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Mais pourquoi mon ventre est encore aussi gonflé ? Tout ce sang c’est bien normal ? La pesanteur quand je marche va-t-elle partir ? Pendant combien de temps je vais avoir des auréoles sur mes tee-shirts ? Est-ce que je peux porter ma poussette ou la cicatrice va-t-elle se rouvrir ? Pourquoi ai-je envie de pleurer tout le temps ? Ces éclairs rouges sont permanents ? Quand vais-je arrêter de saigner ? C’est quoi la descente d’organes ?
Toutes ces questions et bien d’autres encore, la plupart des primipares et des multipares se les posent. Le post accouchement est un trou noir. Parfois, c’est à peine si on est prévenue au sujet de la délivrance placenta. La vraie frontière c’est l’accouchement. Les mamans y sont préparées, c’est souvent ce que nous redoutons le plus, ce pour quoi nous nous préparons, nous prenons des cours (Comme si nous allions pouvoir réellement maîtriser quoi que ce soit). Ces 9 mois vécus pour la délivrance. Puis, il y a un vide. Beaucoup pensent que la grossesse s’arrêtait là mais c’est faux. Quand on a entendu « Il faut 9 mois pour faire un bébé et 9 mois pour s’en remettre » ou une de ses variantes, on a pensé aux kilos de grossesse à perdre et à un peu de fatigue, c’est tout.
Nous sommes peu informées ou pas assez concentrées sur le fameux post partum. Ces semaines de suites de couches plus ou moins difficiles selon l’état mental de la maman, la façon dont l’accouchement s’est passé, l’aide dont elle bénéficie après la naissance,…mais très intenses et souvent incommodantes. Les réseaux sociaux se sont emparés du sujet. De façon extrême car il n’y a pas vraiment de mesure quand la parole se libère. Des femmes révèlent leurs corps éprouvés par la grossesse et l’accouchement, dans sa vérité la plus crue. Salvateur.
Car le post partum est éprouvant et solitaire. Solitaire parce qu’on était deux êtres en fusion et que subitement, nous devenons séparés. Les mamans sont souvent désarmées dans les premiers jours/premières semaines d’un bébé qu’elles n’ont pas encore apprivoisé bien qu’il soit le leur. D’un coup, nous sommes disjoints, comme après l’amputation d’une partie de nous-mêmes.
Par ailleurs, la femme enceinte a été entourée pendant la grossesse, son corps a été célébré pour sa plus belle mission. Du jour au lendemain, il faut subir des séquelles temporaires (la plupart du temps) et s’abstenir d’en parler. Ce n’est pas reluisant les tranchées, le sang qui continue de s’écouler, les cicatrices, les crises de larmes…si elles ne sont pas orientées vers le but ultime : créer la vie. Les maux qui suivent la grossesse ne sont plus liés au bébé, elles sont le lot de la maman qui n’est plus le centre de l’attention puisqu’on a accueilli son enfant tant attendu. L’imaginaire collectif se focalise sur l’accouchement ; s’il s’est bien passé alors c’est bon, la grossesse peut être rangée au rayon archives et il n’y a plus de raison d’en parler. Les ultimes symptômes sont inutiles.
Vous avez été choqués par la vision de ces images ? Vous soutenez leur censure ? Avez-vous imaginé comme c’est dur pour une femme de se découvrir ainsi dans le miroir sans savoir si les choses redeviendront normales ? Avez-vous pensé comme c’est déroutant de découvrir ses propres seins gonflés par le lait, sensibles à tout et douloureux ? Pensez-vous que nous nous trouvons belles avec ce ventre vide qui n’a pas encore repris sa place ? Croyez-vous que c’est confortable de perdre autant de sang toute la journée ? Savez-vous que certaines vivent des douleurs équivalentes à un deuxième accouchement dans la première semaine de suite de couches ? Deux choses m’ont personnellement aidée : D’abord, l’absence de miroir plein pied devant la douche dans la salle de bain de la maternité ; si je voulais, je pouvais ne pas regarder tout de suite, prendre mon temps avant d’apprivoiser ma nouvelle image. Et poser mes mains sur des parties de mon corps qui n’avaient pas été directement impliquées dans la grossesse ou l’accouchement. Mes épaules sont les mêmes, mes jambes aussi, leur toucher est identique à avant l’accouchement ; cela me rassure à chaque fois.
Éprouvant parce que ne pas maîtriser les choses, ne pas avoir le contrôle sur son corps bouleversé par des hormones qui nous font un peu perdre la tête est anxiogène. Il faut sortir les femmes de l’isolement et leur montrer qu’elles vivent juste une situation normale, avec plus ou moins d’intensité selon chacune. Il n’y a pas de honte à admettre que c’est dur et à la dire. Ayant été la première de mes amies à avoir porté des enfants, je ne tiens plus le compte de celles qui ont souhaité partager mon expérience lorsque leur tour est venu. C’est humain de se sentir sécurisé par la comparaison, de se dire « ok c’est normal, d’autres que moi passent aussi par là ». Voilà pourquoi il faut en parler (et pas uniquement de la dépression post partum).
Une image percutante vaut mille mots. Les femmes ont choisi de montrer leurs corps dans ses premiers jours post-accouchement. Ce sont des photos d’une intimité parfois choquante, qu’on n’a jamais vues nulle part et pour cause, beaucoup de pères n’ont même jamais vu la mère de leurs enfants « comme ça ». Elles peuvent rebuter et faire peur, détourner des couples de leurs projets de fonder une famille, je ne crois pas que ce soit l’objectif. Elles illustrent la grandeur de ce don de soi et la fragilité des femmes qui ont donné la vie et ont accepté de mourir un peu.
Elles ne sont pas là pour parler pour parler de bébé, de la joie d’être parent, du bonheur d’accueillir la vie ; elles sont là pour parler des femmes.
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