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La tyrannie de l'anticipation

 
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Est-ce que vous vous êtes déjà sentie débordée ? Avez-vous déjà eu l’impression d’essayer de faire rentrer un rond dans un carré (comprenez essayer de faire beaucoup plus en une journée que ce que vous pouvez réellement faire) ? Vous sentez-vous parfois déconnectée d’aujourd’hui parce que tellement obsédée par l’organisation de demain ? Si oui, vous êtes probablement une victime du trop d’anticipation. C’est le moment de vous déprogrammer !

Les mamans savent que parmi les clefs de succès de leur multi-tasking, l’organisation reste reine. C’est notre capacité d’organisation qui nous permet de penser aux besoins de demain et de les rendre possible dès aujourd’hui. Cela ressemble au syndrome de la bonne élève qui « prenait de l’avance » et faisait ses devoirs avant la veille. Elle lissait sa charge sur la semaine au lieu d’alterner des soirées de devoirs intenses et pénibles et d’autres de jeux. Aujourd’hui, c’est vous la bonne élève. Celle qui prépare les vêtements la veille, remplit les sacs à dos, fait des menus et des listes de courses, réfléchit le lundi au cadeau pour le camarade qui fête ses 5 ans avec votre fils ce we, nettoie un peu tous les jours pour profiter de son week-end, qui se lève plus tôt que tout le monde pour que chacun ait ses tartines au réveil,…Très belles intentions, nous ne pouvons que saluer le don de soi de la maman qui est toujours dans un flux de pensée permettant de remplir les besoins à venir de chacun. N’est-ce pas ce que l’on appelle la charge mentale ? Même le petit Larousse s’est mis au diapason et en a intégré la définition suivante : « Poids psychologique que fait peser (plus particulièrement sur les femmes) la gestion de tâches domestiques et éducatives, engendrant une fatigue physique et, surtout, psychique ».

Au-delà des enjeux de répartition hommes/femmes, demandons-nous si cette charge est toujours bien justifiée. Nous ne comptons plus le nombre de mamans débordées, qui se sentent dépassées par la montagne de tout ce qui est à accomplir. Et que dire de cette impression d’être absent au présent, de ne pas savoir profiter du moment, de passer à côté des moments dits « de qualité » parce que nous nous disons que pendant ces 10 minutes de libre, nous allons pouvoir lancer une machine. Le Dr Aurélia Schneider, dans son essai La Charge mentale des femmes, démontre combien notre propension à tout anticiper peut s’avérer nocive. Pour elle, le symptôme le plus criant est précisément cette habitude prise de « caler » une tâche domestique dans le moindre interstice libre de notre agenda. De là à penser que nous serions aussi un peu responsables de notre impression de débordement, il n’y a qu’un pas. Par peur de l’urgence, de l’accumulation, par besoin de contrôle, nous nous transformons petit à petit en robot. Nous anticipons trop. Rappelons qu’une bonne organisation n’est pas censée nous tyranniser mais au contraire nous alléger et nous apporter des respirations salutaires. Si les respirations deviennent des occasions de « prendre de l’avance », elles sont dénaturées. Je visualise souvent cette maman qui lorsqu’elle a une pause se prend la tête sur comment l’occuper au mieux. Et si elle arrêtait sa course de hamster dans sa roue et qu’elle laissait un peu de place à l’inconnu, au non planifié, à son envie/son désir/son besoin du moment. Et si ce moment était une occasion d’ancrage, de reconnexion à son environnement plutôt qu’une nouvelle porte vers le FAIRE ?

Particulièrement inédit dans la littérature autour de la charge mentale, le docteur Aurélia Schneider poursuit son essai en nous proposant une série d’objectifs pour évacuer notre trop plein d’anticipation et déconstruire la croyance selon laquelle nous existons par ce que nous faisons. Vous pouvez aller y pêcher votre propre cocktail, voilà le nôtre, fruit de notre lecture et de notre propre expérience :

  • Remettez en question les tâches que vous accomplissez en vous demandant si elles sont justifiées ou si elles sont plutôt des contraintes que vous vous fixez à vous-mêmes. L’essai recommande de les mettre à l’épreuve du temps « est-ce que ces miettes auront vraiment de l’importance dans 40 ans ? ». Nous recommandons aussi peut-être de demander le soutien d’un tiers. Et pourquoi pas un mari bienveillant. Celui avec qui vous partagez les tâches mais qui se demande peut-être parfois si on a vraiment besoin de faire tout ça ?
  • Adoptez la done list en complément de la TO DO, nettement moins anxiogène et beaucoup plus positive pour votre estime de vous-même. Pendant le temps qu’il vous faudra, notez tout ce que vous avez accompli. Et passez-le peut-être au tamis…
  • Fixez-vous des objectifs inversés, des objectifs de ne pas faire et regardez ce qui se passe. Par exemple, cette semaine, vous n’allez pas faire de batch cooking. Vous allez acheter de quoi faire des repas rapides et sains (oui oui c’est tout à fait faisable). Vous ferez le bilan en fin de semaine : qui a fait les repas (curieux comme les enfants ou votre conjoint improviserons avec joie si ils ne sentent pas que tout est déjà calibré), vous êtes-vous bien nourris, quelqu’un a-t-il eu faim,…le bilan éclaire ce à quoi vous renoncerez sans culpabilité.
  • Progressez sur le chemin de la connaissance de vous-mêmes. Identifiez ce qui est important pour vous, vos valeurs et gardez-les comme un fil invisible qui vous guide. La vie de famille que vous souhaitez, les souvenirs que vous voulez laisser à vos enfants sont votre colonne vertébrale. Apprenez aussi à connaître et accepter vos besoins. Vous avez besoin de dormir, de lire, de faire du sport pour être bien dans vos pompes et bien remettez le au top de vos priorités. Si l’appartement est sale, cela vous dérangera sûrement moins que si vous ne trouvez plus l’espace pour vous-même.
  • Enfin, avez-vous déjà accueilli cette question : Mais qu’est-ce qu’on faisait avant de tout ce temps ?  Nous l’entendons beaucoup des parents qui ont des enfants en bas âge. Ils constatent qu’ils n’ont plus autant de temps qu’avant et se demandent « Mais à quoi ressemblaient nos journées avant ? », « Comment occupions-nous tout ce temps que nous n’avons plus » et le fatidique pendant négatif « Nous aurions dû mieux en profiter ». Projetez-vous un peu en arrière. Peut-être constaterez-vous que finalement, vous accomplissiez beaucoup moins de tâches domestiques et que la vie n’en était pas moins fluide. S’il est indéniable que l’arrivée des enfants augmente votre charge mentale, il est important de se demander si tout ce que nous faisons est indispensable.  

Comme dit l’adage « Qui veut aller loin ménage sa monture », prenons du recul sur cette charge que nous nous créons nous-même à force d’anticipation et d’organisation. Laissons un peu couler, le monde ne va pas s’arrêter de tourner. Nous gagnerons en quiétude, en espace mental, en qualité de vie, en capacité d’accueil et d’adaptation

 

Photo : @lisasaysgah.com

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