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L’annonce d’une grossesse ou l’arrivée d’un enfant peut avoir l’effet d’un tsunami chez certains, d’un bouleversement qui vient nous toucher et révéler des tensions que nous n’avions pas soupçonnées. Lorsqu’une grossesse s’annonce quelques mois après la naissance d’un enfant, certaines mamans pourraient se dire : « Je ne peux pas lui imposer ça ! » en pensant à l’enfant qui vient de naître, à leur mari, à leur corps…
Différentes réactions, différents profils de mamans peuvent se cacher derrière ces sept mots de panique :
Tout d’abord le nourrisson, ce petit être que vous avez accueilli il y a quelques mois ou semaines et que vous choyez avec toute votre attention. Laissons-le en dehors de cette nouvelle grossesse. Il ne demande qu’une chose c’est que vous l’aimiez et lui sera tout à fait capable de s’ajuster à l’arrivée d’un frère ou d’une sœur. Ne l’impliquez pas dans cette nouvelle, c’est un enfant qui se construira dans le contexte que vous lui proposerez. Il ne s’agit pas de lui dans cette phrase, mais bien de ses deux parents, père et mère. « J’aurais moins de temps à lui consacrer, je vais devoir me partager, il m’aura moins pour lui tout seul ». Dit comme cela, c’est tout à fait juste en terme de temps, mais il y a autre chose qui est vrai aussi, c’est que le cœur d’une maman et d’un papa a cette capacité à grandir et à s’ouvrir d’une manière exponentielle à l’accueil de chaque nouvel enfant. Vous n’aurez pas moins d’amour à donner puisque votre cœur se sera élargi, vous en donnerez autant et de mille manières différentes : en chantant une comptine, par des mots doux « tu es le petit Paul de mon cœur », en partant seul avec lui vous promener … Et déjà vous lui enseignerez une réalité de la vie : il n’est pas seul au monde, toute sa vie, il devra composer avec d’autres.
Et si cette phrase était plutôt : « Je ne pourrais pas gérer ! Comment je vais faire ? Nous sommes si fatigués : comment mon mari va le prendre ? Quelles répercutions dans notre couple ? Nous n’en n’avions pas parlé ! Je voulais reprendre mon travail. Mon mari change de boulot, cela va le stresser !
J’ai entendu une maman plus âgée dire avec un grand sourire à une maman plus jeune à la naissance d’un de ses enfants : « Alors, ça y est, c’est le bazar chez toi ! » Drôle de phrase, un peu déroutante et pourtant tellement vraie et source de vie !
Oui c’est fatiguant d’avoir des grossesses rapprochées, mais c’est encore plus fatiguant de ne pas oser le vivre comme tel. Que c’est reposant d’avoir un appartement rangé, une cuisine nickel, le linge repassé dès qu’il est sec et d’être toujours coiffée pour sortir faire une course ! Mais là, avec les nuits hachées, l’aîné ou les ainés qui demandent de l’attention, « je n’y arrive plus et cela me tend ! » Et si c’était à vous parents qu’il était demandé de consentir à ce nouveau contexte, à l’arrivée d’une nouvelle grossesse ? Comment je vais m’adapter à cette réalité qui me demande de vivre mon quotidien différemment ? Vivez ce que vous êtes appelés à vivre en restant en lien avec l’essentiel : le soin de vos enfants par toute l’affection que vous avez à donner. Ne vous laissez pas atteindre par des regards réprobateurs par ce que vous n’arriverez pas à gérer une crise de colère dans la queue d’un magasin, accueillez avec joie une visite impromptue même si votre maison est sans dessus-dessous, réconciliez-vous avec l’idée d’avoir des pâtes trois fois dans la semaine. C’est comme si le mot souplesse demandait à s’inviter chez vous, dans votre quotidien et dans votre manière d’être. N’hésitez pas à lui ouvrir grand la porte s’il peut vous apporter de l’oxygène et de la joie de vivre.
Et si cette nouvelle grossesse suscite des « c’est de la folie d’avoir des enfants si rapprochés, je ne te comprends pas, ton entreprise ne va pas être contente ! Ton mari cherche du boulot ! » ? Aïe ! Ce sont des phrases qui peuvent faire mal car elles résonnent comme de petites attaques personnelles. De qui parlent ces personnes quand elles vous disent cela ? Même si certaines phrases réveillent chez vous certaines inquiétudes, ces personnes parlent d’elles-mêmes, de leurs propres inquiétudes ou de leurs propres limites. Ne vous laissez pas envahir, surtout dans ces moments où la fatigue vous fragilise.
Est-ce que le meilleur pour vous, votre famille et votre lien conjugal pourrait-être de vous concentrer sur votre couple au moyen du dialogue avec votre conjoint ?
Il est essentiel de pouvoir se dire, de dire à l’autre ses craintes, ses déceptions, ses moments de doute et de fragilité. Ce sont ces dialogues vrais et c’est cette volonté de communication et cette volonté d’accueillir ce qui est dit, qui va nourrir votre lien et fera grandir la confiance entre vous. Cela demande d’être tourné vers l’autre avant de se regarder soi. Il est bon d’être vrai entre époux, de ne pas se cacher, de consentir à ce qu’est l’autre réellement et à ne pas avoir peur d’être ce que l’on est.
Alors oui parfois ce n’est pas simple, car l’autre peut ne pas se sentir en capacité d’accueillir ces changements, ce stress et cette fatigue. Peut-être que ce que vous vivez vient le toucher ou vous toucher dans son/votre histoire personnelle ? Ne désespérez pas, vivez au jour le jour sans vous posez trop de questions. Ouvrez-vous à une personne de confiance, qui vous écoutera avec bienveillance. Celle qui vous apportera la tranquillité sera la bonne. Et peut-être que le couple aura besoin de se faire aider par un professionnel dans cette nouvelle étape de vie conjugale et familiale. Ce n’est pas un drame, parfois quelques entrevues suffisent pour que la vie reparte autrement. Bonne route !
Stéphanie de Malglaive
Cabinet Mots croisés
© photo Clarisse de Lauriston