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A l’annonce de leur nombre d’enfants, elles ont toutes observé un jour ou l’autre un regard teinté d’admiration, d’étonnement ou de totale incompréhension. Dans la rue, certains s’amusent à compter leur tribu. D’autres mettent les pieds dans le plat. « Ils sont tous à vous ? » ; « Du même père ? » ; « Ils ont tous été désirés ? » ; « Vous savez qu’il existe la pilule ? ».
Autant de remarques qui fusent, sans filtre. « C’est le côté répétitif qui est un peu pénible » confie Thaïs. « Ça peut être blessant, mais on apprend vite à avoir de la répartie », assure quant à elle, Elisabeth.
Lorsqu’on leur demande si elles ont toujours eu ce projet, beaucoup répondent positivement, ayant elles-mêmes connu les joies de la fratrie multiple. « Pour nous, cela représente beaucoup de rires, repas interminables, chamailleries, camaraderies, la vraie vie quoi ! » s’amuse Aurélie. Mélanie analyse : « Aujourd’hui, nos enfants paraissent heureux, et nous le sommes aussi. Mais en y réfléchissant, cela passe par certains deuils. Deuil d’une certaine liberté que nous avions sans enfant, deuil d’une carrière professionnelle… Nous avons appris à faire fi du regard extérieur pour poser nos choix de vie à deux ».
Cela passe immanquablement par « l’implication de son mari » insiste Lorraine. « C’est lui qui fait les courses, le marché » reconnaît Elise. Ces pères partagent tout naturellement les tâches quotidiennes. Certains partent plus tard au travail pour gérer la conduite du matin, d’autres rentrent plus tôt pour préparer le dîner. Elisabeth résume : « On se forge une organisation au fur et à mesure de l’arrivée des nouveaux bébés ! Avec un couple solide, où les deux prennent leur rôle à cœur, on construit notre famille jour après jour. »
Bon ça, c’est quand on a la chance d’avoir un mari un minimum dispo… 🙂
Vous l’aurez compris : pas de place à l’improvisation ! Il faut anticiper ! Les repas sont prévus d’une semaine sur l’autre ou tout au moins la veille pour le lendemain. Certains sont congelés, d’autres composés en fonction du contenu toujours plein du réfrigérateur. « Mon arrière cuisine est une vraie mini-supérette », s’amuse Marie-Elisabeth. « Et pour la cuisine, je fais souvent simple et rapide. J’ai des basiques en permanence à la maison que je mixe régulièrement ». Avec humour, la série « Fais pas ci, fais pas ça » en a fait une recette désormais culte : le « Fourzitou » de Fabienne Lepic (sorte de gratin de restes), plat préféré des familles nombreuses !
Chacun apporte aussi sa pierre à l’édifice familial : « Nous avons un tableau des tâches ménagères qui responsabilise chaque enfant en fonction de son âge et de ce qu’il peut faire : mettre la table, débarrasser le lave-vaisselle, passer l’éponge, monter le panier de linge propre ».
Pour le reste, « je suis hyper ponctuelle, parce que le retard me stresse, donc une fois que j’ai trouvé le bon rythme, ça roule et tout le monde suit. J’ai rarement d’imprévu. », confie Thaïs.
Et pour que tout fonctionne, on simplifie au maximum son quotidien ! « Covoiturage pour certains trajets d’école, aucune course en magasin ou très peu. Quasiment que du drive, un vrai gain de temps et d’argent ! » révèle Marie-Elisabeth.
Idem pour les vêtements. Thaïs précise : « Je suis une adepte des vide-greniers, soldes et ventes sur des groupes de réseaux sociaux. J’anticipe donc les saisons avec une année d’avance. J’ai parfois besoin de racheter des choses en urgence, mais on fait de sacrées économies ! »
« En ce qui concerne les activités, point trop n’en faut », annonce Marie-Elisabeth. « Je limite à une activité par enfant pour éviter d’être Madame Taxi ». confirme Elise.
Mais comment rechargent-elles leurs batteries ?!
Une règle d’or s’impose : les enfants sont couchés tôt. A 20h, tout le monde est dans sa chambre, « cela nous laisse toute la soirée pour notre vie de couple! » explique Aurélie.
Mathilde confie : « Une fois par semaine avec mon mari, nous avons notre dîner en amoureux. Cela nous permet de nous poser tous les deux, d’aborder des sujets importants qui nécessitent du temps ou simplement de regarder un bon film. »
« Quand mon mari a besoin de décompresser, raconte Marie-Elisabeth, il va marcher en forêt. De mon côté, je m’évade plutôt dans la peinture et les activités manuelles. Sortir avec des amies et voir qu’on partage toutes les mêmes galères est rassurant, ça déculpabilise ! » Elise renchérit : « Rien de tel que les discussions au parc avec les copines mamans pour se dire qu’on est toutes pareilles et qu’on fait de notre mieux ».
Le principal souci reste la place de chacun dans la fratrie.
Anne-Charlotte explique : « Je veux vraiment que chacun de mes enfants se sente unique et important. Pour l’assurer, j’essaie de prévoir un temps privilégié par semaine avec un enfant : une sortie piscine, bibliothèque, vélo, balade ou film ».
De son côté, Marion déclare : « J’essaie de faire en sorte que tout le monde s’écoute parler et que chacun puisse s’exprimer librement ». « Essayer de faire grandir chacun selon son caractère, ses aspirations, ses qualités, mais aussi ses défauts, tout ceci en conjuguant avec les autres membres de la famille, est le plus difficile, ajoute Bénédicte. Heureusement nous sommes deux et les week-ends sont précieux ! ».
Finalement, ce sont des mères en proie aux mêmes doutes et incertitudes que les autres.
Qui sont parfois débordées. « Les repas ? avoue Marie-Elisabeth, c’est souvent la foire d’empoigne… Et chacun doit avoir le temps de s’exprimer sans qu’on lui coupe la parole ». Nathanele ajoute « C’est plus compliqué quand on est fatiguées ou stressées ».
Parfois découragées. Thaïs explique : « J’ai l’impression de devoir être là pour tout le monde tout le temps et surtout en même temps ! Mais il suffit d’un câlin, d’un bisou, d’un mot doux pour que le moteur redémarre immédiatement ».
Très souvent comblées au-delà de leurs attentes. « Je me sens chanceuse et heureuse » conclut Cindy. Aidée d’Anne-Charlotte : « Les meilleurs moments de famille sont le week-end, lorsque nous sommes tous les sept et que nous faisons une activité tous ensemble ».
Wonderwomen pour certains, à la limite de la folie pour d’autres, ce sont des femmes fières de leur choix qui assument et assurent au quotidien ! Bravo mesdames !
Laetitia d’H.
© photo Virginie Hamon pour MAMAN VOGUE