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Nous allions nous marier à l’été. Lui, en poste en province pour au moins 3 ans. Moi, terminant mes études à Paris, avec un avenir plutôt prometteur dans une boîte qui me plaisait beaucoup. Un travail que j’adorais et dans lequel j’étais efficace, au sein d’une entreprise que j’adorais, dans une ville que j’adorais. Je savais qu’une fois mariés, je ne pourrai plus accepter la vie à distance. J’avais besoin d’enfin vivre avec mon tout jeune mari, de découvrir notre vraie vie à deux. Mais il était inconcevable, vu son métier, qu’il puisse être muté à Paris. Alors j’ai du tout abandonner pour suivre mon mari.
J’allais abandonner une carrière, quitter ma famille et mes amis pour arriver dans une région que je ne connaissais pas du tout, et j’étais quasiment certaine, vu mon secteur, de ne pas pouvoir trouver de poste là-bas.
Pourtant, je n’ai jamais pris cette décision à contrecœur, ce n’était pas une concession difficile ni un sacrifice. Je me suis demandé quelle place occupait le travail dans ma vie et me suis retrouvée dans les paroles du père Jean-Baptiste, chanoine à l’abbaye de Lagrasse, qui explique que nos priorités devraient être dans cet ordre : « Dieu, le soin de soi, le conjoint, le travail, les amis et relations, les activités de loisirs et la vie sociale. » Mon travail passait, et passera toujours, après mon couple. Même s’il est important pour mon équilibre de vie. Lui était déjà installé dans son premier poste et, vu la nature de son contrat, il n’aurait pas pu faire autrement. Bref, la jeune mariée que je suis débarque à l’autre bout de la France, la fleur au fusil.
Et je me suis motivée ! Création d’un statut d’auto-entrepreneur pour pouvoir poursuivre, en freelance, mon activité professionnelle. Démarchage pour avoir de nouveaux projets, journées seule derrière l’ordinateur et mon téléphone. Les contrats voient le jour mais se font peu nombreux. Normal, quand on ne peut pas montrer régulièrement sa tête dans les locaux parisiens. Loin des yeux, loin du cœur ?
J’ai passé un concours d’enseignement en candidat libre et, quelques mois plus tard, me voilà prof. Un tout nouveau métier en plus de mon activité en free-lance que je n’ai jamais arrêté. J’ai bien comblé mon envie de travailler.
Je ne reviendrais pour rien au monde sur aucune des décisions prises à ce sujet. Si, à cause du métier de votre mari, vous avez dû improviser, trouver d’autres solutions pour pouvoir, vous aussi, exercer un métier, ne lui en voulez pas. À condition bien sûr que vos choix aient été pris ensemble, en couple. Discutez, questionnez-vous, soutenez-vous, trouvez ensemble les solutions qui vous paraissent les plus réalisables et les plus saines. Vos actes seront alors faits avec le cœur et les situations rencontrées mieux vécues. N’ayez pas peur de l’adaptabilité, du changement, de la nouveauté. Au contraire, rencontrez-les en couple, traversez-les ensemble et vous serez plus forts. Choisir en toute conscience demande du temps pour bien discerner, prenez-le. Ensemble. C’est une belle aventure !
Photo : @babouchkatelier.fr