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La nouvelle expression qui buzz dans le monde des parents : le lâcher prise. En réaction probable à tout ce qu’on a pu ou peut encore lire sur la charge mentale. Le lâcher prise c’est un peu David contre Goliath dans une société où il faut être beau, intelligent, ambitieux, écolo, cultivé, manuel, spirituel, ordonné,…Cette expression peut me rendre hystérique quand c’est la seule réponse apportée au problème quotidien de tous les parents : faire rentrer un rond dans un carré. Des journées chargées par la vie tout simplement et dans laquelle il faudrait réussir à faire rentrer tout un tas d’activités totalement contradictoires entre elles. Comme comment trouver le temps de lire quand on a x enfants non complètement autonomes (comprenez non adultes) et un job qui nous occupe quand même 8 à 10h sur les 16 que nous passons éveillés ou du moins actifs. Comment réduire sa consommation de viande quand on a des petits aux goûts alimentaires aussi éclectiques que changeants ? Comment avoir une maison propre quand on y vit ? « Lâcher prise », vous n’avez rien trouvé de mieux ?!
« Allez-y » leur disais-je avec un air de défi, pistolet chargé, doigt sur la gâchette – « expliquez-moi quelle est cette magie qui me permettra d’être détendue, souriante, bienveillante et fraîche en toutes circonstances »
Et lâcher prise sur quoi d’abord ? La question qui tue. Dois-je me laver un jour sur 2 ? Manger des pizzas surgelées ? Vivre poilue comme un homme ? Faire un ménage mensuel ? Passer aux 3/5èmes ? Voir mes amis une fois par an ? Attendre la retraite pour voyager ? Coffrer mes enfants ou mes parents en pension à 500 km de moi ? (chers parents de petits pensionnaires, ne le prenez pas mal, j’exagère pour la démonstration) Embaucher une nounou de nuit ? Une nounou de week-end ?
La vraie question c’est lâcher prise, pourquoi ? Une fois passée l’hystérie à peu près correctement décrite plus haut, en y réfléchissant, en effet, je ne suis pas contre récupérer un peu de disponibilité d’esprit et de souffle. Je reconnais que je manque de calme et me sens tout le temps sous pression, le moindre instant de tranquillité utilisé à 104% pour abattre une nouvelle « tâche ». Je pense souvent à ces dessins humoristiques des parents représentés courant sans regarder devant eux, avec 5/6 bras supplémentaires qui abattent chacun ce qui semble être une corvée différente. Une main sur le balai, une mai sur la spatule, une tient une couche, une tient un portable, une tient la main d’un enfant tandis que le parent a fatalement un porte-bébé rempli et 3/4 sacs qui lui tombent des bras. Pas souvent un sourire sur ces visages-là. Souvent, je m’y identifie. Parfois avec orgueil, parfois avec angoisse. Mais ai-je vraiment pris le temps de me demander si tout cela importait ? Non. Plus important, ai-je pris le temps de sonder au fond de moi si cela comptait pour moi ? Non, lâcher prise, c’est se demander : tout est-il indispensable ?
Alors, lâcher prise, comment ? Je me suis assise seule un soir, une fois les enfants couchés, sans téléphone, ordinateur ou télévision et j’ai listé deux choses :
Vous voyez où je veux en venir ? En croisant les 2 listes, je me suis rendue compte qu’il y a pas mal de choses que j’accomplis par obligation. Par exemple, j’aime bien le ménage, ça me vide la tête et cela me donne l’impression de prendre soin de mon foyer et des gens qui y vivent ou y passent. Recevoir nos amis dans un lieu chaleureux et aussi propre que possible c’est aussi ma façon de leur montrer que je les aime. Mais pour d’autres, ça n’apportera probablement rien. Gardez uniquement la liste de ce qui vous apporte quelque chose et dans la mesure du possible, débarrassez vous du reste : réduisez les tâches indispensables au maximum, déléguez-les ou supprimez-les carrément (est-ce vraiment indispensable ?). Offrez-vous quelques heures de femme de ménage de temps en temps, une baby-sitter pour les devoirs du soir, commandez des paniers de légumes tout faits, ne remplissez pas un cahier des charges écologiques par culpabilité si vous ne croyez pas à ce que vous faites, achetez tout fait au lieu de vous lancer dans un DIY si cela ne vous apporte aucun plaisir, …
Vous l’aurez compris, lâcher prise, ça ne veut pas dire laisser tomber la propreté, l’alimentation, le soin les uns des autres. Il s’agit plus d’une attitude de prise de recul critique sur ce que l’on fait soi-même par obligation (dans une société de médias sociaux injonctifs) versus ce que l’on fait par choix ou envie. Une épreuve de modestie qui vous rappelle que vous n’êtes pas la femme, le parent parfait et surtout que vous n’avez pas à l’être !
Mamans, trouvez votre propre équilibre
La charge mentale: nouveau sujet de discorde dans la lutte hommes femmes
Photo © AnnaClick pour MAMAN VOGUE