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Cette semaine, Maman Vogue a rencontré Marie Boyer-Aubert, fondatrice de la marque de vêtements Joli Bump qui se portent avant, pendant et après la grossesse et du podcast qui lui est associé. Merci Marie d’avoir partagé ton beau parcours si inspirant et ton regard posé et sincère sur la maternité.
Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je suis Marie, j’ai 34 ans et une petite fille de 3 ans, Jeanne. J’habite à Montpellier et bientôt à Marseille ! J’ai un parcours assez classique, une école de commerce puis Sciences Po Paris. J’étais une grande accro aux études qui s’est retrouvée un peu perdue lorsqu’il a fallu choisir un parcours professionnel. J’ai d’abord travaillé un peu en entreprise dans des univers assez exigeants, notamment le conseil. Puis, j’ai rejoint mon père que j’ai secondé dans la gestion de sa société pendant 3 ans. Au bout de ces 3 ans, le projet sur lequel j’étais impliquée a abouti et j’étais enceinte de 8,5 mois. C’est à ce moment que je me suis posée la question de la prochaine étape.
Etant issue d’une famille d’autodidactes, entrepreneurs, l’idée de monter ma société s’est naturellement imposée à moi et Joli Bump est très vite devenue une évidence. C’était il y a 2 ans et demi.
Comment l’idée de Joli Bump t’est-elle venue ?
Lorsque j’étais enceinte, j’ai eu beaucoup de difficultés à m’habiller. J’aimais bien être simple dans mes tenues mais élégante. Et les vêtements pour les femmes enceintes que je trouvais ne me convenaient pas. De plus, je n’ai jamais été adepte de la mode jetable et je me suis dit que l’on pouvait imaginer des modèles que l’on peut porter pendant la grossesse mais aussi après. D’autant que la période post-partum n’est pas simple non plus pour s’habiller ! Naturellement, je me suis mise à réfléchir à ce projet. Tout en y ajoutant deux touches qui me sont chères : la qualité des tissus, des matières et des coupes et la durabilité. Laisser tomber la mode qui switch constamment pour des vêtements qu’on garde dans le temps et qu’on peut continuer à porter avec un ventre plus plat.
Comment as-tu fait pour te lancer ?
Je me suis lancée dans l’aventure Joli Bump sans connaissance du secteur textile, j’ai donc travaillé pendant 1 an pour tout apprendre avant de lancer la marque. J’ai lu des livres dans lesquels j’ai appris à faire des dessins techniques, à affiner mes choix de fibres textiles pour les tissus. Je fais également les mesures de tous les modèles. Puis, il a fallu chercher comment produire ces vêtements. Le Portugal m’est très vite venu à l’esprit. J’y suis donc partie une semaine avec mon mari. Nous avons rencontré plusieurs entreprises et avons finalement trouvé nos premiers fournisseurs.
Comment as-tu fait pour monter ta boîte en parallèle de tes débuts de maman avec Jeanne ?
J’ai commencé à réfléchir au projet sur mes derniers mois de grossesse. Après la naissance de Jeanne, j’ai tout de suite commencé à y travailler plus précisément, d’autant qu’elle était un bébé super facile qui faisait de longues siestes et me laissait des vraies plages de temps pour réfléchir. A 5 mois, Jeanne a commencé à être gardée par une nounou et j’ai pu me concentrer sur le concret. C’était parti ! J’ai, par ailleurs, la chance d’avoir eu ma famille assez proche géographiquement, ce qui m’a été d’une grande aide aussi.
Revenons un peu sur cette grossesse, as-tu aimé être enceinte ?
Je n’ai pas particulièrement aimé ma grossesse, notamment parce que je n’arrivais pas à m’habiller et à me sentir « moi-même ». J’étais un peu mal à l’aise avec ce nouveau corps qui changeait, bien que j’aie été en super forme tout au long de ma grossesse. J’ai même pu pratiquer du sport, du yoga prénatal et de la natation. Et puis, j’étais très inquiète à propos de « l’après ». Comment allions-nous gérer ça mon mari et moi ?.
Finalement, je dois reconnaître que je pense que je me suis tellement inquiétée pendant ma grossesse que lorsque Jeanne est née, ça n’a été que du bonheur ! Je n’avais rien projeté donc tout m’a semblé extraordinaire. Du coup, je n’ai pas connu de baby blues et je garde un souvenir idyllique de ces premiers mois.
Raconte-nous un peu tes débuts de maman
Très naturellement, c’est un peu comme si j’avais su instinctivement comment gérer ma fille. Elle était très facile à vivre, avec un rythme familier et régulier dès le début. On s’est comprises immédiatement toutes les deux ! J’ai juste été surprise par l’allaitement. J’ai nourri Jeanne pendant 3 mois et ça a été difficile à mettre en place. Avec le recul, ce qui semblait très naturel a été plus compliqué et j’ai eu besoin de pas mal de conseils en lactation notamment à la maternité.
Qu’est ce qui t’a semblé difficile dans l’après grossesse ?
L’équilibre femme – maman a été très difficile à trouver. Se retrouver en tant que femme, en tant que personne. 3 ans après, j’y arrive à peine.
Déjà la première étape difficile, c’est de retrouver son corps, ses sensations de femme.
Puis, de se réapproprier sa vie de couple, trouver du temps pour être à deux. Mettre en place des routines de couple.
Enfin, le plus gros challenge, je trouve que c’est de se réinventer comme personne. Retrouver une vie quotidienne, une place dans la vie et dans la société. Se poser des questions existentielles telles que qu’est-ce que je veux faire ? Quelle est cette nouvelle vie que je veux construire ? Ce qui amène à revoir ses priorités : c’est quoi la réussite ? Qu’est ce qui fait que ma vie est réussie ? Quel type de vie je souhaite ? Je suis mise à remettre en question les « roles models » que les médias et la société m’avais insidieusement imposés pour définir comment je voulais mieux vivre au présent et à l’avenir. C’est très personnel, mais j’ai ressenti que l’on ne redevient pas celle qu’on était et d’ailleurs on ne le souhaite pas vraiment, et j’ai eu besoin de me poser pour savoir qui je suis et ce que je veux être.
Et aujourd’hui, comment ça se passe la vie avec Jeanne et Joli Bump en même temps ?
Au début, quand mon projet était en développement et que je n’avais pas vraiment encore d’obligations formelles, c’était parfois difficile de ne rien lâcher. J’ai dû m’accrocher pour travailler, garder un rythme, une discipline alors que rien n’était encore concret.
Aujourd’hui, c’est une grosse organisation, je me déplace assez souvent et j’ai beaucoup de travail. J’ai la chance d’avoir des relais familiaux proches et mon mari m’aide beaucoup. Le temps est devenu ma contrainte et alors qu’elle ne le comprenait pas quand elle était bébé, Jeanne aujourd’hui a conscience de mes absences qui lui plaisent plus ou moins. Je cours donc sans cesse après le temps et je suis en recherche permanente d’optimisation de mon planning et de mon organisation. J’avoue que ce n’est pas dans ma nature et que ça me demande un effort quotidien. Un bébé vous contraint à vous organiser parce que votre journée de travail est organisée en fonction de ses horaires.
Sur ce point, je suis extrêmement disciplinée, je garde des vrais moments pour être uniquement avec Jeanne, pour être 100% disponible et pouvoir être attentive à ses humeurs, ses joies et ses peines. Je ne veux pas passer à côté de quelque chose.
Es-tu du genre super organisée ou au contraire complètement bohème ?
Plutôt organisée pour elle. Je ne suis pas de celles qui anticipent tous les besoins mais dès qu’ils m’apparaissent, j’y remédie rapidement et avec rigueur (genre les équipements de soleil pour l’été). Je la couve beaucoup, je veille toujours à ce qu’elle ait ce qu’il lui faut.
T’arrive-t-il, comme à beaucoup de mamans, de culpabiliser de travailler souvent et d’être, de fait, moins disponible pour ta famille ?
Oui bien sûr comme à toutes les mamans. Mais je me raisonne beaucoup, je suis assez apaisée de ce côté-là. Nous sommes très présents pour elle avec mon mari, elle est notre priorité. J’ai la conviction profonde qu’elle est aussi bien entourée et qu’entre les encadrantes de la crèche et tous ses grand-parents, c’est une petite fille entourée d’un écosystème bienveillant qui l’aide aussi à grandir.
J’essaye de me rappeler cela à chaque fois que je culpabilise parce que je suis en retard ou moins bien organisée !
Quelles sont tes astuces pour souffler ?
Je fais minimum 1h de course à pied par semaine, j’en ai absolument besoin. Je suis même capable de me lever tôt pour y aller le week-end, alors que je ne suis naturellement pas matinale !
Et enfin, on adore ton podcast qui est à la fois enrichissant et déculpabilisant. On se sent partie d’une communauté quand on vous écoute toi et tes invitées. On se demandait donc comment l’idée t’est venue ?
J’ai toujours eu envie de créer quelque chose en plus de la marque, qui fasse du sens. Je voulais m’engager vis-à-vis de ce sujet immense et passionnant qu’est la maternité, et, autant que possible, contribuer à transmettre, informer, libérer la parole des mamans. Je trouvais par ailleurs que le format voix, que j’ai toujours beaucoup aimé, était parfait pour parler de maternité, un sujet intime et personnel. La voix est moins intimidante que la vidéo et plus personnelle que le papier.
Des projets ?
Pour le moment, je vais consolider Joli Bump, fédérer une équipe autour de moi pour lancer encore de nouveaux modèles et des nouveaux projets !
www.jolibump.com
Paola Marceau