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Bien que l’âge des premières grossesses recule petit à petit, j’ai été maman à 22 ans, et je ne le regrette pas. Nous avions posé ce choix avec mon mari et attendions ce bébé avec une grande impatience.
Dans le tourbillon de cette vie mouvementée de parents, de temps en temps, j’imagine notre vie sans enfants : un double salaire (j’ai fait le choix d’être mère au foyer), des soirées tranquilles et au calme, des nuits aussi longues qu’on le voudrait et des grasses matinées si besoin, sortir sans engager le double frais d’une baby-sitter, limiter nos dépenses, faire autant de voyages que nous voudrions en partant éventuellement plus loin et plus longtemps, partir sur un coup de tête à l’autre bout de la France pour un week-end entre amis, ou simplement aller se promener les mains dans les poches…
Je me surprends ainsi à rêver quelques instants, avant de retomber les pieds sur terre : aujourd’hui, j’ai de l’amour à distribuer au quotidien et des bisous collants en retour, des colères à gérer et des bras d’enfants serrés autour de mon cou pour me demander pardon, des journées bien occupées qui me permettent de savourer chaque instant de calme, des joies simples et une admiration sans bornes pour ma progéniture adorée, des choses à transmettre, un moyen de me donner sans rester centrée sur moi-même, un fan-club qui me demande de l’aide régulièrement et ce sentiment d’être indispensable à quelques personnes dans ma vie.
Nous constatons souvent un décalage avec un grand nombre de nos amis. Certains attendent plus longtemps pour avoir un enfant, d’autres sont encore célibataires et n’ont pas nos contraintes pour organiser leur temps ; de quoi les envier parfois, lorsque nous déclinons une invitation pour des soucis d’organisation familiale, d’activités non adaptées et d’horaires de siestes à respecter un minimum.
Alors oui, il y a de choses que je ne peux pas faire, ou ne pas faire comme et quand je le voudrais, et alors ? Même si parfois nous cherchons le bouton « pause » pour une petite semaine à deux, que certains jours épuisants nous préférerions nous poser dans notre canapé plutôt que de débuter le tunnel du 18-20h avant de savourer notre soirée, que je dirais bien à mon mari « ce soir je ne cuisine pas on commande des pizzas » sans devoir malgré cela préparer un dîner pour les enfants, nous assumons cette petite famille malgré notre jeune âge. Et même mieux que cela, nous l’assumons et en sommes surtout ravis. Nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve, où nous en serons dans 10, 20ans. Chacun, et surtout chaque couple, avance à son rythme. Nous avons été parents jeunes, d’autres le seront plus tard, et tant mieux si nous n’avons pas tous la même vie. Et puisque nous étions prêts pour ces enfants, pourquoi attendre davantage ? D’ailleurs nous n’avons jamais eu aucune réflexion désagréable, beaucoup sont surpris par notre âge mais semblent rassurés lorsqu’ils comprennent que cette petite famille nous comble.
Et pour me consoler des journées à la plage sans mettre les pieds dans l’eau, parce qu’il a fallu surveiller le dernier qui mangeait du sable tout en gérant l’aîné qui buvait ses seaux d’eau de mer, je me rassure en me disant « dans 20ans, je serais à nouveau seule sur ma plage, j’en profiterais tranquillement, tout en pleurant mes bébés devenus si grands, et je savourerais encore mieux cette liberté retrouvée » !
Alice de Champs
©Photo @Blue Cicada Photography pour MAMAN VOGUE