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Si historiquement les nourrices étaient des personnes rémunérées pour allaiter les bébés, aujourd’hui certaines ne se sont jamais occupées d’un bébé allaité. Cette situation peut inquiéter votre nounou ou vous-même. Il est légitime que quelques questionnements surviennent. Pour vous aider voici quelques éléments de réflexion.
Pour les assistantes maternelles, chaque nouveau bébé accueilli est une nouvelle aventure. Tous les enfants sont différents, ils ont tous leurs petites habitudes pour manger, s’endormir, chercher du réconfort ou exprimer leurs émotions. Quand une assistante maternelle accueille un nouveau bébé chez elle, elle commence ce travail par la découverte de l’enfant et de sa famille. Les temps d’adaptation sont indispensables. Ils servent au bébé qui découvre un nouvel environnement et doit s’adapter à de nouvelles personnes et à la séparation. Ils sont utiles à la maman qui peut alors entrer progressivement dans la séparation. Et la nounou utilise ces temps progressifs pour établir la
con fiance et le dialogue, pour observer le bébé et s’ajuster au mieux à ses besoins.
Avec votre reprise du travail, votre enfant vit une partie de ses moments d’éveil et de développement avec sa nounou. Vous confiez donc votre bébé à l’assistante maternelle mais aussi son développement, son alimentation, son sommeil, sa sécurité dont la sécurité affective. Pour être sereine de votre côté et pour que votre bébé le vive bien, il est primordial d’installer une relation de confiance entre les parents et la nounou.
C’est par le dialogue que vous allez pouvoir installer cette confiance. Utilisez les temps d’adaptation pour échanger et discuter avec la nounou. Pour s’ajuster au mieux aux besoins de votre bébé elle a besoin de nombreux éléments. Tout ce que vous pourrez lui communiquer, lui raconter, lui expliquer l’aidera. Elle a besoin de connaitre vos petits rituels, les habitudes de la maison et de votre bébé, vos façons de faire et d’organiser la journée, ses rythmes, ses réactions, ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas, comment il le manifeste….
La nounou ne pourra pas toujours faire un « copier-coller » de toutes ces choses. Sa maison est différente, elle a d’autres enfants en garde, certains impératifs. Mais vous pourrez ainsi définir ensemble ce qui est important pour vous et votre bébé, trouver des solutions et des compromis. Il arrive même que grâce à leur expérience et leur professionnalisme les nounous fassent aux parents des suggestions utiles dans la gestion des pleurs et du sommeil par exemple.
En effet, l’intégration chez une assistante maternelle, comme en crèche d’ailleurs se base principalement sur l’observation. Les professionnels de la petite enfance vont à cette occasion observer votre bébé. Ils vont regarder avec attention son comportement ses réactions s’ajuster au mieux à ses besoins. Que votre bébé soit allaité ou non, il est unique, il exprime ses besoins, ses réactions et ses émotions à sa façon. Ce travail de découverte doit être fait pour tous les enfants.
Ainsi, votre nounou qui ne s’est jamais occupée d’enfants allaités a toutes les compétences pour le faire. Elle a l’expérience des enfants et c’est l’essentiel. La suite va se construire à travers la relation de confiance, le dialogue et l’observation. Plus largement que l’allaitement il vous faudra partager avec elle sur vos valeurs autour de l’éducation d’un enfant, sur votre vision du maternage. Avec l’allaitement vous avez probablement mis en place un maternage proximal. Vous êtes donc comme toutes les autres mamans, vous devez vous accorder avec la nounou qui gardera votre bébé pour que vos valeurs et vos convictions autour de l’éducation et du maternage concordent. Enfin, vous pourrez l’aider, la rassurer et la guider en abordant avec elle quelques points importants plus spécifiques à l’allaitement.
Échanger sur ces points, vous permettra de lever certaines angoisses, liées à des préjugés ou des méconnaissances sur l’allaitement. Expliquez lui les bienfaits et les raisons scientifiques de vos demandes et propositions, apportez des exemples d’organisations pratiquées par d’autres mamans.
Le lait maternel est classé dans la catégorie des liquides biologiques. Pour vous il est très précieux. Mais pour votre nounou cela peut être étrange de le manipuler ou elle peut avoir des inquiétudes autour de l’hygiène ou encore avoir peur de manquer.
Votre lait est très précieux pour vous : expliquez à la nounou, les difficultés que vous pouvez avoir pour tirer votre lait, l’énergie et l’organisation que vous mettez en place, ce que ce lait représente pour vous et votre bébé … demandez lui de ne jamais jeter votre lait, demandez-lui de toujours vous rendre ce que votre bébé n’a pas consommé.
Si votre assistante maternelle a des inquiétudes vis-à-vis de l’hygiène, vous pouvez lui fournir les recommandations pour le transport et la conservation du lait maternel. Assurez-lui que vous respectez bien ces recommandations et montrez-lui que c’est finalement assez simple.
Il est assez fréquent de rencontrer des professionnels de la petite enfance qui ont peur de ne pas avoir assez de lait à donner au bébé. Les mamans ont trouvé différentes organisations qui leur permettent de tranquilliser chacun. Certaines laissent un petit stock de lait congelé chez la nounou. D’autres apportent au jour le jour le lait dont leur bébé aura besoin. A vous de voir avec la nounou ce qui est organisable et envisageable pour vous et pour elle.
Ce point est peut-être l’un des plus délicats. En effet si votre assistante maternelle n’a jamais eu de bébé allaité en garde, cela signifie que pour elle, le biberon est l’objet indispensable à tout bébé. Elle ne sait pas qu’il existe d’autres moyens d’alimenter un bébé et n’imagine pas faire autrement. Et vous, comment voyez-vous les choses ? En fait, la question n’est pas simple et de nombreux facteurs se superposent.
Il y a d’abord la question de la succion. Nous savons aujourd’hui que la technique de succion au sein et au biberon est très différente. Certains enfants passent sans aucune difficulté de l’une à l’autre et d’autres non. Cette « confusion sein/tétine » met alors l’allaitement en danger soit parce que le bébé ne tète plus correctement fait des crevasses à sa maman, soit parce qu’il n’arrive plus à obtenir assez de lait, ne stimule plus assez la lactation … Enfin certains enfants après avoir été en contact avec le biberon refusent le sein. Toutes ces difficultés ne sont pas irrémédiables, il existe toujours des solutions pour relancer la lactation, corriger la technique de succion du bébé et l’encourager à retourner au sein mais c’est aussi bien si vous pouvez vous éviter ces difficultés.
Sachez qu’il existe des alternatives au biberon, la nounou peut donner votre lait à votre bébé autrement. Certaines utilisent une petite cuillère, une tasse ou une tasse à bec. Le lait peut aussi être épaissi avec de la farine premier âge et donné à la cuillère. Cette dernière option est très utile quand les mamans ne tirent que de petites quantités de lait. Enfin en fonction de l’âge de votre bébé vous pourrez peut-être envisager des compotes et des purées selon son évolution et le type de diversification que vous menez.
Cette question est importante, en effet dans l’idée de favoriser au mieux votre lactation, de préserver le plus de tétées possible, le mieux est de pouvoir faire téter votre bébé juste avant de le laisser et en le retrouvant après votre journée de travail. Ce pendant et cela se comprend toutes les nounous n’ont pas forcément envie de vous voir vous installer dans leur salon pour donner à téter à votre bébé. C’est pourquoi il est important de définir avec elle dès le départ comment ces moments très importants vont s’organiser.
Pas de panique, cela arrive. C’est souvent transitoire et je dirai même que c’est très sain. En effet c’est une manière pour votre bébé surtout s’il a plus de 3 mois d’exprimer son désaccord. En effet mettez vous un peu à sa place, jusque là il n’a connu que vous, les tétées au sein et à la demande et il lui faut soudain accepter de nombreux changements liés à votre reprise du travail. Il est tout à fait normal qu’il s’exprime. Si cela vous arrive, pas de panique, expliquez-lui que c’est normal, une maman ça travaille, et vous savez qu’il est bien avec sa nounou, que vous avez confiance en elle …
Enfin, quand un enfant fait ses nuits, qu’il dort 8h de suite sans demander à téter, nous applaudissons tous des 2 mains. Certains enfants peuvent faire le choix de jeûner pendant qu’ils sont en garde et de profiter de leur maman et des tétées à volonté la nuit, les weekends et pendant les vacances. Cela ne pose aucun problème ni pour leur santé, ni pour leur développement, pas même dans l’acquisition des rythmes jour/ nuit, tout se met en place progressivement.
Cependant cela peut-être un peu plus difficile pour vous, en effet en plus de la fatigue liée à votre reprise du travail, au stress de la vie professionnelle et de maman vous allez devoir assumer des tétées de nuit et les réveils nocturnes associés. Pour cela ménagez-vous le plus possible, essayez de récupérer le plus de sommeil dès que possible et organisez vous matériellement pour minimiser l’impact de ces réveils la nuit.
Enfin, ce comportement peut déstabiliser votre assistante maternelle, en effet le mot « nounou » vient de nourrir, c’est le cœur historique de leur métier… Alors psychologiquement, s’il elle ne peut pas nourrir le bébé, elle peut éprouver un sentiment d’incompétence. Ce n’est absolument pas le cas, vous pourrez la rassurer sur ce point et valoriser toutes les autres choses qu’elle fait avec votre bébé.
Si vous avez des questions et des doutes, si votre mode de maternage et l’allaitement sont très éloignés de ce que votre nounou connait et pratique et qu’il vous est difficile de lui transmettre votre vision des choses, vous pouvez chercher de l’aide auprès de différentes personnes.
La puéricultrice de PMI du secteur de votre nounou par exemple. Les puéricultrices sont formées à l’allaitement et pourront elles aussi guider et conseiller l’assistante maternelle
Vous pouvez aussi participer à une réunion allaitement et travail avec l’association de soutien à l’allaitement de votre région ou en visio. Ces réunions sont très riches. Elles vous permettront de rencontrer d’autres mamans qui elles aussi reprennent le travail et poursuivent l’allaitement. D’échanger des astuces et de vous soutenir mutuellement.
Enfin vous trouverez sur les réseaux sociaux des groupes de mamans qui se soutiennent autour de l’allaitement, répondent aux questions et échangent. Mais aussi des groupes de nounous qui partagent et s’entre aident autour de l’allaitement et du maternage proximal.
Quoiqu’il en soit, ne restez pas seule avec vos questions et vos doutes. Vous avez fait des choix pour votre bébé. Vous avez un projet d’allaitement et c’est ce qu’il y a de mieux pour votre bébé et pour vous. Entourez-vous de personnes qui ont une expérience positive de l’allaitement, faites vous confiance, faites confiance à votre bébé.
La reprise du travail est un passage délicat. Vous pouvez rencontrer quelques difficultés, baisse de la lactation, fatigue, bouleversement émotionnel. Vous avez besoin de pouvoir compter sur votre nounou, de vous sentir en confiance. Ce n’est pas grave si elle ne s’est jamais occupée d’un bébé allaité. Elle a toutes les compétences pour s’adapter aux besoins de votre bébé. Il reste cependant important de préparer cette étape et de discuter avec elle des différents points spécifiques à l’allaitement. Plus vous aurez anticipé toutes ces questions plus les choses se passeront de façon fluide. Alors bonne reprise du travail, bonne poursuite de l’allaitement et osez partager vos commentaires et vos expériences.