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“Moi, je n’accouche pas”…et pourtant j’ai bien quatre enfants.
Voilà une phrase que je prononçais encore il y a peu de temps.
Mes quatre enfants sont nés par césarienne, les deux premiers dans l’urgence et des conditions assez directes et traumatisantes lorsqu’on y est pas préparée.
Et mes deux derniers, dans le calme et la préparation sereine de césariennes programmées.
La nature a voulu la femme capable d’accoucher par voie basse, elle en contemple chaque jour que Dieu fait et dans mon entourage, avant ma première grossesse, personne n’avait jamais accouché par césarienne.
Je me suis donc préparée à un accouchement physiologique en suivant les cours de préparation à la naissance proposés par la maternité, en toute confiance de mes capacités (avec la peur normale, inhérente à tout accouchement parce que quelle histoire tout de même!!! Et puis pour une première fois, on fantasme beaucoup plus que pour les suivantes)
Un bref topo sur la césarienne mais ne me sentant pas concernée, je n’y ai prêté qu’une oreille distraite.
Le jour J arrive et le travail commence. Je suis au point, j’ai entendu tous les conseils de part et d’autres, de ma sage-femme, de mon obstétricien, de ma famille…Je suis au point, mon mari à mes côtés et une équipe de professionnels aux petits oignons, des collègues de travail en qui j’ai toute confiance.
Seulement voilà, le temps passe et mon bébé ne s’engage pas. Il commence à donner des signes de faiblesse.
Le couperet tombe! Césarienne, il faut sortir votre bébé en urgence Madame!!!!
Tout s’enchaîne très vite, je descends au bloc et 10 minutes plus tard, mon bébé est arraché de mes entrailles ! Magnifique, 4,750 kg, une taille de géant, l’amour au premier coup d’oeil.
Les suites sont compliquées, je tarde à me lever, la cicatrice n’est pas belle et quand enfin je sors de la maternité, j’ai l’impression d’être passé à côté de quelque chose!!
Mais je me dis en mon fort intérieur “la prochaine fois!”
Seulement voilà, la fois suivante, deux ans plus tard, tout se passe exactement comme la première. Un long travail, un bébé qui ne peut pas s’engager car mal positionné, une césarienne en urgence et le même constat en sortant de la maternité, mon cosy au creux du bras et ma démarche de vieille femme.
Je suis passée à côté de cet accouchement, une fois de plus mais là, il n’y aurait pas de prochaine fois possible, utérus poly-cicatriciel oblige.
J’ai commencé à dire sur le ton de la plaisanterie que moi, de toute façon, je n’ accouchais pas. J’avais l’impression chevillée au corps que je n’en étais pas capable. Pas capable de faire ce que toute femme faisait depuis la nuit des temps (oubliant par là même que la césarienne avait sauvée tant de femmes et d’enfants depuis son invention).
J’écoutais avec envie le récit de mes amies, les voies basses, la sensation magique de sortir un petit être de soi-même, les douleurs de l’accouchement offertes car productives, cette fierté, cette sensation de force, de puissance, d’être capable de tout après un tel effort!
J’ai pleuré sur mon incapacité, sur ce que je ne pourrais jamais vivre !
Une troisième grossesse, attendue avec impatience, un grand bonheur.
Date est prise pour la césarienne. Pour la première fois, je vois clairement le côté positif de cette programmation: mon mari, souvent absent, pourra être présent, avec moi dans le bloc et accueillir notre enfant.
J’aborde la question beaucoup plus sereinement. Je sais ce qui m’attend, le personnel est encore une fois adorable et j’ai bien passé en revue toutes les étapes avec ma gynécologue.
J’y vais donc, résignée. Les médecins vont ouvrir à nouveau la “porte magique”, la refermer et zou ! Je sais également à quoi ressemblera la suite.
Maintenant, je sais que plus tôt je me lève et je me mobilise, plus rapide sera ma récupération. Je sais ce qui m’attend en salle de réveil, pour la sonde, pour la cicatrice et ce bourrelet de peau qui ne partira jamais. Je sais tout, je suis parée, de toute façon moi, je n’accouche pas!!
Mais dans ce bloc opératoire, au milieu de tous les bips et de toutes ces mains qui m’entourent, un petit miracle se produit: “Poussez s’il-vous-plait madame, vous allez m’aider!!”
…..
Moi aussi ce jour là, j’ai eu un rôle à jouer!!!
J’ai accouché par césarienne d’une poulette de plus de 4 kg, en bénissant le ciel de toute cette sérénité, et d’avoir mis sur ma route cette gynécologue qui m’a fait participer, m’a rendu actrice de mon accouchement, qui a fait de moi une mère capable.
Voilà , telle est ma façon d’accoucher à moi ! J’ai une porte magique, mes enfants savent que le docteur l’ouvre pour faire sortir les bébés, par la grande porte.
La quatrième césarienne a été de loin la plus tranquille, celle dont les suites se sont le mieux déroulées, elle a fini de me réconcilier avec ces accouchements si particuliers, avec ma manière à moi de mettre au monde mes enfants.
Je déplore la façon dont j’ai été préparée la première fois, tout en étant bien consciente que nous avons chacune notre façon de voir, de vivre, de ressentir les choses.
J’aurais peut-être trois conseils à donner aux jeunes mamans qui seront amenées à vivre cette expérience toute particulière :
Alors belle rencontre !
Pascaline Olivier
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