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Quand j’ai débarqué dans la vie de maman, je ne travaillais pas. D’ailleurs, je n’avais jamais vraiment travaillé, et je ne savais pas bien quelle direction donner à ma vie professionnelle. Cependant, j’ai très vite su qu’il me fallait trouver une occupation. Quelque chose qui ne soit qu’à moi. Être « autre chose qu’une maman », si tant est que cette expression veuille dire quelque chose ! On sait bien que quand on est maman, cela remplit tous les aspects de notre vie !
Quand je me suis finalement tournée vers l’auto-entreprise, à temps partiel d’abord, j’ai dû trouver un mode de garde. La crèche m’a paru être la solution la plus facile. Au début, j’y mettais mon fils deux jours par semaine. Puis le besoin d’en rajouter un de plus s’est vite fait sentir. Mon activité se développait et me prenait de plus en plus de temps. De plus, mon mari était souvent absent, et faute d’avoir ma famille à proximité, je ressentais le besoin d’avoir aussi un relais de temps en temps. Déposer mon fils à la crèche me faisait du bien. J’appréciais ces temps de pause et de respiration dans ma semaine. Et surtout de pouvoir consacrer ce temps-là à mon travail, qui me passionnait de plus en plus.
Au début, je culpabilisais d’apprécier autant ces temps-là, ces moments qui n’étaient qu’à moi. J’avais l’impression d’être une mère indigne, qui abandonnait lâchement son enfant, pour s’occuper égoïstement d’elle et de son bien-être. Surtout que je profitais aussi de ces temps-là pour faire mes courses, mon ménage, et puis simplement me poser. Ce n’était pas toujours consacré à mon travail. Je n’osais presque pas l’avouer. Comme s’il fallait que je sois débordée pour justifier l’inscription de mon fils à la crèche. Quand, occasionnellement, j’avais besoin d’une journée supplémentaire, j’avais presque honte de le demander au personnel de la crèche. Comme si elles allaient me juger.
Le confinement de mars 2020 est arrivé, et avec lui, la fermeture des crèches pendant deux mois. Mon activité a dû cesser, bien entendu, car je ne pouvais pas travailler avec un petit bout de 18 mois dans les pattes. Je me suis retrouvée à la maison, à m’occuper de mon fils 24 h sur 24, 7 jours sur 7. Et cela a été très dur. Bien sûr, les conditions du confinement n’arrangeaient pas les choses, faisant de chaque journée la même que la veille. Mais mon activité professionnelle me manquait. J’ai réalisé que, non seulement, cela me faisait du bien d’avoir des temps de pause dans ma vie de maman, mais que je m’épanouissais dans mon travail. Il me conférait un véritable équilibre. Privée de cet équilibre de vie, ma relation avec mon fils en pâtissait. Je ne pouvais plus le supporter. Alors que quand il passait sa journée à la crèche, certes j’étais soulagée quand je le déposais, mais j’en étais aussi heureuse de le retrouver le soir. Et cela valait mille fois mieux que de subir ma condition de maman !
Après le confinement, j’ai donc continué à le mettre à la crèche. Aujourd’hui il y passe quatre jours par semaines, et notre relation s’en porte très bien. Il m’arrive parfois de m’inquiéter, de me demander s’il est heureux là-bas, s’il ne se sent pas abandonné. Je crois pouvoir affirmer que oui : il est content d’aller à la crèche. Il y voit des copains, fait toutes sortes d’activités. Il est confié à des femmes compétentes et aimantes, qui accompagnent très bien son épanouissement. J’ai cessé de voir cela comme un abandon, mais plutôt comme une chance pour mon enfant. Certes, les journées peuvent lui sembler longues quelque fois, et je sais qu’il me réclame de temps en temps. Mais je sais aussi qu’il y est bien. Il y est choyé, stimulé, presque plus que s’il restait à la maison avec moi. Les personnes qui s’occupent de lui ne me remplace pas bien sûr. Je lui apporte tout ce que je peux en tant que maman, et elles, elles lui apportent ce qu’elles peuvent en tant que relais. Je leur fais confiance, et je crois que mon fils le ressent. C’est à peine s’il me dit au revoir certains matins ! Et je ne mesure bien sûr pas le bonheur que nous ressentons tous les deux lorsque nous nous retrouvons le soir ! Il n’y pas de plus grande joie, que de le voir courir vers moi, un grand sourire aux lèvres quand je vais le récupérer. Un grand sourire qui veut aussi bien dire : « Maman, tu m’as manqué et je suis content de te revoir », que : « Maman, j’ai passé une super journée ! ».
Et moi, de mon côté, je peux développer mon activité professionnelle, m’enrichir chaque jour de ce travail qui me passionne, et pour lequel je suis douée. Comme je le disais, il me confère un équilibre. J’ai l’impression de m’accomplir pleinement. Et ce ne serait pas le cas si je n’avais pas un jour, fais le choix d’un mode de garde pour mon enfant.
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que je ne connais que trop bien ce tiraillement qu’ont certaines mamans à confier leur tout-petit pour prendre un peu soin d’elle. Et quand je parle de « prendre soin », c’est dans tous les sens du terme. Que ce soit par le développement d’une grande carrière, une activité professionnelle à temps partiel, ou simplement une ou deux demi-journées de « pause ». Nous avons toutes besoins de prendre soin de nous. Certaines ponctuellement, d’autres quotidiennement. Et il n’y a aucune honte à le faire savoir, et à demander un relais, quel qu’il soit. Pas besoin de se justifier, pas besoin d’inventer tout un tas de raison. On sait que le bien-être de votre enfant passe avant le vôtre. Vous le prouvez quotidiennement, parfois même sans vous en rendre compte. Je pense qu’on ne se le répétera jamais assez (la culpabilité étant malheureusement inhérente à notre condition de femme et de mère…) mais un enfant heureux et équilibré, c’est avant tout une maman heureuse et bien dans sa peau ! Je ne peux que vous encourager à trouver cet équilibre, comme j’ai pu trouver le mien.
Photo : Nathalie Coster pour MAMAN VOGUE