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60% des femmes seraient touchées par un diastasis après leur grossesse. Le plus souvent, cet « écartement » des ligaments du bassin se situe au niveau des muscles grands droits et est responsable du fameux ventre rond post-accouchement. Grossesses gémellaires ou gros bébés en sont les principales causes.
La trentaine, enceinte de son troisième enfant, Elisabeth évoque les douleurs liées à son diastasis de la symphyse pubienne, découvert lors de sa deuxième grossesse. « Mes fils aînés pesaient chacun 3,9 kg à la naissance. Un bon poids ! Lorsque j’attendais mon second, je ne savais pas que mes difficultés à marcher étaient anormales. Je mettais tout sur le compte de la grossesse ! Les douleurs ont pourtant persisté quatre mois après l’accouchement… »
Lors de sa première grossesse, Elisabeth avait déjà ressenti une vive douleur, située en bas du dos à droite. « J’ai pensé que c’était lié à un pincement du nerf sciatique ». Quelques massages et plusieurs mois au ralenti plus tard, tout était rentré dans l’ordre. C’est lors de sa seconde grossesse que son cas s’est aggravé. « J’habitais à Londres et étais plus active. Je marchais tous les jours sans pour autant faire de longues distances. Au troisième mois, j’ai commencé à ressentir de vives douleurs en haut des cuisses (vers l’intérieur) et n’arrivais plus à pousser un caddie. Je marchais très lentement sans vraiment savoir pourquoi. J’avais la sensation que le bébé était positionné très bas, alors que l’échographie montrait l’inverse ! »
« Je n’ai pas évoqué ce problème auprès des sages-femmes, pensant que j’étais simplement fatiguée… J’avais du mal à dormir et avais remarqué que la douleur s’atténuait lorsque je mettais un coussin entre mes jambes et en soutien de mon ventre. De même en position allongée, comme je ne pouvais me tourner sans avoir mal, je gardais mes jambes bien solidaires l’une de l’autre. Ce n’est qu’un mois et demi après l’accouchement que j’ai compris qu’il y avait quelque chose d’autre. C’était l’été et j’ai réalisé que je n’arrivais pas à nager la brasse. Cela me faisait trop mal au niveau des os pubiens. Les douleurs pendant la marche ont duré jusqu’à environ quatre mois après l’accouchement. »
« Pour cette troisième grossesse, j’ai très vite ressenti le même inconfort à partir du second mois. Douleurs en haut des cuisses, lenteur à la marche, lourdeur du bas ventre, craquement au niveau de la symphyse et à nouveau pincement dans le bas du dos, à droite seulement. J’en ai parlé à la sage-femme qui m’a conseillé de voir les physiothérapeutes de l’hôpital (équivalents des kinésithérapeutes au Royaume-Uni) dans un service spécial femmes enceintes. La physio, qui m’a suivi, a vite compris que dans mon cas, la cause principale était une hyper flexibilité des articulations qui, couplée aux actions des hormones de la grossesse, créait le problème. »
« C’était donc un problème réversible pour lequel je pouvais facilement trouver une parade. La physio m’a donné des petits exercices à faire tous les jours (3 séries de 10 pas plus, et en alternance) : étirement des muscles fessiers du côté droit, renforcement des muscles fessiers, renforcement des muscles abdominaux transverses. Et au bout de la troisième séance (sur environ 1 mois et demi), je n’ai plus eu besoin de revenir la voir, les douleurs s’étant presque complètement résorbées. Actuellement enceinte de sept mois, je ne peux pas nager et dois faire attention de toujours garder mes jambes solidaires pour des mouvements tels que m’asseoir dans la voiture, me lever depuis la position allongée, porter mes enfants, etc. Mais c’est simplement de la prévention, car tant que je continue mes petits exercices, je ne souffre pas. En revanche, je ressens très vite la fragilité de la situation lorsque je m’arrête ! »
« C’était déprimant au début de se voir diminuée pour des choses aussi basiques que faire les courses ou simplement marcher en poussant une poussette ! La physio s’est montrée rassurante. Selon elle, c’est un problème courant qui répond en général très bien aux séances et exercices de renforcement musculaire, tant qu’on en parle tôt dans la grossesse (comme dans mon cas) », conclut Elisabeth, optimiste.
Après l’accouchement, une bonne rééducation du périnée, puis des séances d’abdominaux s’avèrent indispensables pour muscler le plancher pelvien et éviter la descente d’organes !
Dans le cas d’un léger diastasis, une rééducation hypopressive abdominale chez un kiné suffira (plus d’infos par ici). A compléter par la pratique du Pilates, excellent pour le renforcement musculaire. Mais dans un cas très prononcé de relâchement du ventre, le médecin envisagera une opération chirurgicale, l’abdominoplastie, qui selon la gravité pourra être remboursée par la sécurité sociale. Il est conseillé d’attendre que son enfant marche, car il est interdit de porter des charges lourdes pendant un à trois mois après l’intervention. Comme le rappelle Charlotte, sage-femme en clinique : « Le corps met neuf mois à se transformer. Il lui faut le même temps pour tout remettre en place ! »
© photo Nathalie Coster pour Maman Vogue
Laetitia d’Hérouville
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