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Non, décidément, NON je ne peux pas répondre à cette question « Allaiter plus de deux ans, est-il choquant ? »
Si je réponds oui, alors je condamne celles qui ont fait ce choix-là et que j’admire pour la force dont elles font preuve. Parce qu’il en faut de la force pour imposer son choix d’allaitement long. En effet, cet acte naturel est aujourd’hui assez mal perçu dans notre société, où les seins sont si sexualisés qu’on en oublie leur fonction première.
Si je réponds non, je culpabilise toutes celles qui n’ont pas pu ou pas voulu allaiter longtemps. Il ne faut pas se leurrer, nous savons toutes que d’un point de vue nutritionnel, le lait maternel est un aliment exceptionnel. Pourtant, parfois, alors même que l’on veut le meilleur pour son enfant, cette option n’en est pas une pour diverses raisons.
La « normalité » en France est un allaitement à la naissance et un passage au biberon au cours des trois premiers mois de vie. Pour déroger à cette règle dans un sens ou dans l’autre, il faut avoir une sacrée force.
Et si ce qui était choquant c’était de devoir subir les avis des autres sur ce sujet hautement personnel et intime ?
Beaucoup de choses se jouent dans la relation d’allaitement.
Il y a d’abord la volonté ou non d’allaiter qui est propre à chacune et qui dépend de notre histoire, de notre relation à notre corps et de notre manière d’être mère. Il y a celles qui ne peuvent tout simplement pas allaiter. Il y a celles qui ne se voient pas du tout allaiter et qui prennent la décision de ne pas essayer. Il y a celles qui ne pensaient pas aimer allaiter et qui se révèlent dans cette relation. Il y a celles qui pensaient adorer mais qui finalement ne se sentent pas à l’aise. Il y a celles pour qui cette relation est tellement naturelle qu’elles ne voient pas pourquoi arrêter, …bref, nous sommes toutes différentes, et tant mieux !
Mais la volonté ne fait pas tout. La réussite de l’allaitement dépend de l’état physique, physiologique, psychologique et émotionnel de la maman et de celui de son bébé mais aussi de la relation et des évènements qui l’ont marquée. Rien n’est donc joué d’avance. Un allaitement peut très bien se passer et le suivant ne pas fonctionner.
Et puis il y a le reste…la fatigue, la famille, les autres enfants, les engagements, la possibilité de s’organiser, le soutien du papa, la reprise du travail et j’en passe. Autant d’éléments qui viendront ou non consolider cette relation et permettre qu’elle dure plus ou moins longtemps.
Peut-être qu’il suffirait de simplement faire confiance à chaque maman pour faire de son mieux sans jugement ou regards en coin ?
Beaucoup de personnes se permettent de juger l’allaitement sans le connaître ni le comprendre. D’ailleurs, je pense que seule la mère et son enfant peuvent comprendre ce qui s’est joué dans leur histoire d’allaitement puisqu’ils sont les deux seules parties prenantes de cette relation. Parce que l’on parle bien de relation. Allaiter longtemps rime très souvent avec peau à peau, proximité physique, co-dodo, portage…autant d’éléments qui donnent une autre dimension à la relation puisque tous ces gestes nourrissent l’enfant autant que le lait.
Bref l’allaitement est une histoire complexe alors si, plutôt que de juger, on accueillait la manière de faire de chacune avec bienveillance et respect, ce serait tellement plus simple et confortable pour tout le monde.
Mathilde M, auteure du blog www.mesloupiottes.com
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