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L’éducation est devenue un domaine de compétences. Pour être un bon éducateur, il faut connaître les résultats des dernières recherches en neurosciences, avoir lu toutes les essais d’Isabelle Filliozat et avoir suivi au moins une session de formation à la discipline positive. Cependant, nous observons aussi que les parents surinformés sont parfois les parents les plus à bout, ceux qui glissent progressivement vers le burn-out. Sommes-nous convaincus du bien-fondé de toute cette débauche d’information ?
La documentation éducative pullule depuis quelques années. Les méthodes éducatives se démocratisent et envahissent les rayons « développement personnel/pratique ». Les manuels pour être un bon parent nous proposent des méthodes très variables mais permettant toujours de « réussir l’éducation de ses enfants ». Tu parles d’un challenge, heureusement qu’il existe des bouquins pour nous aider…Bouquins dans lesquels nous comprenons que si on laisse pleurer Babychou plus de 3 minutes, il ne développera pas de relation affective équilibrée à l’âge adulte. Etudes diverses qui démontrent avec plus ou moins de rigueur le lien entre l’alimentation ou l’installation de l’environnement de bébé et son avenir. Comprendre : s’il n’a pas sa dose de brocolis à 3 ans, il ne fera pas polytechnique. S’il n’a pas été allaité, il est plutôt mal barré. Les injonctions invisibles se multiplient. En voulant soulager les jeunes parents, les manuels et autres conférences contribuent aussi à leur mettre une sacré pression.
Je me souviens du changement de regard quand j’ai reconnu élever une famille nombreuse sans avoir lu ce qui semblait être la « base », soit une quinzaine d’ouvrages « indispensables ». Mon amie, au contraire, lisait beaucoup, essayait beaucoup de choses avec plus ou moins de succès. Les constantes de sa première année de maman : découragement, stress démesuré, contrôle et déconnexion de soi. Tellement persuadée qu’elle ne pourrait pas être une bonne mère sans appliquer A puis B puis C, je la retrouvais régulièrement au bout du rouleau, abattue par ses « échecs ». Comment se faire confiance lorsque le monde semble vous dire qu’il faut avoir Bac+7 pour élever des enfants ?
Les manuels oublient de rappeler quelques principes qui priment sur toutes les méthodes du monde.
Il est bon que certaines ressources existent. Elles ne remplacent pas vos intuitions et votre petite voix intérieure.
📷 @elizabethalison_