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« Trois grossesses en trois ans, ma pauvre ! », « tu comptes travailler quand ? », « ce serait bien que tu penses à toi ! », « il faut arrêter on est plus dans les années 50 ! », « rassure-moi tu n’attends pas des jumeaux ? « ,…
Je pourrais continuer encore longtemps la liste des réflexions suscitées par ma condition de maman de trois jeunes enfants rapprochés. Le pire c’est que les réactions se veulent la plupart du temps bienveillantes : perçue comme une situation subie voir dégradante on cherche à m’aider ou à m’ouvrir les yeux. Souvent je réponds par un sourire ou j’élude la question…
Oui je suis harassée et je comprends que cette fatigue puisse être effrayante mais on apprend à vivre avec. Si j’étais épuisée par un projet entrepreneurial les réactions seraient bien plus positives. Et effectivement en ce moment je consacre l’essentiel de mon temps à ma famille. C’est un choix que j’ai fait et qui me rend heureuse. Je sais ça peut paraître dingue mais je m’épanouis dans ce don total qui n’est pas toujours facile et qui demande beaucoup d’abnégation. Si je me dévouais entièrement à des causes humanitaires j’aurais le droit à des réactions bien plus positives. Et oui je sais qu’aujourd’hui ça peut paraître fou de ne pas garantir son indépendance financière. Je fais un pari sur l’avenir pour vivre la vie qui me plaît et non pas renoncer à celle-ci pour couvrir mes arrières. Si j’avais renoncé à travailler pour me consacrer à une démarche artistique ne garantissant pas ma sécurité financière les réactions seraient encore une fois bien plus positives.
Et enfin je sais qu’après un 19ème siècle particulièrement ingrat pour les femmes, certaines se sont battues pour être libérées du rôle de mère au foyer auquel elles voulaient échapper. Mais je pense que le choix est le fruit de leur combat, celui de vivre la vie que l’on souhaite qu’elle soit auprès de ses enfants ou au travail. Les mères au foyer ne sont pas des êtres dominés qui ont loupé le coche de l’émancipation des femmes !
Souvent je dis que ne travaille pas mais c’est faux ! Je suis à la fois puéricultrice, intendante, cuisinière, comptable, infirmière, femme de ménage, institutrice,… j’exerce une multitude d’activités au quotidien ! Et elles ne sont pas plus dégradantes que tous ces métiers.
Effectivement c’est un travail non salarié…Et il y aurait beaucoup à faire pour que notre société arrête de percevoir une activité en fonction de l’argent qu’elle rapporte.
En fait je pense plutôt que malgré les apparences j’ai de la chance. J’ai la chance d’avoir eu le choix d’être mère au foyer ou de travailler alors que beaucoup ne l’ont pas.
J’ai la chance de voir grandir mes enfants au quotidien et s’épanouir leur affection fraternelle. J’ai la chance de ne pas avoir à gérer la difficile équation entre vie familiale et vie professionnelle.
J’ai la chance de n’avoir jamais quitté une garderie en larmes parce que je devais faire garder mon enfant pour retourner travailler.
Alors évidemment ma situation a des inconvénients, je renonce à bien des choses et je ne pense pas du tout être une meilleure mère que celles qui travaillent. Mais pour le moment c’est cette vie que j’ai choisie (rien n’est définitif) alors je vous en prie ne me plaignez pas.
Credit photo : ©Caroline Blue Cicada x Lisette Made in Cannes pour MAMAN VOGUE
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Heloise T