17 décembre 2016 | Rédaction Maman Vogue
« Alors ma chérie, tu as fait quoi aujourd’hui ? ». La mère au foyer fait tout dans l’ombre, des choses qui paraissent tellement banales qu’on ne leur accorde pas d’importance : s’occuper des enfants. Etre mère au foyer, ça change la vision que les autres ont de vous. Ceux qui pensent que vous ne travaillez pas, que vous êtes simplement à la maison. C’est faux. Ils oublient que vous êtes à la maison certes, mais avec des enfants, des tout-petits.
Je ne regretterai jamais ces moments passés avec eux. Je sais pourquoi je le fais. Ils sont précieux.
Mamans à la maison : que vous l’ayez choisi ou non, l’essentiel est d’en faire un vrai projet. N’ayez pas honte d’annoncer la couleur et surtout cessez de vous justifier. Même si je l’utilise de façon spontanée, je n’aime pas cette expression de mère au foyer qui renvoie à l’image négative d’une mère éplorée dans sa cuisine à éplucher les légumes ou un balai à la main à astiquer la maison !
J’ai décidé de m’occuper de mes enfants à temps plein et non je ne suis ni bourgeoise, ni fainéante, ni inutile, ni limitée !
C’est un choix de couple bien réfléchi avec mon mari et assumé. N’en déplaise à la société ou aux instituts de sondage qui me considèrent comme inactive ou à l’administration qui me colle un numéro de sécurité sociale rattaché à mon mari au même titre que nos enfants. C’est pourtant bien plus glorifiant que ça n’y paraît. Ce choix que j’ai fait aujourd’hui, je l’assume pleinement.
Une mère au foyer ne se laisse pas forcément dominer par ses enfants, il ne tient qu’à elle d’imposer son rythme. Elle ne se retrouve pas forcément en pyjama sur un tapis d’éveil toute la journée, à répondre au moindre désir d’un petit chérubin de quelques mois.
La mère au foyer n’est également pas censée connaître des dizaines de comptines à doigts et autres berceuses par cœur, ni de devoir être continuellement aux fourneaux pour servir un repas à son mari qui rentrera du travail le soir. Il faut faire évoluer les mentalités. Les médias les appellent les FAF (femmes au foyer), sur les déclarations d’état civil elles apparaissent « sans profession », beaucoup de célibataires leur envient leurs maisons pleines de rires d’enfants, les femmes qui travaillent lorgnent de leur côté en se disant qu’elles ont « bien de la chance de pouvoir se le permettre » ou bien disent en secouant la tête avec une moue sceptique que « jamais elles ne pourraient rester cloîtrées entre leurs quatre murs, elles ont trop besoin de vie sociale».
Et pourtant les mères au foyer n’ont pas toutes des maris richissimes ni des vies tristes à mourir. La maman qui travaille à la maison souffre d’une image particulièrement négative. C’est pourtant une vraie manière parmi d’autres de se réaliser, même si cela n’est pas reconnu. Et dans tous les cas de figure, si une mère est épanouie, ses enfants le seront automatiquement.
Le papa doit également y trouver satisfaction et alors c’est l’assurance d’un épanouissement familial. Je ne voudrais pas que les mamans qui travaillent par choix ou par obligation se sentent jugées ou mal à l’aise (je les admire d’ailleurs) mais il me semble important aussi de reconnaître ces mamans au foyer qui se sentent inutiles et incomprises chez elles. Il n’est malheureusement pas donné à toutes les femmes de pouvoir faire ce choix : certaines femmes doivent gérer des situations familiales compliquées ou chaotiques et doivent gagner le pain de la famille. Je leur tire mon chapeau.
Au même titre que la maman qui travaille à l’extérieur, il y a des journées plus agréables que d’autres.
Rester à la maison peut sembler très ingrat : la maman travaille sans aucune reconnaissance à un but qui ne se quantifie pas et dont les bénéfices ne se récoltent pas dans l’immédiat mais sur du moyen terme. Certains enfants et certains maris peuvent aussi vite s’habituer vite au luxe d’avoir une maman qui gère tout et qui anticipe leurs besoins. Dans une maison, rien n’est jamais fini, il n’y a pas d’heure de fermeture des bureaux après une journée bien remplie, il n’y a pas de pause avec les collègues de bureau autour d’un sandwich, pas de conversation d’adulte enrichissante sur l’économie ou la politique, pas de salaire qui tombe ni de prime pour bons et loyaux services.
La vraie question c’est de savoir ce que l’on souhaite vraiment et d’assumer son choix, qu’il soit fait librement ou par obligation. Il n’y a pas en soi un choix meilleur qu’un autre, il y a celui qu’on fait et surtout ce que l’on en fait. Nous devons toutes être fières de ce que nous sommes, il existe de nombreuses manières de rendre ses enfants heureux et épanouis. Ce que j’aime, ce que je recherche, ce sont ces petits moments de plaisir partagé, le temps que l’on prend pour se poser avec nos enfants, pour partager et échanger avec eux. C’est lire un livre, deux livres, trois livres sur le canapé ou sur le tapis de la chambre. C’est faire une partie de cache-cache ou de chatouilles. C’est danser avec eux au milieu du salon et les entendre rire. C’est les voir savourer un pain au chocolat dans mes bras. C’est prendre le temps de faire un câlin plus long en cas de dents qui percent ou de chagrin, de respecter le rythme des siestes, de faire les tétées à la demande. D’organiser au mieux la journée pour que chacun y trouve son compte. De les voir grandir petit à petit. De savoir pourquoi et pour qui je suis là, pourquoi et pour qui je fais ça.
Une mère au foyer c’est un vrai chef d’entreprise. Et le papa, même s’il travaille à temps plein, peut aussi trouver sa place dans le comité de direction (et si j’ose dire, heureusement). Quant à la question financière, déculpabilisez une fois pour toutes. Votre duo fonctionne car chacun remplit son rôle. L’argent gagné appartient au foyer. Le père et la mère apportent chacun leur pierre à l’édifice familial, avec chacun leur rôle, il n’y a pas d’histoire de domination là-dedans. Pour ma part je ne me sens ni dépendante de mon mari ni transparente. Ce que je fais n’est pas récompensé par un salaire mais par bien des résultats tout aussi appréciables sur la qualité de vie et l’équilibre des enfants.
Mère qui travaille à la maison ou à l’extérieur, il n’y a pas de débat à avoir. C’est de la même lignée que l’allaitement ou le biberon, la crèche ou l’assistante maternelle, l’école privée ou publique, et tant d’autres. Il n’y a que le choix que l’on fait, avec bienveillance, discernement et une petite part de conviction personnelle. Il n’y a rien de forcément mieux ou moins bien, il n’y a que ce que l’on a choisi.
Il y a des mères qui travaillent à l’extérieur clairement satisfaites de cette organisation plus ou moins bien rôdée et d’autres qui ont l’impression de passer à côté de leur vie de maman ou de ne pas profiter suffisamment de leurs enfants.
Tout comme il existe des mères au foyer très épanouies dans ce rôle qu’elles sont fières d’avoir choisi et d’autres complètement éplorées ou qui souffrent à l’idée d’avoir sacrifié leur carrière professionnelle.
Il y a ces mères au foyer qui peuvent se permettre de ne pas gagner de salaire et ces mères qui travaillent à l’extérieur parce qu’elles n’ont pas le choix. Bref, il n’y a pas de vérité toute prête.
Il y a, partout, des mères qui se réalisent chacune différemment, certaines plus dans leur identité maternelle, d’autres dans leur identité socio-professionnelle. Il est impossible et dangereux de généraliser, chaque situation est singulière.
Il y a surtout ces mères qui font ce qu’elles peuvent et qui le font du mieux qu’elles peuvent. Personne n’a rien à en dire.
Oui la mère au foyer travaille au même titre qu’une autre. Pas de la même manière, certes. Mais elle n’est pas inactive. Surtout une mère au foyer qui s’occupe d’enfants en bas-âge pas encore scolarisés. C’est un vrai quotidien, pas un passe-temps. Il faut arrêter de croire que celles qui sont au foyer ne font rien ou de penser que celles qui travaillent à l’extérieur ne pensent qu’à elles. Je ne me positionnerai pas sur ce débat qui à mon sens n’a pas eu lieu d’exister. Pour ma part, le bon équilibre est de pouvoir concilier les deux. Parce que je trouve qu’une mère a plusieurs identités et parce que je crois que quand nous assumerons toutes pleinement nos choix, le monde aura bien avancé. L’épanouissement de nos enfants dépend beaucoup de l’épanouissement des parents. Si vous faites des choix, que ce soit par volonté ou par obligation, faites-le bien, soyez en convaincues, trouvez le positif de chaque situation et mettez-le en avant. Faites que votre choix soit un bon choix, en lui donnant tout simplement vous-même ce statut.
Nous sommes dans une société qui valorise l’indépendance financière, la productivité, la réussite professionnelle, le « je » et la satisfaction égoïste des besoins personnels. Pas étonnant que la mère au foyer n’ait pas tellement la côte. Anne Bersot dit à juste titre que la mère au foyer doit être fière de relever le menton et de dire qu’elle est non pas « sans profession » parce qu’elle a mis sa carrière entre parenthèse quelque temps mais qu’elle est « investisseur en capital humain ». Une bien jolie expression pour faire un pied de nez à l’image dégradante de la mère au foyer.
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Charline Jouint-Lesassier