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Aujourd’hui j’ai découvert une femme, encore présente parmi nous pour témoigner de sa vie, ce qu’elle fait de manière fort discrète et dont il est difficile de creuser la biographie ! Néanmoins elle a retenu mon attention, elle mérite vraiment qu’on s’attarde à parler d’elle, mérite aussi que l’on admire son visage, emprunt des traces du grand âge mais qui garde une noblesse, un maintien et une douceur qui ne peuvent laisser insensibles.
Isabelle Potocki est née en Pologne et a grandi en Espagne, puis en Angleterre ou elle intègre Oxford, avant d’atterrir à Paris en épousant le comte Hubert d’Ornano. Celui-ci prend la succession de son père, créateur de Lancôme, et lance Orlane, marque florissante qu’il revend en 1968.
Manifestant un vif intérêt pour l’homéopathie, ce qui est plutôt précoce pour les années 70, c’est main dans la main que la jeune femme et son mari s’aventurent dans le pari de la création de la marque Sisley, en comprenant très vite que les plantes possèdent de nombreuses vertus cosmétiques alors inexploitées.
En 1975 ils lancent donc le concept de « phyto-cosmétique » en créant la marque Sisley, du nom d’un impressionniste. La marque connait rapidement un succès et un essor incroyable, les produits sont couteux mais d’une excellente qualité (hélas votre modeste chroniqueuse n’a pas encore eu la chance de le vérifier !), et l’état d’esprit se maintient pourtant complètement familial, comme aime à le rappeler Isabelle lors des différentes interviews que l’on peut trouver d’elle.
Mère de famille, elle continue à travailler notamment à l’aspect création et image de la marque, en élevant pas moins de 5 enfants !
En 2008, la fondation Sisley d’Ornano voit le jour, c’est elle notamment qui est à l’origine de la restauration de la fresque de l’Eglise Notre Dame de l’Assomption, siège de la mission polonaise à Paris.
On voit également en 2011, Isabelle d’Ornano faire un très beau discours lors de la remise du prix international Sisley-Jérome Lejeune. Elle salue la fondation « déterminée à relever tous les enjeux éthiques et à tracer la voie d’une science et d’une médecine respectueuses de la Vie ». Qu’il est doux à nos oreilles d’entendre ces phrases souvent hélas absente des propos de personnalités plus empressées à faire du chiffre qu’à prendre le temps de s’arrêter pour défendre l’essentiel !
Son mari s’éteint en 2014, non sans avoir auparavant rédigé ses mémoire « La beauté en partage », qui résume dans son titre la vision qu’avait ce couple de son entreprise, défendant encore aujourd’hui avec fierté ses racines, et ses valeurs familiales.
En effet ce sont 2 des enfants d’Isabelle et Hubert qui en sont à la tête aujourd’hui, mais cette grande dame qu’est leur mère continue à parler avec émotion du soin qu’elle veut apporter aux besoins des femmes.
En guise de conclusion, je laisserai la comtesse parler d’elle-même, parce qu’elle le fait si bien et ce qu’elle dit est si vrai…
« De ma mère, qui a quitté la Pologne pendant la guerre nous emmenant mes sœurs et moi, j’avais 2 ans, avec une valise et rien d’autre, je garde l’image d’une femme toujours soignée avec peu de moyens.
Elle m’a inspiré la discipline de se faire belle pour soi et pour les autres. A mes 3 filles, je dis que l’on naît avec un patrimoine et que l’on a une responsabilité envers soi. A mes petites filles je transmets plus de valeurs spirituelles qu’esthétiques, c’est ce qui manque le plus aujourd’hui. »
©Oleg Covian, ©Caroline Daily
Camille Jaeger