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Quand on est une femme qui vient d’avoir un bébé, on peut se sentir épuisée et vulnérable, et on se demande comment les autres mamans ont fait pour s’en sortir jusque-là. Il arrive que les personnes autour de nous (famille, amis, collègues) soient de bon conseil, mais il y a certaines paroles, un peu maladroites, qu’il faut à tout prix éviter de nous dire dans ces moments-là.
Le conseil que toutes les jeunes mamans ont entendu au moins une fois. Dit comme cela, ça paraît si facile. Seulement, la réalité c’est que parfois le bébé ne dort pas, ou peu, ou par tranche de dix minutes, ou uniquement dans les bras de sa maman. Le sommeil n’est alors plus qu’un lointain souvenir ! C’est vrai qu’on adorerait dormir pendant que son bébé dort, et être fraîche et dispo pour s’occuper de lui quand il est réveillé, mais c’est une douce utopie. La vérité c’est que le bébé n’en fait qu’à sa tête et qu’il faut sans cesse s’adapter à lui et à son rythme (ou plutôt à son manque de rythme la plupart du temps).
Oui, bien sûr, un bébé c’est tout comme un chat. Enfin c’est ce que pensaient les scientifiques il y a quelques dizaines d’années, avant que l’on découvre qu’un nouveau-né a en fait un besoin constant d’affection et d’attention. Il faut le porter, le rassurer, lui parler, bref c’est un être humain comme les autres, mais complètement dépendant de ses parents et particulièrement de sa maman. C’est gratifiant, certes, mais c’est aussi très épuisant.
Merci de ne pas nous le rappeler. On sait pertinemment qu’on a une petite mine. D’ailleurs, il ne se passe pas un seul jour sans qu’on ne se reconnaisse plus dans le miroir, tellement nos traits sont tirés. Chaque fois qu’on se regarde, on l’impression d’avoir pris vingt ans. Cette fatigue, on la ressent physiquement, en permanence, et on en vient même à se demander si on arrivera un jour à revivre normalement.
C’est vrai que quand on vient de rentrer chez soi avec un nouveau-né, c’est une to-do list bien calibrée qui va tout régler ! Non, si une jeune maman est épuisée c’est sans doute parce qu’elle vient de vivre un accouchement de vingt-quatre heures, donc quinze sans péridurale, et qu’elle ne connaît plus le sommeil parce que son petit bout refuse de dormir ailleurs que dans ses bras. Ce n’est pas un problème d’organisation, c’est juste ce qu’il y a de plus normal.
On n’a pas du tout envie de savoir ça. Parce que cela nous donne vraiment l’impression comme une moins que rien. Comme si nous n’avions aucune volonté ou aucune ressource. Cette femme, si elle existe vraiment, est certainement très douée, mais elle ne représente en aucun cas la majorité des jeunes mamans.
Laissez-nous profiter du premier et on reparlera plus tard d’accord ? On peut encore être dans une phase où on se demande comment c’est physiquement et psychologiquement possible d’en vouloir un deuxième, alors ce n’est certainement pas pour maintenant.
Comme dirait Florence Foresti : « Johnny il a le blues, toi tu as envie de te pendre dans la douche » ! Personne ne nous prépare vraiment à ce qui nous arrive après l’accouchement. Cette chute phénoménale d’hormones qui nous met dans un état de fatigue psychologique incroyable. On rentre tout juste chez soi avec ce mini être humain dont il va falloir s’occuper 24h sur 24 et on a déjà envie d’abandonner, et de reprendre sa vie d’avant. On ressent une grande solitude face à cette nouvelle vie. Et paradoxalement il y a cette vague d’amour qui nous envahit et dont on ne sait pas trop quoi faire. Le baby blues n’a rien de poétique, c’est une bataille sanglante entre des sentiments contradictoires et une fatigue qui nous semble insurmontable. Donc, pour répondre, non, ça ne se passe pas bien. Mais c’est temporaire, heureusement !
On a beau le savoir que nos bébés ressentent tout, nous ne sommes pas surhumaines, et nous avons besoin de nous laisser aller aux larmes de temps en temps, ne serait-ce que pour évacuer la fatigue. Ce n’est que nous faire culpabiliser encore plus que de dire cela, et ça nous fait douter de notre propre force et de notre courage, qui sont malgré tout, bien existants.
Non, malheureusement, la vie n’est pas une comédie romantique, et Meghan Markle nous l’a démontré récemment, les jeunes mamans ne retrouvent pas en une journée leur corps de jeune fille ! Et ça peut être très difficile à vivre pour certaines. Quel qu’a été notre corps avant notre grossesse, une fois l’accouchement passé, il n’est jamais le même. Il a changé, bougé, grossi ou s’est affaissé, et on peut même en pleurer en se regardant dans le miroir tellement on ne se reconnaît plus. Evitez donc de nous le faire remarquer ! Cependant, même s’il nous reste encore un peu de ventre après quelques semaines ou quelques mois, que notre poitrine est flasque, et que les vergetures se sont imprimées à vie, ce n’est pas grave. Il faut se dire que ces marques sont profondément belles, parce qu’elles sont le signe visible de notre maternité.
De manière générale, toutes les injonctions de ce style sont à éviter. Pourquoi ? Tout simplement, parce qu’elles nous font culpabiliser, nous donne l’impression de faire tout de travers et d’être une mauvaise mère. Alors qu’en réalité, on fait ce qu’on peut. Le seul vrai conseil à donner à une jeune maman c’est qu’elle doit faire comme elle le sent, elle doit se faire confiance et surtout se laisser guider par son bébé. Parce que nous sommes toutes les meilleures mamans qui soient pour nos enfants, peu importe ce qu’en pensent les autres.
Tiphaine Crozon
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