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Le couple face à l'accouchement prématuré

 
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Les causes d’un accouchement prématuré sont nombreuses, et c’est une épreuve qui n’est jamais facile à traverser, surtout pour le couple. Anxiété, culpabilité, incompréhension du jargon médical ; le couple, déjà ébranlé par la naissance de cet enfant, peut se trouver perdu au milieu de tous ces bouleversements.

Nous avons demandé à trois mamans de témoigner sur la façon dont leurs couples ont traversé ces difficultés, et ce qui les a aidés à rester unis face à l’épreuve.

Marie a accouché à 34 semaines, d’une petite fille de 2,3kg, suite à une fissure prématurée de la poche des eaux. Elle a dû passer quinze jours à la maternité après l’accouchement, en partie seule car son mari était obligé d’aller retourner travailler.

Hortense a accouché de ses jumeaux à 32 semaines. Après avoir été hospitalisée quelques jours pour menace d’accouchement prématuré, l’accouchement s’est fait par césarienne, et les bébés ont été emmenés ensuite en service de néonatologie. Hortense n’a pu les voir que 36h après leur naissance.

Thérèse a dû accoucher à 36 semaines d’aménorrhée par déclenchement, à cause d’une pré-éclampsie.

Un attachement différent

Lorsqu’un bébé naît prématurément, l’accueil du bébé par les parents se fait forcément de manière différente. En effet, il aurait dû naître plus tard, et les parents peuvent ne pas se sentir complètement préparés à l’arrivée de cet enfant.

« Je n’étais pas préparée, nous dit Marie, à la maison rien n’était prêt, il a fallu, acheter des habits et des gigoteuses prématurés, par exemple. J’ai eu le sentiment que mon dernier mois de grossesse m’avait été volé, surtout que je suis restée cinq jours à la maternité avant l’accouchement sans avoir mon bébé, à ne rien faire d’autre qu’attendre. »

L’attachement au nouveau-né peut être effectivement moins évident dans ces circonstances, de manière inégale entre les deux parents notamment.

« L’attachement à notre fille s’est fait tout de suite et facilement pour mon mari, qui l’a tout de suite eu en peau à peau, continue Marie. Ils ont eu dès le début une relation très forte. Pour moi, la vague d’amour est venue plus tard. En effet, l’accouchement avait été intense, rapide et sans péridurale, avec mon mari absent au début. Cela a été brutal, il m’a fallu du temps avant de réaliser que j’étais maman. »

Pour Thérèse, « cela a été à peu près direct, même si les 48 heures qu’elle a passé en service néonatal ont été étranges. J’étais dans ma chambre, fatiguée de ma pré-éclampsie, et je ne voyais ma fille que pour lui donner ses biberons en journée. Ensuite, dès qu’elle est revenue dans ma chambre je n’ai eu aucun souci à créer un lien, je passais des heures à l’admirer et à la câliner. Pour mon mari cela a été un peu plus long à se mettre en place, car même s’il était fier et déjà très attaché à elle, il ne l’a presque pas vu pendant le premier mois, car il était en célibat géographique à l’époque. Alors, même si je lui envoyais des photos et vidéos, c’était plus abstrait pour lui »

Pour Hortense, qui a dû se séparer de ses enfants pendant 36 heures, cela a été une autre difficulté : « Pour nous, l’attachement aux enfants s’est fait de manière spontanée et immédiat, mais un lien particulier s’est créé avec ces enfants que l’on a eu peur de perdre. Une hypersensibilité et une forte angoisse de séparation, encore prégnante chez eux sept ans après. J’avais accouché, mais je n’avais pas d’enfants dans les bras…. Je n’ai reçu aucune visite de la sage-femme, ni de nos familles. Je me suis sentie oubliée. Pour le papa, il y a eu une difficulté à jongler entre la maternité et la néonatologie. Il ressentait du stress par rapport à la santé des enfants, tout en essayant de ne pas trop me le communiquer. Il s’est senti très seul aussi. On avait le sentiment d’être incompris aussi face à des proches qui se voulaient sans doute rassurants et qui nous disaient que tout allait pour le mieux, que nos enfants étaient entre de bonnes mains, qu’à cet âge-là, on s’adapte à tout… » 

Une inquiétude particulière autour de l’enfant

Une naissance prématurée entraîne forcément une certaine inquiétude autour de la santé de l’enfant. Petit poids, difficulté de respiration ou autres complications, cela peut être une cause d’angoisse et de stress pour les jeunes parents.

Hortense et son mari ont trouvé « entravante » cette surveillance médicale autour de leurs enfants. « Elle nous empêchait de prendre nos enfants dans les bras les premiers jours, de les mettre tous les deux l’un contre l’autre. C’était également épuisant, car nous quittions la néonat à minuit- une heure du matin, pour y revenir aux aurores et passer la journée dans une pièce sombre avec des machines qui sonnent… Je devais tirer mon lait qui leur était donné par sonde par le personnel médical. Le papa qui avait repris le travail passait sa pause déjeuner et toutes ces soirées à l’hôpital. Il a été très impressionné par tout ce dispositif médical, particulièrement par les perfusions dans le crâne du bébé. Heureusement, à part pour l’épisode que l’un a fait en réanimation, le dispositif s’allégeait de jour en jour et les enfants évoluaient bien. Tout ce stress n’était donc pas facile à gérer : « Il y a plus d’angoisse et de stress a posteriori, quand on se repasse le scénario en tête, que sur le moment où l’on n’a pas d’autre choix que d’avancer. Cela reste un sujet très sensible pour nous deux. »

Marie, quant à elle a souffert du manque d’intimité, mais également des avis divergents des médecins. « Quoi que nous fassions, nous avions toujours l’impression de mal faire. Nous avions besoin d’être rassurés, et d’entendre de bonnes nouvelles, surtout que notre fille, en dehors de son petit poids, se portait bien. Mais il existe une véritable anxiété autour de l’observation du poids des prématurés, qui est difficile à vivre. »

Heureusement, parfois, cela peut bien se passer, comme pour Thérèse : « C’était un soulagement pour moi. Je me sentais en confiance, avec un personnel médical compétent qui répondait à toutes mes questions. En revanche, rétrospectivement, je me rends compte que mon désir d’allaitement n’a pas été bien entendu et soutenu et je regrette que le corps médical s’en soit tenu aux besoins purement nutritionnels de mon bébé et non à mon désir de l’allaiter au sein (et non au tire-lait comme on me l’a obligé). »

Un post-partum particulier

Toutes les mamans le diront, la naissance d’un enfant ne laisse pas indemne. La chute d’hormones, le baby-blues marquent la jeune maman, et par extension, le papa également. Mais lorsque le bébé naît en avance, et que sa santé peut être en jeu, cette période de post-partum peut se vivre d’une autre manière, parfois plus difficilement.

D’abord, la jeune maman peut ressentir une certaine culpabilité de ne pas avoir mené sa grossesse à terme.

Marie se posait beaucoup de questions : « Pourquoi est-ce que je ne suis pas allé au bout ? Est-ce que je lui ai trop dit début juillet tu peux sortir. J’ai dû passer des examens pour valider ma formation juste avant la naissance, donc peut-être me suis-je trop surmenée ? Si j’avais été plus tranquille, est ce que mon bébé serait arrivé plus tard ? Heureusement, ma sage-femme m’a aidé à déculpabiliser, car Madeleine était en bonne santé, malgré son petit poids. »

Hortense, qui a accouché de jumeaux n’a pas ressenti cette culpabilité-là, car la prématurité pour une grossesse gémellaire est assez fréquente. « En revanche, je me suis sentie coupable de ne pas être là pour les premiers jours de leur vie, alors même qu’ils luttaient pour leur survie. Surtout quand l’un des deux a dû être transféré d’urgence en réanimation pendant la nuit, alors que je ne l’avais toujours pas vu. Et enfin je m’en suis voulu, de ne pas avoir osé remuer ciel et terre pour que l’on m’amène auprès de mes enfants. »

Ensuite, il est possible que le baby-blues ne se fasse pas tout de suite, ou en tout cas de manière différente.

Pour Hortense, c’était : « Un passage à vide où je n’aspirai qu’à une chose : enfin voir mes enfants. Cela s’est traduit par un grand sentiment de solitude. »

Marie, quant à elle, l’a ressenti bien plus tard, vers les 4 mois de sa fille. « Sur le coup je n’ai pas ressenti de chute d’hormones. Il y avait trop de monde autour de moi, je voulais la paix. A la sortie de la maternité, je me suis mis beaucoup de pression pour qu’aucun signe de faiblesse ne paraisse. C’était comme si je voulais contrebalancer la prématurité de ma fille, montrer qu’elle n’était pas fragile. La grande fatigue et le sentiment d’isolement propre au baby-blues s’est ressenti plusieurs mois après. »

La communication : la clé pour vivre cette épreuve sereinement

Alors, comment réussir à surmonter ces difficultés, et préserver son couple, déjà ébranlé par le bouleversement qu’implique une naissance prématurée ? Comme pour toute épreuve, le couple doit communiquer, beaucoup communiqué.

Marie et son époux ont beaucoup parlé lors du séjour à la maternité. « On discutait des problèmes de santé de notre fille, pour ensuite prendre les bonnes décisions. Mon mari était en général plus écouté par le personnel médical, sans doute car il était moins vulnérable que moi ». Marie conseille également de «ne pas donner l’impression que le bébé est malade parce que ce n’est pas une maladie. Il faut, dans la mesure du possible, rester au plus près de son enfant. Je n’imaginais pas rentrer à la maison sans mon bébé. Il est très important aussi de se faire accompagner, psychologiquement ou spirituellement. »

Pour Hortense, « la communication au sein du couple s’est faite naturellement. Mais avec les enfants, les conséquences de cette épreuve sont apparues plus tard, notamment à travers une grande angoisse de séparation. Il nous a fallu tout leur expliquer de cette période compliquée. Je conseille très vivement la lecture de Maman ne me quitte pas de Bernadette Lemoine évoqué plus haut et tous ses travaux permettant de mieux comprendre les difficultés auxquels peuvent être soumis les enfants prématurés. Elles proposent des solutions simples et efficaces, apaisantes pour les enfants et les parents. »

Thérèse, quant à elle, en dehors de la communication en couple, conseille fortement de ne pas hésiter à aller en PMI : « Il faut aussi savoir s’entourer de personnes (famille ou amis) qui peuvent être présents pour nous lorsque le moral baisse ou que l’on a des doutes, que l’on est fatigués… Ne pas tout réussir par soi-même n’est pas grave ! En revanche vouloir absolument tout faire par soi-même et risquer de craquer et de n’avoir personne si cela devait arriver serait dommage autant pour l’enfant que pour les parents. On ne regrette jamais d’avoir trop demandé d’aide, cependant on regrette d’avoir mal ou pas assez fait pour son enfant ! »

Photo : @studio5

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