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Salle de naissance, 16h14. Un petit cri surgit. Aussitôt on me pose mon fils sur le ventre, encore tout chaud et humide. Il pleure quelques instants, je le rassure de quelques douces paroles, le caresse, l’embrasse, et déjà il se calme au son de ma voix. Quelques instants plus tard, il tête, son regard plongé dans le mien. Nous sommes seuls dans la salle, son papa étant à l’étranger et injoignable pour le moment. Je le contemple, il me regarde avec ses petits yeux sombres, calme. Pour lui je suis tout ce qui compte, tout son monde. Après 9 mois blotti au creux de mes reins, il est là, si petit, dans mes bras. Nous oublions ce qui vient de se passer. Il est là, enfin ! Je le contemple, l’admire, l’aime déjà si fort ! Il s’accroche à moi, réchauffe son petit corps contre le mien, et j’oublie à cet instant toutes les douleurs endurées. Mon cœur déborde d’amour ! Nous restons ainsi les yeux dans les yeux pendant un moment. Dehors il fait gris et la lumière de la salle est tamisée pour que nous puissions nous reposer. Le silence de la salle est tout juste comblé par ma voix et ses quelques petits cris. Tout s’est passé si vite mais qu’importe, il est là désormais, serré contre moi à se rassurer de mon odeur.
Nous passons les jours suivants presque seuls, profitant l’un de l’autre. Il est si petit et je suis tout son monde. Les sage-femmes et puéricultrices passent nous voir de temps en temps, il ne s’en préoccupe pas : blotti au creux de mon cou, il dort serein.
Quelques mois plus tard, mon bébé est paisible. Nous sommes confinés depuis 6 semaines dans notre maison et encore une fois, cela lui est égal. Tandis que je suis bien occupée à la maison avec ses frères, il attend. Il est encore si petit, si fragile, mais il a compris que je ne pouvais malheureusement pas être toute à lui, alors, comme pour me réconforter, il me suit des yeux, et dès que je le regarde, sourit, babille et me fait du charme. Je suis si émue devant ce petit être pour qui je compte tant. Je l’allaite encore, alors nous profitons de ces instants pour nous nourrir l’un et l’autre des regards de tendresse que nous échangeons. Ses yeux se sont éclaircis, et je puise dans leur bleu tellement d’amour. Le matin, au premiers rayons de lumière, il pleure tout bas, comme pour s’excuser de me réveiller pour me rappeler qu’il a faim. Dans la journée, il se calme dans me bras ou au son de ma voix. Nos moments à deux sont si précieux. Bientôt il grandira et nos tête à tête se feront rares, il prendra conscience du monde qui l’entoure et se détachera peu à peu de moi. Déjà il interagit beaucoup plus avec son papa et ses frères qui ne demandent qu’à le prendre dans leurs bras et l’embrasser. Alors je savoure, d’être encore un peu tout son monde, d’être à ses yeux ce qui compte le plus, celle qui l’a porté, aimé dès le premier jour et lui a donné la vie. Celle qui le rassure naturellement par son odeur, sa voix et son regard. Tout n’est pas toujours simple, mais quelle magnifique aventure d’amour!
Et dans quelques années, lorsqu’il prendra son envol et partira de la maison, je ne veux garder de ces premiers temps, que le souvenir de ces instants volés. Je veux oublier la fatigue et les difficultés, et ne ressentir que cette amour submergeant mon cœur de maman, ces regards si intenses, nos douces caresses échangées, ses larges sourires et ses premiers rires tout doux résonnant comme une cascade sur mon cœur.
Alice de Champs
Crédit photo : @ninieli_