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De la fratrie à la fraternité, un lien à construire

 
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De cris en chamailleries, de bagarres en disputes, le quotidien d’une fratrie est rarement un long fleuve tranquille… Mais pas de quoi s’affoler ! Si les relations frères-sœurs peuvent être explosives, elles n’en sont pas moins tendres.

Faut-il s’inquiéter des conflits au sein d’une fratrie ?

Ils font partie du quotidien de toute famille, il ne faut pas systématiquement vous alarmer mais laisser faire n’est pas une bonne idée non plus, évidemment. Si, la plupart du temps, elles sont le fait d’un caractère bien trempé et de petites chamailleries normales, elles peuvent aussi traduire un sentiment de jalousie et d’injustice.

La jalousie est une émotion et, comme toutes les émotions, elle doit pouvoir s’exprimer. Certes, ce concert de plaintes et de revendications met vos nerfs à rude épreuve. Mais dites-vous bien que la jalousie peut aussi être saine et structurante. Elle permet au petit de s’apercevoir qu’il n’est pas seul au monde : c’est le début de son intégration dans la société. La jalousie est une expérience constructrice, c’est aussi la façon dont on rencontre l’autre, dont on s’ouvre à lui. Il faut savoir que c’est une émotion secondaire qui découle de la peur. L’émotion première à écouter et à accueillir est donc cette angoisse-là : peur de perdre l’attention et l’amour des parents, peur de perdre sa place et son importance dans la famille.

On ne supprime pas la jalousie mais on peut l’atténuer. N’oubliez jamais que votre enfant est unique et qu’il a besoin d’être reconnu dans ce qui lui est personnel : soulignez ce qui fait de lui un petit être merveilleux à vos yeux, ses goûts, ses points forts, son caractère. Les comparaisons sont terribles car elles vont à l’encontre de ce dont l’enfant a besoin, elles mettent l’enfant en compétition pour l’attention de ses parents, les poussent à s’éloigner de ce qu’ils sont vraiment pour obtenir leur approbation et leur amour… Reconnaître que chaque enfant est unique, mettre en acte cela, par exemple, en accordant à chacun un peu de temps exclusif et privilégié, renforce l’individuation de chacun, son sentiment d’exister et d’être important. Les liens peuvent d’autant mieux se tisser dans la fratrie que chacun se sent reconnu pour ce qu’il est, assuré dans son identité propre, non menacé sur le plan existentiel. Les parents peuvent mettre alors en évidence la complémentarité et la richesse des différences.

C’est normal d’être jaloux ?

La jalousie est un sentiment incontournable ! Il faut éviter de la diaboliser. Au sens étymologique du terme, être jaloux, c’est aussi « admirer l’autre, vouloir l’imiter ». Ce qui montre bien que ce n’est pas qu’un sentiment négatif !

L’essentiel est comme toujours de mettre des mots sur ce qui se passe : « On a bien compris que tu étais jaloux du bébé. » Dites-lui qu’il est unique, que son petit frère/petite sœur est unique aussi et que vous les aimez chacun pour ce qu’ils sont. L’amour, ça se multiplie et l’amour que l’on porte à l’un ne se soustrait pas à l’autre… Ce n’est pas par exemple parce qu’un bébé arrive dans la famille que l’aîné a moins d’importance à vos yeux. Rassurez-le : « Ce que nous faisons pour ton frère, nous l’avons fait aussi pour toi. » Et valorisez-le : « Toi tu as 4 ans, tu parles, c’est si intéressant de pouvoir bavarder avec toi. »

Il n’y a aucun écart d’âge –et tant mieux- qui permette d’éviter cette jalousie entre frères et sœurs. Il s’agit toujours pour un enfant de faire sa place par rapport à l’autre et ça ne va jamais de soi. Pour apaiser les tensions, il faut renforcer les liens. Quel que soit leur âge, il est en effet important d’entretenir l’affection fraternelle. Même si la complicité ne se commande pas, votre rôle de parent est de créer de la cohésion, du lien affectif entre vos enfants. Encouragez autant que possible la coopération.
N’hésitez pas à suggérer des activités ludiques à faire en famille, des jeux de société, des balades et des visites tous ensemble. Pensez aussi à instaurer des rituels familiaux. Ils ont le même effet ! Demander aux enfants de faire un cadeau à leur frère et sœur à l’occasion de leur anniversaire, partager des repas tous ensemble en distribuant la parole à chacun, faire un applaudissement général quand l’un d’eux le mérite, partager des petits apéros même s’il n’y a rien d’autre à fêter que le plaisir d’être réunis le soir à la maison…

En cas de conflits, que faire ?

N’intervenez pas systématiquement. Les petites chamailleries se règlent bien souvent d’elles-mêmes et peuvent être bénéfiques en permettant à vos enfants de s’affirmer, de dialoguer et d’apprendre à gérer leurs conflits en toute autonomie. Laissez-les se débrouiller seuls. C’est en se confrontant l’un à l’autre qu’ils vont apprendre à défendre leur position et à sortir naturellement des conflits. Essayez de ne pas devenir leur arbitre ni d’avoir l’œil rivé sur leurs jeux.
Veillez, cependant, à ce qu’aucun d’eux ne soit constamment la cible de taquineries, de dénigrements ou de violence physique de la part de son frère ou de sa soeur. Quant à la rengaine du cadet « Lui, il peut le faire, pourquoi pas moi ? », il faut l’accueillir avec empathie. « Eh oui, ce n’est vraiment pas drôle d’être encore petit. Quand est-ce que tu crois que tu pourras le faire toi aussi ? »

Bien entendu imposez des limites claires, fermes : on ne s’insulte pas, on ne se tape pas dessus… la règle de non-violence est la base.

Si la dispute dure et que les cris montent, intervenez. Demandez le silence et faites-leur expliquer où est le problème. Puis apprenez-leur à résoudre le conflit : « Comment on pourrait faire pour que chacun de vous soit satisfait ? » Souvent, les enfants trouvent eux-mêmes les solutions. S’ils n’y parviennent pas, soufflez-leur des issues. « Vous avez toujours l’impression que c’est l’autre qui a la plus grosse part de gâteau ? On n’a qu’à dire que l’un de vous coupe et que l’autre choisit, qu’en pensez-vous ? »ALT-fratrie-maman-vogueALT-fratrie-maman-vogue

Voici trois étapes qui résument bien le rôle de médiateur du parent :

  1. Accueillez les sentiments de chaque enfant sans les sermonner

Ecoutez leurs émotions : cela permet d’exprimer une partie de la colère, de la tristesse ou de la peur à la source du conflit. Quand la tension est relâchée, le réservoir émotionnel se vide et on est plus ouvert, plus serein pour résoudre le problème…

  1. Reformulez les sentiments et les attentes de chaque enfant

Ce processus demande à l’enfant de se mettre à l’écoute de l’autre sans l’interrompre : pas si simple ! Il faut du temps pour acquérir petit à petit cette compétence et beaucoup de patience du parent pour la faire respecter. Expliquez leur l’importance de s’écouter les uns les autres. Les besoins de chacun seront alors identifiés et ils constitueront la base pour trouver une solution.

  1. Accompagnez-les dans la recherche d’une solution acceptable pour tous, une solution « gagnant-gagnant».

Les enfants pourront ainsi comprendre qu’il existe toujours une ou plusieurs solutions face à des situations qu’ils estiment pourtant bloquées. La solution doit tenir compte de tous, concilier les intérêts de chacun sans attendre que l’un d’eux se sacrifie. Cela peut prendre un certain temps, mais c’est très satisfaisant pour eux de trouver des solutions ensemble et de se sentir reliés les uns aux autres.

Cette dernière étape est donc celle où chacun va essayer de trouver des solutions (même si elles sont fantaisistes) puis éliminer petit à petit celles qui ne sont pas réalisables ou pas acceptables par toutes les parties. Il restera alors à choisir une solution parmi celles qui restent ou à trouver un compromis. N’oubliez pas non plus de demander à vos enfants de se dire mutuellement pardon, c’est important.

Faut-il donner la même chose à chaque enfant ?

Leur servir la même portion de frites, les coucher à la même heure, leur offrir le même nombre de cadeaux… Si c’était la clé de l’harmonie entre frères et sœurs, ça se saurait ! Malheureusement, ça ne marche pas comme ça. Et l’égalité ne fait absolument pas l’équité. Ce n’est pas la quantité qui importe, c’est la qualité du lien, de l’échange, de l’attention, de la présence, de la disponibilité, de la bienveillance. La qualité de ce que nous leur offrons.

Vos enfants n’ont pas le même âge et donc ni les mêmes goûts, ni les mêmes besoins. « Le tout-égalitaire est un leurre et un évitement » observe Isabelle Filliozat. « On ne cherche pas à rendre nos enfants heureux mais à éviter d’avoir à gérer leurs affrontements…. » Nous pouvons être justes sans pour autant être obligé de considérer nos enfants tous de la même façon. Il est impossible de tout répartir de façon égale. Expliquez à vos enfants que ce sera parfois le tour de l’un d’avoir quelque chose et, parfois, le tour de l’autre ! Il faut cesser de croire en l’égalité dans la fratrie. Aucun enfant ne représente la même chose pour ses parents… mais différences ne veut pas dire préférences. Chaque enfant est singulier et c’est bien cette singularité qu’il est essentiel de faire valoir, sans y porter de jugement de valeur, sans y mettre de la concurrence.

Comment inciter ses enfants à être complices ?

La complicité n’est pas non plus innée, elle s’invente, elle se créée. Elle dépend de l’ambiance dans la famille et des affinités dans la fratrie. La complicité est comme l’amour, elle ne se commande pas. Par contre, quand une haine destructrice s’instaure entre enfants, que l’un des deux s’emploie à écraser ou humilier l’autre, il y a de quoi s’inquiéter. Cela est souvent lié à un événement dans la fratrie ou dans la famille, comme une maladie ou un accident. Si l’un des enfants a l’impression que l’autre prend toute la place, il peut très mal le vivre. Dans ces cas-là, il peut être utile de consulter pour dénouer la situation. En revanche, quand les enfants mettent en place une belle complicité qui peut résister au temps, la fratrie, devenue fraternité, représente alors un lieu sécurisant et réconfortant.

 

© Crédits ANNACLICK

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Charline Jouint-Lesassier

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