
  • Aimer le challenge, les défis ! Parce que chaque jour en devient un. Réfléchir à la meilleure organisation qu’on peut avoir pour ne pas se pénaliser sur le plan universitaire tout en passant du temps de qualité en famille. Oui on est un peu dingues mais rester à fond, anticiper, optimiser permet finalement de tout mener de front !
  • PROFITER !! Ces moments-là sont vrais, uniques, magiques et filent à toute allure ! Autant les études peuvent prendre un peu plus de temps que prévu, autant profiter de ses enfants ne peut pas attendre… c’est une urgence 😉 Parole de future pédopsychiatre 😉

Elsa

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